Les langues construites Délimitation, historique et

Les langues construites Délimitation, historique et

typologie suivies d’une illustration du processus de
création d’une langue naturaliste nommée «tüchte»

Author: Alexis Huchelmann

MS Date: 04-16-2018

FL Date: 04-01-2019

FL Number: FL-00005B-00

Citation: Huchelmann, Alexis. 2018. «Les langues
construites Délimitation, historique et
typologie suivies d’une illustration du
processus de création d’une langue
naturaliste nommée «tüchte».» FL-00005B-
00, Fiat Lingua, . Web.
01 April 2019.

Copyright: © 2018 Alexis Huchelmann. This work is

licensed under a Creative Commons Attribution-
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UniversitédeStrasbourgFacultédesLettresAnnéeuniversitaire2017-2018MémoiredeMaster2eannéeLeslanguesconstruitesDélimitation,historiqueettypologiesuiviesd’uneillustrationduprocessusdecréationd’unelanguenaturalistenommée«tüchte»RédigéparAlexisHuchelmannsousladirectiondeMmeHélèneVassiliadouSoutenule16avril2018devantunjurycomposéde:M.leProfesseurThierryRevolM.leProfesseurRudolphSockRemerciements

Ce travail n’aurait pas été possible, ou tout du moins de bien plus piètre qualité, sans

le soutien de plusieurs (groupes de) personnes.

Tout d’abord, je tiens à remercier Mme Vassiliadou, ma directrice de recherche, qui
m’a plusieurs fois sauvé du doute et s’est battue pour que je finisse. Tepə ni kí sproats
zampanel, madam !

Les membres du jury Messieurs les professeurs Revol et Sock, pour avoir accepté de

lire mon travail. Müsyö, nakə ni vakaiyosta ye nat kō !

Ma famille et mes amis, qui n’ont jamais jugé mes recherches et centres d’intérêt

défavorablement, et m’ont même soutenu tout le long. Pavə ni ya grant !

Le CROUS de Strasbourg, une des principales sources de financement de ce travail.

Galt sə vanapsə !

Enfin les membres du forum L’Atelier et l’ensemble de la communauté idéolinguis-
tique, passée, présente et à venir, qui sont la raison principale de l’existence de ce projet.
Märsi a yevə, noya-tsüxtə !

Introduction

Depuis le début du xxie siècle, on constate la présence de plus en plus marquée dans

les médias audiovisuels de langues fictionnelles. La télévision nous montre le dothraki

et le valyrien dans Games of Thrones (USA 2011-présent), le cinéma parle na’vi dans

Avatar (USA 2009, James Cameron), et même un jeu vidéo, Far Cry : Primal (France

2016), voit ses personnages s’exprimer en wenja. Fictionnelles parce qu’à l’intérieur du

cadre dans lequel elles s’inscrivent, elles sont considérées langues au même titre que

l’allemand ou le latin, que des personnages s’expriment dans ces idiomes ou que des

inscriptions dans une écriture originale se présentent au spectateur.

On s’attendrait à ce que, hors de ce cadre, l’illusion cesse, et qu’elles ne se pré-

sentent au curieux que comme une improvisation des acteurs, une création purement

phono-esthétique de la part de l’ingénieur du son, ou une langue peu connue à laquelle

on aurait accolé un nouveau nom. Si c’est le cas, respectivement, pour la langue des

dieux du Cinquième élément (France 1997, Luc Besson), le huttais de Star Wars : un

Nouvel Espoir (USA 1977, George Lucas) et l’ewok (basé sur le kalmouk 1) de Star

Wars : le Retour du Jedi (USA 1983, Richard Marquand), d’autres ont la prétention de

pouvoir être parlées en dehors de l’écran. C’est le cas par exemple de la langue des

dragons dans le jeu vidéo Skyrim (USA 2011), qui possède un vocabulaire propre d’en-

viron 646 mots 2. Toutefois, la grammaire est calquée sur celle d’un anglais simplifié,

1. Langue mongole parlée en Russie.
2. Selon le site non-officiel Thuum.org (https://www.thuum.org/) [consulté le 29/01/2018].

1

2

c’est-à-dire que les noms auront des désinences pour le pluriel et le génitif seulement,

les verbes n’auront pas de flexions en personne et uniquement un temps synthétique, le

passé, aux côtés de formes analytiques pour le reste. La syntaxe est également anglaise :

on observe, entre autres, l’inversion du sujet dans les questions, l’ordre dans les syn-

tagmes est celui de déterminant-déterminé. Sans parler du lexique dont les définitions

correspondent presque toujours exactement à celles de la langue source. Pour exemple :

(1) Quethsegol
pierre
do
yol
de
feu

lot
grand

vahrukiv
commémore
dovah
dragon

Lodunost
Lodunost

kiir
enfant

jun
roi

Jafnhar
Jafnhar

wo
qui

lost
être.pst

ag
brûler

nahlaas
vivant

naal
par

« Cette pierre commémore l’enfant-roi Jafnhar qui fut brûlé vivant par le feu du

grand dragon Lodunost »

Mise à part l’absence de déterminants, la syntaxe est la même que celle de l’anglais : le

passif est exprimé par le verbe « être », nahlaas correspond exactement à l’adverbe alive,

l’ordre syntaxique est SVO déterminant-déterminé, le pronom relatif a la même forme

que l’interrogatif, etc. De plus, l’alphabet draconique utilise des digrammes,

(+) et (+) pour les sons /θ/ et /ʃ/, alors qu’il n’est en rien basé

sur l’alphabet latin.

D’un point de vue linguistique, il s’agit d’un code, d’une manière de déguiser une

langue existante que l’on peut traduire par simple substitution des signes (lettres ou

mots). Cependant, d’autres auteurs ne versent pas dans une telle facilité : par exemple,

J.R.R. Tolkien, philologue spécialiste du vieil-anglais, créa le quenya et le sindarin, deux

langues elfiques du roman Le Seigneur des Anneaux (Royaume-Uni 1954), sur les bases

esthétiques du finnois (Tikka 2007) et du gallois respectivement 3, tout en leur réservant

une grammaire et un vocabulaire propre, comme on peut le voir dans l’exemple quenya

3. S’entend que la phonologie, la phonotactique et les processus morphophonologiques sont assez

proches pour déclencher chez les auditeurs les mêmes réactions émotionnelles qu’à l’écoute des langues

sources.

qui suit. Il s’agit d’une formule de salutation présente dans le premier livre de la trilo-

gie, citée ici avec des annotations et des indications grammaticales issues du site web

3

Ardalambion (Faulskanger 2016) :

(2) Elen
elen
étoile

síla
sil-ˊa
briller-prs

lúmenn’
lúmë-nna
heure-all

omentielvo
omentië-lva-o
rencontre-1pl.incl-gen

« Une étoile brille sur l’heure de notre rencontre »

À titre de comparaison, voici cette phrase traduite en finnois, où l’on voit que l’auteur

ne s’est pas simplement contenté de remplacer les mots de sa langue maternelle, ou de

la langue source, par des créations purement esthétiques 4 :

(3) Tähti
tähti
étoile

loistaa
loista-a
briller-3sg

tapaamisemme
tapaaminen-n-mme
rencontre-gen-1pl

hetkellä
hetki-lla
moment-all

La grammaire de la phrase quenya est alors originale dans le sens où elle ne copie pas

strictement celle du finnois ; elle s’en inspire à certains égards, avec l’usage par exemple

de l’allatif (complément de destination) pour un complément de temps et l’absence de

déterminant indéfini. Mais elle distingue une première personne pluriel inclusive d’une

autre exclusive (en -lma 5) et place les désinences de cas après les suffixes possessifs ; par

ailleurs, en quenya, le possesseur vient après le possédé dans les constructions génitives,

toutes choses que l’on ne retrouve pas en finnois.

Un autre fait remarquable chez Tolkien est l’attention portée à l’aspect diachronique

du langage : toutes ses langues elfiques (parmi lesquelles le quenya et le sindarin ne

sont que les plus abouties) entretiennent des relations de parenté, dérivant d’une proto-

langue selon des processus phonétiques réguliers. La racine NDOR « terre, sol » donne

le quenya nórë « pays » et le sindarin dôr « région ». Il apparaît que des changements sé-

mantiques se sont également produits durant l’espace de temps (fictif) séparant ces états

4. Traduction de Juva, Pennanen & Pekkanen (1973), nos annotations.
5. La désinence en -lma était présente dans la première édition du roman (1954) ; elle fut remplacée

par celle en -lva dans la seconde (1966), d’après une nouvelle idée de Tolkien.

4

de langue. On trouvera bien d’autres particularités de ce genre en analysant les créations

de Tolkien, pour lesquelles il existe un vaste corpus d’écrits (composé en grande partie

de réflexions linguistiques, bien qu’il y ait également des textes originaux et des traduc-

tions 6). Signalons que Tolkien n’est pas un cas isolé, seulement l’un des plus connus.

Ces créations, qui viennent de se faire décrire comme on décrirait des langues, en

sont-elles ? Si oui, se distinguent-elles des langues dites naturelles, continuellement et

inconsciemment modifiées par leurs locuteurs depuis des temps immémoriaux ? Peut-on

les appeler langues fictionnelles ? Comment s’y sont-ils pris, ceux qui ont bâti de tels

systèmes ? Leur méthodologie peut-elle présenter un intérêt pour la linguistique ?

Afin de répondre à ces questions, nous diviserons ce mémoire en deux grandes par-

ties. La première partie servira d’introduction générale au phénomène des langues dites

construites ou artificielles. Un premier chapitre délimitera le cadre du phénomène, tout

d’abord en définissant le terme de « langue », puis en justifiant le regroupement des

langues traditionnellement nommées « naturelles » (1.2). Ensuite, nous parlerons des

problèmes liés à la classification des pidgins (1.3), des langues Ausbau (1.4), et des

reconstructions de langues utilisées en linguistique comparative (1.5) participant à la

fois d’une genèse naturelle et d’une nature construite. Chemin faisant, les sections sui-

vantes chercheront une terminologie à la fois indicative et en lien avec les recherches

passées pour désigner les langues construites (1.6) que les prochaines sections délimi-

teront dans leur objet : celles qui en sont (1.7) et celles qui pourraient être considérées

comme telles mais n’en sont pas (1.8). Dans le deuxième chapitre nous parlerons des

langues construites dans le temps, y compris à l’époque contemporaine, et de l’histoire

de leur étude. Cette première partie conclura avec un chapitre sur des classifications

internes au phénomène ; on verra alors qu’elles ne sont pas aisées à organiser à cause

de la multiplicité des modèles suivis par les chercheurs, quoiqu’une synthèse puisse se

profiler.

6. Le sujet est traité dans http://www.elvish.org/FAQ.html [consulté le 07/06/2016]

5

La deuxième partie de ce mémoire consistera en une expérience de création d’une

langue fictionnelle pour décrire pas à pas une telle entreprise. Un tel travail, avec pour

objet une langue potentiellement reconnaissable comme langue naturelle, n’a jamais été

fait, comme sera expliqué dans le chapitre d’ouverture. Le cinquième chapitre présen-

tera le protocole expérimental : tout d’abord la notation chronologique utilisée, puis les

différentes aides informatiques disponibles (5.2), l’organisation du lexique (5.3) et la

gestion des emprunts intra-diégétiques (5.4). Le sixième chapitre sera une description

du déroulement de l’expérience proprement dite, en commençant par la création du ma-

tériel de base (6.1), puis en décrivant les étapes pseudo-diachroniques qui feront passer

ledit matériel au produit final : changements phonologiques (6.3.3), sémantiques (6.4),

morphologiques et syntaxiques (6.5). Enfin, le septième et dernier chapitre consistera en

les observations faites pendant et après l’expérience, au sujet du rythme de travail, de la

perception externe de la langue, et des questions techniques.

La grammaire et le dictionnaire de la langue créée se trouvent respectivement en

annexes A et C. Toutes les langues construites évoquées sont exemplifiées en annexe

F, et les abréviations dans les gloses morphosyntaxiques des exemples sont définies en

page 7.

Abréviations dans les gloses

morphosyntaxiques

1 1e personne

2 2e personne

3 3e personne

abl ablatif

acc accusatif

actv voix active

adj adjectif

adv adverbe

agr accord

ag agentif

all allatif

an animé

aor aoriste

art article

attr épithète

aux auxiliaire

circ circonstanciel

cm marqueur de classe

cs état construit

c genre commun

dat datif

decl déclaratif

def défini

dem démonstratif

dist distributif

excl exclusif

fut futur

f féminin

gen génitif

gno gnomique

imp impératif

incl inclusif

ind indicatif

inf infinitif

6

Abréviations dans les gloses morphosyntaxiques

7

int intensif

loc locatif

m masculin

neg négation

nmlz nominalisation

nm nom

nom nominatif

n non-, in-

n neutre

pass passif

pauc paucal

pej péjoratif

pfx préfixe

pl pluriel

pn nom propre

poss possessif

prep préposition

prf parfait

proh prohibitif

prox proche

prs présent

pst passé

ptcp participe

q question

refl réflexif

rel relatif

rem lointain

rep information rapportée

sg singulier

subj subjonctif

suff suffixe

supl superlatif

temp temporel

top topique

tr transitif

vb verbalisateur

v verbe

P patient

Première partie

Cadre

8

Chapitre 1

Définitions et nomenclature

Nous commencerons par définir le cadre linguistique de l’étude, partant du plus gé-

néral (le langage) pour arriver au plus particulier, celui des langues naturelles et non-

naturelles.

1.1 La notion de langage et la différenciation en langues

Avant de distinguer entre les langues rentrant dans le cadre de cette étude et les autres,

il s’agit de définir le terme même de langue. Selon la définition succincte donnée en in-

troduction à la Grammaire méthodique du français, les langues sont « des moyens de

communication intersubjectifs » (Riegel, Pellat et Rioul 2009, chap. I). Hagège &

Haudricourt (1978, p. 15), plus précis, écrivent « [qu’]une langue est un système de com-

munication propre à un groupe humain déterminé par sa situation dans l’espace et dans

le temps ». Bien entendu, le médium transmettant les messages linguistiques n’influe

pas sur les contours définitoires que l’on donne au langage. Les langues des signes sont

visuelles et utilisent des gestes produits dans le haut du corps comme unités minimales

(Stokoe 1960). De même, l’écrit, vu comme la parole appliquée à un médium visuel,

rentre dans le cadre de la linguistique : ici aussi, il est possible de former un nombre infini

9

CHAPITRE 1. DÉFINITIONS ET NOMENCLATURE

10

d’énoncés valides à partir d’un nombre fini de constituants. Et même pour des langues

comme le français qui n’ont pas de correspondance exacte symbole écrit/phonème – ce

qui rend l’analyse morphologique différente – une syntaxe et un vocabulaire communs

assurent l’intercompréhension (Blanche-Benveniste 2010, chap. III).

Pour ces raisons, lexicales et syntaxiques, on considère certaines langues, comme

le français, la LSF ou le chinois, comme bien distinctes entre elles. Mais les limites

peuvent être floues en présence d’un continuum de variations, diatopiques, diastratiques

ou autres : la limite à partir de quand un dialecte devient « hautement divergent » par

rapport à un autre, ou une toute autre langue, n’est pas claire. Par exemple, les langues

scandinaves (norvégien, suédois, danois) sont considérées par leurs locuteurs comme

distinctes (chacune possède sa propre littérature et ses propres normes orthographiques,

stylistiques et lexicales), mais elles restent, dans une certaine mesure, intercompréhen-

sibles (Braunmüller 2002). Dans ce cas, le découpage en langue dépend de la com-

munauté de locuteurs, qui s’affirment en tant que groupe par l’usage d’une variation

particulière opposée à celle d’un groupe concurrent.

Enfin, se pose la question de la variation diachronique, elle aussi un continuum, mais

pour lequel on ne peut parler d’intercompréhension étant donné qu’il n’y a qu’un sens

d’interaction, le présent portant son regard sur le passé. Quelquefois, la compatibilité des

règles grammaticales couplée à un faible taux de changement lexical permet de parler

véritablement de deux variations de la même langue, comme pour le vieux-norrois parlé

et écrit aux alentours du xie siècle et l’islandais parlé de nos jours. Dans d’autres cas,

comme le vieil-anglais et l’anglais moderne séparés par le même laps de temps, la com-

préhension est affaiblie par une massive réfection du vocabulaire (emprunts au français

et au latin à partir de 1066) et d’importants changements dans la prononciation (quoique

le conservatisme de l’orthographe les masque dans une certaine mesure), ce qui nous

les ferait considérer comme deux langues distinctes. Mais il y a aussi des entre-deux,

comme le grec de la période de la koinè (-ive/ive N.E.) et le démotique moderne, qui

CHAPITRE 1. DÉFINITIONS ET NOMENCLATURE

11

coexistent encore aujourd’hui en tant que deux registres de langue, le premier (kathave-

roussa) utilisé dans la liturgie chrétienne orthodoxe et les textes les plus formels, et le

second (dimotiki) utilisé dans la vie courante.

En somme, la définition d’une langue suivie dans ce travail mêlera l’intercompré-

hension objective et la conscience linguistique des locuteurs : il s’agit d’une forme par-

ticulière du langage (en tant que capacité à assembler des signes en énoncés) dans un

groupe de locuteurs qui se comprennent les uns les autres et opposent leur parler à celui

d’un autre groupe, même s’il y a intercompréhension. Cette définition n’est pas à amé-

nager pour accommoder les langues mortes telles que le sumérien ou l’akkadien qui ne

connaissent plus de communautés vivantes de locuteurs. N’ayant pas laissé de descen-

dance directe, ces dernières ont laissé pour prouver d’interactions langagières des cor-

pora de textes sur de longues périodes de temps couvrant des domaines variés comme le

droit, les chroniques historiques, les mythes religieux, etc.

Mais notre définition, assez extensive, montre ses limites dans des cas comme ce-

lui du lemnien 7, dont le corpus est maigre (une stèle funéraire et quelques inscriptions

éparses) et l’existence attestée surtout par les mentions d’auteurs grecs. Il est impossible,

en l’état actuel des choses, de former un nombre d’énoncés illimité à partir des indices

de la langue lemnienne, comme on pourrait le faire du sumérien et de l’akkadien. Il

est cependant possible d’analyser les inscriptions découvertes sans qu’elles trahissent le

fait qu’il n’en existe pas d’autres : la présence de différents mots sur un même axe syn-

tagmatique répété d’inscription en inscription permettent quelquefois de leur assigner

une signification à même de permettre une traduction rudimentaire. Ladite traduction

est grandement aidée par la possibilité de trouver pour ces mots des cognats (mots ap-

parentés) dans une autre langue mieux connue, en l’occurrence l’étrusque (De Simone

2010).

Par conséquent, la définition donnée supra s’enrichit d’une nouvelle clause, où est

7. Langue antique de la mer Égée.

CHAPITRE 1. DÉFINITIONS ET NOMENCLATURE

12

considérée comme faisant partie d’une langue toute collection cohérente d’énoncés à

partir desquels on peut postuler l’existence d’un ensemble plus vaste permettant la com-

munication intersubjective. Cette nouvelle définition inclut les langues pauvrement at-

testées comme le lemnien cité plus haut mais aussi le linéaire A, écriture antique de

Crète notant une langue inconnue sans relation avec des langues mieux attestées dans

l’état actuel des connaissances, et dont le déchiffrement est rudimentaire. En revanche,

elle exclut toujours les systèmes de signes comme le code international des signaux

maritimes (l’utilisation alphabétique exclue) ou les langages des animaux comme ce-

lui des abeilles (Benveniste 1974, chap. 5). En effet, les combinaisons de signes sont

restreintes, ce qui contraint ces langages à la communication de messages limités à un

domaine en particulier : respectivement les interactions possibles entre navires et la lo-

calisation d’une source de pollen. Dans d’autres cas, comme les emojis ou émoticônes

présents en nombre croissant dans les communications électroniques, et dont le « voca-

bulaire » comprend des émotions, des actions et des objets, l’absence de règles claires

donnant du sens aux combinaisons – c’est-à-dire de syntaxe – réduit leur pouvoir com-

municatif à peu, s’ils ne sont pas associés à un texte en langue naturelle ; leur rôle serait

en fait analogue aux intonations et gestes extra-linguistiques du langage parlé (McCul-

loch 2015).

1.2 Les langues naturelles

« Naturel », le qualificatif le plus couramment employé lorsqu’il s’agit d’opposer

des langues comme le chinois ou l’igbo à des langues comme l’espéranto ou l’uropi,

est une notion difficile à faire apparaître clairement dans le cas du langage. Il est vrai

que, hors sévère pathologie mentale, tous les humains peuvent apprendre une langue.

D’autres animaux, comme les chimpanzés, en seraient capables dans une certaine me-

sure, limités par leurs capacités de mémorisation et d’abstraction (Snowdon 1990). Cela

CHAPITRE 1. DÉFINITIONS ET NOMENCLATURE

13

fait apparaître cette capacité comme toute naturelle, évoluée au cours du temps par les

hominidés 8. Mais, aisément manipulable et soumise à la versatilité des locuteurs, la

langue se modifie facilement à l’usage. Dans cette perspective, la fameuse hypothèse

de Sapir-Whorf (quoiqu’aucun de ces deux auteurs ne l’ait jamais formulée exactement,

c’est sous ce nom que l’on désigne les travaux sur la relativité linguistique depuis Hoi-

jer (1954)) recherche une corrélation entre la culture, le langage et la cognition. Dans la

même veine, Everett (2009, p. 221-223) liste six possibilités relationnelles entre les trois,

qui ne sont pas toutes exclusives, proposées au fil des années par différents chercheurs :

a) La cognition influence la grammaire : il s’agit de la théorie de la Grammaire Uni-

verselle de Chomsky et de ses disciples, selon laquelle le cerveau humain possède

une compétence innée pour le langage, avec un certain nombre de paramètres dé-

pendant de la langue du locuteur 9.

b) La grammaire influence la cognition : il s’agit de la première version de l’hy-

pothèse de Whorf, qui reliait la perception du temps des Hopis à l’absence de

distinction temporelle dans leur langue (Carroll 1956).

c) La cognition influence la culture : Everett cite les noms de Brent Berlin et Paul

Kay pour leurs travaux sur le découpage des couleurs dans différentes cultures, dé-

coupage qu’ils indiquent contraint par les capacités perceptives de l’être humain.

d) La grammaire influence la culture : selon Greg Urban (1991), le degré d’utili-

sation des structures actives et passives dans une langue donnée influencerait la

perception que les auditeurs d’une histoire ont de son héros (« agent central donc

héroïque » opposé à « agent périphérique donc moins héroïque »).

e) La culture influence la cognition : Everett parle de ses propres observations quant

à l’absence de système de comptage chez les Pirahãs, qui trouve son origine dans

8. Homo sapiens n’est pas le seul a avoir eu une pensée symbolique. Homo neanderthalensis, son

proche cousin, créait des objets d’art, ce qui semble indiquer une capacité langagière.

9. Chomsky et Lasnik 1993.

CHAPITRE 1. DÉFINITIONS ET NOMENCLATURE

14

une contrainte culturelle (la nourriture est immédiatement consommée, donc non

stockée) mais conduit à un effet durable sur la cognition, en ceci que les adultes

de la tribu sont incapables d’apprendre à compter.

f) La culture influence la grammaire : il s’agit de la thèse proposée par Everett dans

son ouvrage, selon laquelle des valeurs culturelles se retrouvent intégrées dans la

grammaire d’une langue. Chez les Pirahãs, il appelle ceci « immediacy of expe-

rience principle » 10, expliqué ainsi : « Declarative Pirahã utterances contain only

assertions related directly to the moment of speech, either experienced by the spea-

ker or witnessed by someone alive during the lifetime of the speaker » 11 (Everett

2009a, p. 132).

On voit que la question de l’innéité ou non du langage n’est pas résolue. Mais il est certain

que, au sens strict du terme, les langues prises individuellement ne sont pas naturelles,

parce qu’il est nécessaire de les apprendre avant de pouvoir les utiliser. Dans un souci de

continuité avec les chercheurs ayant déjà adressé la question dans des études contrastives

(Gobbo 2011 ; Peterson 2015 ; Yaguello 2006), ce terme restera en usage dans ce

mémoire. Toutefois, il ne couvre pas un ensemble homogène, comme nous allons le

voir.

1.3 Les pidgins et les langues mixtes

Ria Cheyne (nov. 2008) pose une distinction entre les langues naturelles et celles que

nous nommons idéolangues à la section 1.6 et définissons en 1.7, selon le critère suivant :

ces dernières n’évolueraient pas d’un état antérieur de la langue, mais seraient plutôt des

constructions délibérées créées à un moment précis pour un but précis. Cela exclut-il les

10. Principe de l’expérience immédiate.
11. « Les phrases déclaratives en pirahã ne contiennent que des assertions liées au moment de la prise

de parole, soit qu’elles ait été vécues par le locuteur, soit qu’une personne ayant personnellement connu

le locuteur en ait porté témoignage ». Notre traduction.

CHAPITRE 1. DÉFINITIONS ET NOMENCLATURE

15

langues apparues spontanément lors d’échanges entre groupes linguistiques hétérogènes,

que l’on peut pour la plupart dater précisément et dont l’évolution participe de plusieurs

langues, non pas d’une seule ? Celles-ci se répartissent en deux groupes selon le degré

de complexité qu’elles présentent.

Le premier, celui des pidgins proprement dits, comprend les systèmes de communi-

cation qui se forment lorsque deux groupes de langue différente se rencontrent sans avoir

de langue commune. Dans ces cas-là, la communication s’opère au moyen de mots tirés

des deux langues, assemblés selon une syntaxe rudimentaire. Le vocabulaire des pidgins

est limité par le strict nécessaire dans les situations de contact, comme le commerce, la

pêche ou le travail dans les plantations. Cependant, lorsque un pidgin est transmis à des

enfants pour lesquels il devient langue maternelle, il se complexifie et peut au bout d’une

génération devenir un créole, fonctionnant comme n’importe quelle autre langue. La

complexification peut prendre la forme de grammaticalisations systématiques de struc-

tures expressives présentes dans les pidgins, et/ou d’emprunts à l’acrolecte (la langue de

base ayant le plus de prestige) (Velupillai 2012, chap. 2).

Le second, celui des langues mixtes, comprend beaucoup moins d’exemples. Il s’agit

de formes de langues qui apparaissent lorsque deux groupes maîtrisent la langue l’un de

l’autre, mais ne se trouvent pas dans une situation où l’un d’entre eux est dominant : les

deux langues se mêlent sans se simplifier. Par exemple, le michif ou méchif, parlé au Ca-

nada par des membres de la nation Métis, emprunte sa morphologie et syntaxe nominales

au français et sa morphologie verbale – très complexe – au cree, langue algonquienne.

Son origine procéderait du mélange de populations francophones et algonquiennes ayant

le même mode de vie (trappeurs), au xixe siècle (Bakker et Papen 1997).

On a dans ces deux cas une image plus ou moins nette des circonstances et de

l’époque de création de ces langues. Mais les pidgins et les langues mixtes se distin-

gueraient des idéolangues en ceci qu’ils apparaissent entièrement du fait d’une nécessité

de communication, sans véritable conscience de l’outil employé pour arriver à cette fin,

CHAPITRE 1. DÉFINITIONS ET NOMENCLATURE

16

tandis que les idéolangues sont consciemment envisagées par leurs créateurs comme le

but à atteindre.

1.4 Les langues Ausbau, les langues-toits et les langues

revitalisées

La précédente définition semble inclure des projets ayant pour origine une langue

qui est ou a été parlée, mais dont le développement a été en partie ou totalement dirigé

par des instances supérieures. Il s’agit d’un phénomène récent, tirant son énergie à la

fois des phénomènes nationalistes du xixe siècle et de ceux consécutifs aux indépen-

dances coloniales au milieu du xxe siècle. Pour le dire simplement, il s’agit de créer

une langue nouvelle d’expression littéraire à partir de formes anciennes ou dialectales

(Fishman 1974). On en distingue trois sortes : les langues Ausbau qui sont des variantes

langagières érigées en de nouvelles normes, les langues-toits qui sont une synthèse de

différents dialectes, et les langues revitalisés, qui sont comme leur nom l’indique des

langues mortes retournées à l’usage.

L’exemple le plus célèbre de ces dernières est celui de l’hébreu moderne, une version

séculaire de l’hébreu biblique, aujourd’hui langue officielle de l’État d’Israël. La langue

n’était plus parlée depuis le iiiesiècle ailleurs que dans le cadre religieux judaïque. Les

Juifs de la diaspora parlaient la ou les langues du pays où ils se trouvaient (russe, alle-

mand, arabe, etc.), plus une version dialectale de langues européennes ou autres comme

le yiddish, le ladino et le karaïm 12, influencée par la langue liturgique. C’est le yiddish

qui fut d’abord proposé comme langue nationale par les tenants du sionisme à la fin du

xixe siècle. Mais la langue liturgique, comprise par tout Juif ayant reçu une éducation

religieuse, fut estimée plus à même de servir les besoins des nouveaux colons en terre

palestinienne (qui ne parlaient pas tous yiddish) par Ben Yehuda, journaliste et philo-

12. Aux bases respectivement allemandes, castillanes et turques.

CHAPITRE 1. DÉFINITIONS ET NOMENCLATURE

17

logue qui encouragea la création de néologismes dans cette langue et son usage dans

la vie quotidienne (Okrent 2009, p. 117-123). Lors de son passage comme première

langue apprise par les enfants, l’hébreu subit quelques modifications en provenance des

langues européennes, comme la création de déterminants possessifs indépendants, et ne

se distingue plus de l’hébreu biblique que par le seul vocabulaire. D’autres tentatives

de revitalisation, comme celle du cornique, langue celte (Royaume-Uni) éteinte au xviie

siècle, rencontrèrent moins de succès, ce qui peut s’expliquer par l’absence de besoin

réel d’un moyen de communication alternatif en Cornouailles, où les habitants parlent

déjà tous l’anglais (Shield 1984).

Les langues-toits sont exemplifiées par le norvégien dit nynorsk (« néo-norvégien »),

synthèse des dialectes de l’Ouest de la Norvège réalisée à la fin du xixe siècle, lorsque

le pays se libère de la tutelle du Danemark. Le danois ayant beaucoup influencé le dé-

veloppement de la langue norvégienne, on rechercha une version plus « pure » de cette

dernière qu’on trouva dans les dialectes les plus éloignés géographiquement des centres

administratifs. On créa à partir de ces dialectes une nouvelle norme. Mais cette dicho-

tomie concerne surtout l’écrit : à l’oral, la différenciation en une multitude de dialectes

est encore de mise, qu’on retranscrit dans une de ces deux orthographes. De nos jours, le

nynorsk est minoritaire par rapport au bokmål (« langue des livres ») (Vignaux 2001).

La création de l’euskara batua (langue basque unifiée), du romanche des Grisons et du

rfondou walon (wallon unifié) procède d’une motivation autre qui est de présenter aux

locuteurs de dialectes d’une langue minoritaire une version standard, qui serve de base à

sa transmission aux générations les plus jeunes, celles qui n’ont pas forcément eu le dia-

lecte comme première langue. Le rassemblement de locuteurs derrière un même standard

est également à l’origine de l’emploi de l’indonésien en Indonésie, lequel commença

comme une version simplifiée de dialectes proches mis en contact par le commerce,

puis qui fut érigé en standard après l’indépendance du pays (Errington 1986).

Enfin, les langues Ausbau, dans leur définition la plus large, sont des variations dans

CHAPITRE 1. DÉFINITIONS ET NOMENCLATURE

18

un diasystème qui sont perçues comme distinctes pour des raisons politiques, sociales,

culturelles ou historiques, malgré la possibilité d’une intercompréhension. Nous avons

déjà cité le cas des langues scandinaves en 1.1 qui se distinguent peu l’une de l’autre sur

le plan linguistique ; il faut y rajouter le roumain et le moldave dans leurs pays respectifs,

le serbo-croato-bosniaque, ou l’urdu et l’hindi, qui ne se distinguent pas plus entre elles

que l’anglais américain de l’anglais britannique ; on revoit l’importance du sentiment

des locuteurs dans la définition d’une langue (Trudgill 2004). Après la « découverte »

de la différence, celle-ci peut être accentuée par la néologie lexicale, l’orthographe (hindi

et ourdou n’utilisent pas le même alphabet) ou la régularisation de la grammaire.

1.5 Les reconstructions scientifiques comparatistes

Enfin, il est une dernière catégorie que l’on considère comme représentant un véri-

table état de langue, bien qu’il n’existe pour elle aucune attestation directe : ce sont les

reconstructions en linguistique diachronique. Par exemple, en procédant par comparai-

son des langues attestées, on a pu reconstruire une image du dernier ancêtre commun

des langues germaniques appelé proto-germanique (Lehmann 2014). Ce dernier n’est

attesté par aucun texte, mais les chercheurs l’étudient, dans sa syntaxe et dans sa morpho-

logie, comme une véritable langue, en tout cas pourvue d’assez de réalité pour justifier

les analyses contrastives. Comme le montre l’exemple du proto-indo-européen, la re-

construction bénéficiant du plus grand nombre de chercheurs, la conception que l’on se

fait de ces langues ancestrales est susceptible de changer drastiquement au fil de la dé-

couverte de nouvelles branches-filles : à l’indo-iranien, slave, latin, grec et germanique

des débuts, on a rajouté le celtique, l’arménien, l’albanais, l’anatolien et le tokharien.

Ces changements sont exemplifiés par la comparaison de trois versions (parmi d’autres)

du même texte, le début d’une fable rédigée par August Schleicher en 1868 qui a été

utilisée par les comparatistes afin de constater les progrès de la recherche. L’exemple

CHAPITRE 1. DÉFINITIONS ET NOMENCLATURE

19

(4) est l’incipit de la fable originale de Schleicher, qui base sa reconstruction en grande

partie sur le sanscrit ; le (5) est de Lehman & Zgusta (1979), qui en plus de changements

dans la notation (w remplaçant v) introduisent de nouvelles voyelles et la notion d’occlu-

sives palatales (notées par un circonflexe) et change certains éléments de vocabulaire ;

le (6) est la version de Malory & Adams (2006) qui présente des changements de syntaxe

(adverbe cadratif gʷr̥ hxēi « sur une colline » en début de texte), de morphologie (absence

de l’augment temporel *e-) et phonologiques avec la reconstruction de consonnes dites

« laryngales » (notées h-indice). La phrase se traduit par « un mouton qui n’avait pas de

laine vit des chevaux ».

(4) Avis, jasmin varnā na ā ast, dadarka akvams

(5) Owis, kʷesyo wl̥ hnā ne ēst, ek̂ wons espek̂ et

(Mallory et D. Q. Adams 2006, p. 45-47)

(6) Gʷr̥ hxēi h2ówis, kʷésyo wl̥ h2néha ne h1ést, h1ék̂ wons spék̂ et

(ibid., p. 69)

Malgré des différences parfois énormes entre chaque reconstruction, les compara-

tistes gardent à chaque fois le sentiment de travailler sur la même langue. De grandes

parts de l’image que l’on se fait de l’indo-européen sont susceptibles de changer d’après

les recherches futures ; mais la base théorique est ici considérée suffisante pour poser la

réalité passée de la langue.

Ce n’est pas le cas pour toutes les reconstructions. Le nostratique, par exemple, re-

construit pour la première fois par Illič-Svityč (1971) regrouperait les familles indo-

européennes, ouraliennes, altaïques, afro-asiatiques, kartvéliennes et dravidiennes en un

seul phylum. Mais la distance temporelle ainsi considérée – plusieurs dizaines de mil-

liers d’années – entache la rigueur des comparaisons, qui manquent souvent de données

stables (toutes les proto-langues des familles considérées n’ont pas été reconstruites), et

même lorsque Greenberg (2003) se restreint à une branche « eurasiatique » incluant les

CHAPITRE 1. DÉFINITIONS ET NOMENCLATURE

20

trois premières familles (et y rajoutant des familles et isolats d’Extrême-Orient comme

l’eskimo-aléoute, le nivkh 13, le japonais et le coréen), cette théorie fait l’objet de plus de

critiques que de suivi. On peut donc estimer qu’en l’état actuel de la recherche, la langue

décrite par les reconstructions proposées n’a jamais été parlée sous quelque forme que

ce soit, et ne rentre pas dans le cadre des langues naturelles.

1.6 Quel terme opposer à « langues naturelles » ?

Ayant mentionné la variété rassemblée sous l’étiquette « langues naturelles », nous

allons enfin nommer celles qui n’en sont pas.

1.6.1 Le point de vue externe : les chercheurs

Les termes utilisés par les chercheurs dans leur description du phénomène des langues

non-naturelles sont très variés. Langues artificielles, langues construites, langues inven-

tées, langues imaginaires, langues idéales, uglossies (sur le modèle d’utopie), etc. : au-

tant de termes que d’auteurs, et les choses ne vont pas en s’arrangeant lorsque certains

voient des nuances de sens entre certaines de ces étiquettes. Cependant, « artificielles »

et « construites » sont les qualificatifs les plus employés dans la littérature moderne.

Les qualificatifs d’idéales et uglossies concernaient surtout les langues philosophiques

(cf. 2.1.2) dont le but avoué était la perfection, et en certains cas le retour à une langue

originelle (rêvée) de l’humanité (Eco 1994) ; mais il est plus difficile de faire corres-

pondre ces appellations aux langues auxiliaires (3.1.1) ou artistiques (3.1.3) qui sont

plus répandues désormais.

Langues imaginaires s’applique très bien aux langues artistiques, qui prennent place

dans un univers imaginaire, mais pas aux langues auxiliaires, qui ont pour ambition de

prendre pied dans le monde réel, ni aux langues philosophiques, qui proposent un sys-

13. Parlé sur l’île de Sakhaline en Russie.

CHAPITRE 1. DÉFINITIONS ET NOMENCLATURE

21

tème de classification des choses censé correspondre à une réalité objective. De plus,

certaines langues artistiques présentent suffisamment de vocabulaire et de grammaire

pour que des personnes intéressées puissent communiquer avec, et les fassent donc exis-

ter, comme avec le klingon

Artificielles, construites, inventées sont des termes plus neutres qui mettent l’accent

sur un seul aspect de la chose, leur origine (cf. 1.7). Conlang, le néologisme forgé par la

communauté anglophone des inventeurs (cf. 1.6.2), est également de plus en plus présent

dans la littérature depuis la relative démocratisation du terme suite au succès des films

et séries télévisées les employant.

1.6.2 Le point de vue interne : les créateurs

Dans les communautés internet 14 rassemblant les praticiens de cet art, des appella-

tions abrégées pour désigner l’objet de leur attention et eux-mêmes, ont été dégagées

soit par un consensus sur un choix initial, soit par l’usage, et se retrouvent parfois dans

le discours public.

Les créateurs de la première liste de diffusion anglophone, la Conlang Mailing List

en 1991 (Peterson 2015, p. 11), ont procédé par composition, récupérant les premières

syllabes des mots constructed et language pour créer le néologisme conlang 15. Avec

l’ajout du suffixe agentif, conlanger servit à désigner le créateur de conlangs, et avec

le suffixe nominalisateur/abstracteur, on désigna par conlanging l’acte de création. Par

la suite, la première partie du composé est devenue un forme combinante productive

dans des néologismes comme conscript (système d’écriture inventé), conworld (monde

inventé, diégèse), conpeople (peuplade inventée), etc. La seconde partie est devenue un

14. Avant l’internet, les créateurs de langues communiquaient peu entre eux, en raison de leur faible

nombre et de leur éloignement géographique.

15. La liste est toujours en activité, on peut s’y inscrire à l’adresse https://listserv.brown.

edu/conlang.html.

CHAPITRE 1. DÉFINITIONS ET NOMENCLATURE

22

suffixe, ou plutôt un lexème lié, dans des néologismes désignant des types de langues in-

ventées : auxlang (langue auxiliaire), engelang (engineered language, langue construite

sur une hypothèse linguistique), romlang (langue à base romane), etc. (Peterson op. cit. :

12). Les mots conlang et conlanger ont été inclus dans le Oxford English Dictionary en

2014 (Peterson 2014a).

Pour les autres communautés linguistiques (cf. 2.2), différentes solutions ont été pro-

posées : ou bien il y a emprunt direct à l’anglais ; c’est le cas des Polonais qui utilisent

conlang (pl. conlangi) et les termes associés (comme conlanger) 16 ; ou bien l’idée de

composition elle-même est retenue, mais les radicaux en jeu sont différents : c’est le cas

des hispanophones et des francophones qui utilisent ideolengua et idéolangue respecti-

vement. Le premier de ces termes est en usage depuis au moins le 16 mai 2000, date de

la création du groupe Yahoo ! « Ideolengua – Lingüística e Idiomas Artif ». Le second

est un calque de l’espagnol, choisi parmi d’autres propositions comme languim (langue

imaginaire), forgelangue, glossopoïèse, etc. par les membres du forum « l’Atelier Philo-

logique » durant un débat en mai 2008 17. Le préfixe ideo-/idéo-, comme l’anglais con- se

prête facilement au jeu de la néologie, et c’est ainsi que l’on a en français les termes idéo-

linguiste (constructeur de langue), idéographie (système d’écriture inventé), idéomonde

(diégèse, monde imaginaire), ainsi que les wikis dédiés Idéopédia et Idéolexique (dic-

tionnaire comparatif en ligne). Cependant, à la différence du terme anglais, les termes

espagnols et français ne se trouvent pour l’instant dans aucun dictionnaire de référence.

Dans l’optique d’une prise de conscience du monde académique sur le phénomène, ce

mémoire utilisera les termes « idéolangue » et « idéolinguiste » comme équivalents de

« langue inventée » et « inventeur de langue » respectivement.

16. Du forum Conlanger. polskie forum językowe. Lingwistyka conlangi conworldy.
17. http://aphil.forumn.org/t37-adaptons-en-francais-conlang-auxlang

[consulté le 09/04/2016]

CHAPITRE 1. DÉFINITIONS ET NOMENCLATURE

23

1.7 Cadre des langues inventées

Pour Marina Yaguello (2006), rentrent dans le cadre des langues inventées les pro-

ductions qui à la fois :

(a) sont revendiquées par l’auteur comme langues

(b) sont des systèmes imaginaires par opposition aux langues naturelles et aux langues

historiquement attestées

(c) proviennent d’une emprise consciente ou inconsciente sur le langage de la part

d’un individu

On voit en (a) que l’intention de l’auteur est à la fois ce qui leur donne naissance et

ce qui les définit comme langues au même titre que le suédois et le norvégien dans

notre définition ici suivie. Les frontières posées en (b) sont problématiques. Par « ima-

ginaire », on comprend « qui n’existe pas dans le monde réel ». Et pourtant, contraire-

ment à un personnage ou à un lieu, la description – fût-elle incomplète – d’une langue

expose une partie de son système qui est dès lors immédiatement réalisable. Que dire

alors des langues auxiliaires pourvues de méthodes d’apprentissage, créées dans le but

de servir de moyens de communication et qui, pour certaines d’entre elles le sont ef-

fectivement (l’espéranto) ? Pour cette raison, d’autres auteurs, comme Peterson (2015),

réservent l’appellation de « fictionnelles » aux langues qui sont associées à des peuples

imaginaires dans des œuvres de fiction, indépendamment du fait qu’elles soient utili-

sables ou non en tant que systèmes linguistiques complets. Le critère (c) pose un autre

problème encore, par sa mention à la fois de phénomènes conscients et inconscients. Une

langue change dans le temps sous l’action inconsciente de plusieurs de ses locuteurs ;

ici, Yaguello semble penser qu’en réduisant leur nombre à un seul, le nouveau système

créé se verra qualifié d’inventé. C’est certainement à des créations comme le martien de

la médium Hélène Smith, exprimé durant des états de transe à la limite de la glossolalie

(Henry 1988) qu’elle fait référence. Mais dans les cas où l’inventeur justifie ses choix

CHAPITRE 1. DÉFINITIONS ET NOMENCLATURE

24

par une réflexion tenant aux aspects grammaticaux ou lexicologiques de sa langue, il

s’agit d’une action consciente ; on pourrait même la rapprocher de la planification lin-

guistique (1.4) lorsque le matériau de base appartient à une langue naturelle.

Plus succinct, Peterson (2015) définit les langues inventées comme des créations

conscientes visant à produire un système linguistique complet (mais n’atteignant pas

forcément ce but). Cheyne (nov. 2008) permet à cette définition d’être plus large et

d’englober les simples descriptions de systèmes linguistiques, quand bien même au-

cun exemple ne serait donné. Ainsi, le mercantile, qui ne sert que de décor au roman

de Jack Vance The Languages of Pao (USA 1956) et dont rien n’indique que l’auteur

ait construit plus que nécessaire pour donner une phrase d’exemple, serait pour Cheyne

une langue inventée de plein droit, tandis que pour Peterson il s’agirait d’une langue à

la fois fictionnelle (c’est-à-dire réelle dans son contexte romanesque) et feinte (qui n’est

pas destinée à être système de communication mais en donne l’impression). Sidorova

et Šuvalova (2006), quant à elles, rangeraient le mercantile sous l’étiquette de « langue

construite artistique », en raison de sa présence dans une œuvre de fiction ; le fait que la

langue soit incomplète n’est pas important, tant qu’elle existe dans le cadre de sa fiction.

Leur classification distingue les langues inventées des langues naturelles selon quatre

critères :

(a) la présence d’un ou plusieurs auteurs déterminé(s)

(b) la secondarité de la fonction communicative

(c) leur restriction à un cadre fermé comme l’internet

(d) le fait que les langues naturelles existent parce qu’elles sont partagées par plusieurs

personnes

(ibid., p. 21)

On voit que ces critères (sauf (a)) ne laissent pas de place aux langues auxiliaires,

dont les langues inventées se distinguent ; pour celles-ci seul est discriminant le premier

critère.

CHAPITRE 1. DÉFINITIONS ET NOMENCLATURE

25

La position de ce mémoire lors des considérations d’ordre historique sera d’appeler

« langue construite » tout exemple d’un système de communication même fragmentaire

qui tire son origine d’une ou plusieurs personnes à un instant donné. Le mercantile de

Vance rentre donc dans ce cadre, étant donné que nous en avons au moins une phrase

d’exemple.

1.8 Ce qui ne rentre pas dans le cadre

1.8.1 Glossolalies

Le cas d’Hélène Smith cité par Henry se situe à la limite de ce qui constitue une

langue construite telle qu’admise plus haut. Si sa première création, le martien, possède

bel et bien un système (quoique calqué sur celui du français) et qu’il est possible de la

traduire, ses créations subséquentes, comme l’ultra-martien et l’uranien, ne sont plus que

des suites de sons que la médium interprète plutôt qu’elle ne traduit. Ce phénomène rap-

pelle ce qui se passe dans les assemblées chrétiennes de dénomination pentecôtiste, où

des membres de l’assistance peuvent entrer en transe et déclamer des suites de sons, que

l’audience interprète par la suite. Ces instances de parole religieuse sont nommées glos-

solalies ; leurs caractéristiques principales sont une phonologie pauvre (surabondance

de consonnes apicales, vocalisme limité aux voyelles cardinales), une prédominance des

syllabes ouvertes et une cadence régulière, présentant des constructions-échos (Sama-

rin 1968). Elles ne se rattachent à aucune langue existante, quoique les participants aux

séances prétendent qu’il s’agit de véritables langues, humaines ou angéliques, suscep-

tibles d’être interprétées. De telles allégations n’ont jamais été confirmées ; cependant,

dans les cas où la parole exprimée possède une ressemblance superficielle mais voulue

avec une langue existante, on parle de xénoglossie. C’est ce phénomène en réalité que

cherchent à reproduire les pentecôtistes : la capacité à parler toutes les langues, comme

le faisaient les Apôtres après avoir été touchés par l’Esprit Saint, dans le récit biblique de

CHAPITRE 1. DÉFINITIONS ET NOMENCLATURE

26

la Pentecôte. Dans le cas d’Hélène Smith, une des langues présentes durant les états de

transe fut appelée sanscrit et présentait une ressemblance superficielle avec cette langue.

Il est supposé que la médium reproduisait inconsciemment des bribes de textes qu’elle

aurait lues dans quelqu’ouvrage (Yaguello 2006, p. 186).

Le point important qui exclut les glossolalies du cadre des langues inventées est, en

plus de leur qualité d’hapax (occurrences non reproductibles à l’identique), l’absence

de véritable système linguistique sous-jacent. Ce sont moins des traductions que des

interprétations, similaires à la description d’œuvres d’art picturales ou sonores, qui ne

peuvent être découpées en unités sémantiques bien définies. Chaque personne enten-

dant un glossolale ou une symphonie de Chostakovitch peut en retirer une signification

différente. La glossolalie peut donc être vue comme l’usage artistique des productions

de l’appareil phonatoire, un peu comme le chant. Certains poètes ne se sont pas privés

de n’utiliser que le son dans leurs productions : le mouvement futuriste russe du zaoum

(littéralement « par-delà l’esprit »), au début du xxe siècle, nous donne en exemple des

poèmes comme celui d’Aleksej Kručenyh, que nous citons ici accompagné d’une trans-

littération « à la française » :

Дыр бул щыл
убешщур
скум
вы со бу
р л эз

(dyrr boull chtchyll)
(oubéchchtchour)
(skoum)
(vy so bou)
(èrr èll èz)

(Nilsson 1981)

Certains de ces « mots », comme щыл /ɕːɨl/, violent les contraintes phonétiques du

russe (le phonème /ɕː/ ne se trouve jamais devant /ɨ/) 18. Il n’y a aucune contrainte à faire

du sens de la part du poète.

La musique aussi se permet parfois de privilégier le son au sens des mots, au point

d’abolir le langage. Le groupe français de rock progressif Magma, par exemple, uti-

lise dans les paroles de ses chansons la « langue » kobaïenne. Il s’agit d’une création

18. (Unbegaun 1951)

CHAPITRE 1. DÉFINITIONS ET NOMENCLATURE

27

de son chanteur, Christian Vander, aux intonations germaniques et slaves. Quoiqu’une

part indissociable de la « mythologie » de Magma s’organise autour du kobaïen, ce der-

nier, comme l’explique son auteur, « n’est pas un langage qui a été conçu de manière

intellectuelle » mais « les sons venaient en parallèle à la composition » durant l’écriture

des partitions (Perchoc 2013). Les mots possèdent un sens, mais celui-ci n’apparaît

pas tout de suite à leur créateur, plusieurs mois peuvent s’écouler avant une traduction,

la syntaxe est quasiment inexistante ; le kobaïen n’est pour l’instant pas un moyen de

communication, seulement une nomenclature.

1.8.2 Langues secrètes et codes

À l’inverse, un message aux abords opaques peut être porteur de sens et traduisible

dans une langue existante, sans qu’il s’agisse toutefois d’un nouvel idiome. Il s’agit des

codes, qui présentent des substitutions et des intermissions régulières plus ou moins com-

plexes de lettres, de mots ou de sons, parfois de morphèmes comme l’a montré l’exemple

(1) en introduction. Comme leur déchiffrement ne dépend que de l’application d’une clef

plus ou moins complexe, et que leur application ne demande pas de connaissances d’une

grammaire autre que celle de la langue à coder, les langues ainsi obtenues sont assez

courantes dès qu’il s’agit de transmettre une information rapidement à une personne du

même groupe, sans que personne d’extérieur à l’échange ne puisse déchiffrer le message

intercepté (Peterson 2015, p. 20). Un exemple assez connu d’une telle langue secrète

est le javanais des cours de récréation françaises, où un segment /gdV/ (avec écho de la

voyelle précédente) est inséré dans le noyau de chaque syllabe :

(7)

çagda vagda biengden ?

Il ne sera là pas difficile de récupérer le message d’origine.

CHAPITRE 1. DÉFINITIONS ET NOMENCLATURE

28

1.9 En résumé

Une langue doit, pour pouvoir être considérée comme telle, être un système de com-

munication, c’est-à-dire pouvoir transmettre des informations. Il peut s’agir d’une com-

munication observable, ou potentielle, dans le cas des langues qui ne sont pas ou plus par-

lées. Les langues naturelles qui n’ont pas, en l’état actuel des connaissances, été créées

par une personne – ou un groupe déterminé de personnes –, se distinguent des langues

dites inventées qui cherchent à s’en distinguer non seulement par le vocabulaire mais

aussi par la grammaire. Ces dernières sont appelées conlangs en anglais et idéolangues

en français par leurs aficionados, que l’on trouve surtout regroupés sur l’internet. Le

phénomène répond à différents besoins selon les époques, pas toujours antithétiques.

Chapitre 2

Perspectives historiques

L’histoire des langues construites remonte au moins à mille ans, cependant la re-

cherche à leur sujet n’a que deux siècles au plus. Nous présenterons leurs chronologies

respectives.

2.1 Les langues construites dans l’Histoire

2.1.1 Les langues mystiques et secrètes (xiie–xviie siècles)

La première documentation disponible au sujet d’une langue inventée concerne la

lingua ignota de Hildegarde de Bingen, abbesse allemande du xiie siècle, qui rédigea

entre autres un lexique lingua-latin (Okrent 2009, p. 10-11 ; Peterson 2015, p. 7 ; Ya-

guello 2006, p. 54). La non-ressemblance des mots avec ceux d’aucune langue exis-

tante, la surreprésentation de la lettre et le contexte religieux pourrait faire penser

à un cas de glossolalie particulièrement fécond ; mais la cohérence des définitions des

mots, leur classification selon des taxonomies en vigueur dans les écrits scientifiques

de l’abbesse, les phénomènes de composition et de dérivation visibles, et l’invention

parallèle d’un alphabet de 23 lettres (les litteræ ignotæ) ne vont pas dans ce sens. La

29

CHAPITRE 2. PERSPECTIVES HISTORIQUES

30

description parvenue jusqu’à nous s’apparente plus à un code qu’à un système linguis-

tique complet, car il n’a été retrouvé qu’un vocabulaire de 1012 mots, majoritairement

des noms, dont cinq furent employés dans une antienne 19 en latin. L’objectif que pour-

suivait Hildegarde de Bingen est peu clair, mais Higley (fév. 2008) émet l’idée, d’après le

vocabulaire traduit –concepts ecclésiastiques, plantes médicinales, vêtements féminins–

qu’elle aurait pu avoir pour objectif d’utiliser cette langue avec ses nonnes.

La situation du bâleybelen (ou bâlaybalan) mentionné pour la première fois dans une

mémoire de Sylvestre de Sacy (1813), est différente. Présentée dans un dictionnaire en

langue turque ottomane (le Kitâbi-i Bâleybelen) dont il existe deux exemplaires, c’est

une langue inventée au xvie siècle par un mystique soufi, Muhyî-i Gülşenî (en turc) ou

Moḥyi Muḥammad Golšani (en persan). Contrairement à la lingua ignota, il semblerait

que des gens aient utilisé la langue pour communiquer, l’ouvrage indiquant que le dé-

veloppement du vocabulaire a été un effort collectif pendant plusieurs années ; de plus,

des textes existent rédigés entièrement en bâlaybalan (quoiqu’ils soient très courts), qui

permettent de constater une grammaire propre, mêlant des structures turques, persanes et

arabes (Häberl 2015). Le cadre religieux est bien présent, parce que la création d’une

nouvelle langue était conçue par le ou les soufis ayant rédigé le dictionnaire comme

la prémisse d’une nouvelle révélation divine, tout comme la Bible avait été révélée en

hébreu et le Coran en arabe.

La relation entre l’invention linguistique et la spiritualité, déjà mentionnée dans le

cas de la glossolalie (1.8.1), s’illustre également dans le cas particulier de l’énochien,

ou langue des anges. Particulier parce qu’encore aujourd’hui de nombreuses personnes

contestent son caractère inventé et l’utilisent comme véritable langage de la magie. Elle

est mentionnée pour la première fois par John Dee, célèbre astrologue de l’Angleterre

élisabéthaine, qui la présente comme la langue parlée par Adam avant la chute, portée à

sa connaissance par des visions envoyées par des anges à son devin personnel, Edward

19. Chant liturgique catholique.

CHAPITRE 2. PERSPECTIVES HISTORIQUES

31

Kelley (Laycock et al. 2001) à partir de 1582. Il n’y a pas de correspondance entre les

premiers textes « reçus » par les deux occultistes, dont la forme erratique s’apparente

réellement à une glossolalie, et les derniers plus cohérents, mais dont la syntaxe est

très visiblement anglaise (sans compter les correspondances exactes de digrammes de

l’alphabet angélique avec ceux de l’alphabet anglais, comme sh (+) pour le

phonème /ʃ/). Pour ces raisons, il est admis dans les milieux sceptiques que l’énochien est

une sorte de déguisement de la langue anglaise voisine d’un code (cf. 1.8.2) ; cependant,

qui de Dee ou de Kelley en fut l’instigateur reste un mystère.

2.1.2 Les langues philosophiques (xviie–xixe siècles)

Alors que les inventeurs des siècles précédents ne se présentaient pas comme tels de-

vant leurs pairs – s’ils diffusaient seulement leurs créations – mais avaient dissimulé leur

implication active derrière des explications d’ordre spirituel, les nouveaux glossopoètes

du xviie siècle exprimaient leurs buts de façon plus claire. En effet, avec le développe-

ment des mathématiques, les savants de la Renaissance se prirent à rêver d’une langue

plus ordonnée et rigoureuse que les vernaculaires, ou même que le latin, qui avait été

jusqu’à cette époque la langue principale du discours scientifique.

Les premières tentatives prirent inspiration de ce que l’on croyait à l’époque être le

principe des écritures chinoise et égyptienne : l’idéogramme, la représentation graphique

d’une idée et non pas d’un mot (qui varie selon la langue). Une telle analyse était erronée,

les caractères concernés représentant bien des mots grâce à une combinaison graphique

d’indices sémantiques et phonétiques (Rosenfelder 2012, chap. 3), mais elle lança la

mode des pasigraphies, systèmes de symboles destinés à remplacer les mots à la manière

de la notation mathématique. C’est qu’en effet cette dernière est universelle, capable

d’être lue d’une multitude de manières différentes tout en faisant passer une idée exacte,

comme on peut le voir en (8) :

(8)

62
3 = 11

CHAPITRE 2. PERSPECTIVES HISTORIQUES

32

a. La tierce part de six élevé au carré est onze (français archaïsant).

b. Six puissance deux divisé par trois égale onze (français moderne).

c. Six times six divided by three is eleven (anglais).

d. Elf gleich sechs zum Quadrat (geteilt) durch drei (allemand).

La manière la plus crue d’approcher ce résultat fut d’utiliser les chiffres comme des

lettres. C’est ainsi que procède Cave Beck en 1657 avec son Universal Character, où les

nombres sont affublés d’une définition, et sont agrémentés de lettres préfixées signalant

le temps (verbes) ou le genre (noms). Mais il n’y a aucune relation entre les sens dénotés

par ces mots qui découle des relations entre les nombres eux-mêmes, qui pourrait alors

tout aussi bien être des lettres. La mathématique du langage doit se chercher au-delà de

la simple représentation graphique.

La pasigraphie de Francis Lodwick, présentée dans A Common Writing en 1647, uti-

lise des symboles simples agglutinés les uns aux autres pour exprimer des concepts plus

complexes, comme son glyphe pour « homme » qui est le symbole pour « comprendre »

plus des diacritiques signifiant « celui qui » et « nom propre ».

L’étape suivante pour les constructeurs de langues philosophiques fut de déterminer

quels étaient les concepts de base méritant d’avoir leurs propre symbole. John Wilkins,

dans son Essay Towards a Real Character and a Philosophical Language de 1668, divise

le monde, les actions et les objets, en quarante catégories, qui sont ensuite subdivisées

encore. Chaque nœud est associé à une ou deux lettres, ce qui fait qu’à lire un mot on en

connaît tout de suite la définition. Par exemple, le mot pour « loup », Zitαs, nous apprend

qu’il s’agit d’un mot de la XVIIIe catégorie (les bêtes ), de la Ve sous-catégorie V

(carnivores ), sous-sous-catégorie I (à la tête de chien <α>), « non-docile » (). La

grammaire de la langue, cependant, ne bénéficie pas d’un tel soin et mêle l’anglais au

latin, tant dans le nom des parties du discours que dans leur organisation.

Les langues philosophiques, après une période d’intérêt relatif – Isaac Newton lui-

même s’y essayera (Okrent 2016), et Jean-François Sudre présentera en 1827 une

CHAPITRE 2. PERSPECTIVES HISTORIQUES

33

langue basée sur les sept notes musicales, le solrésol – disparaissent de la scène publique.

La raison de ce désintérêt tient à leur nature même, qui rend l’apprentissage (et donc une

véritable utilisation) très difficile, voire impossible. En effet, il est nécessaire d’avoir en

tête à tout moment la place du concept à exprimer dans la hiérarchie de l’univers, sous

peine d’obtenir un message inintelligible. En tant que système de communication, les

langues philosophiques punissent trop sévèrement les erreurs.

Toutefois, l’idée d’une langue rationnelle refait surface au xxe siècle, avec deux ap-

proches séparées. La première est encore une fois l’idée de la pasigraphie, exemplifiée

par les Blissymbols de Charles Bliss et l’aUI de John Weilgart. Le principe est le même

que chez Lodwick : quelques symboles basiques à assembler. Cependant, les auteurs de

ces idéolangues prétendaient que la forme même des symboles et de leurs combinaisons

correspondait à la nature des concepts. Par exemple, le symbole pour « espace » chez

Weilgart, un cercle prononcé /a/, se justifiait ainsi :

because “space is all around us,” because you must open your mouth to
make a wide space (and mother’s womb is “our first space”) 20

(Okrent 2009, p. 179)

La seconde, plutôt que de concentrer les efforts sur la construction du vocabulaire,

allait enfin examiner la syntaxe du langage. On parle de langues logiques, car il s’agit de

baser la syntaxe sur la logique des prédicats utilisée en mathématiques et dans le nouveau

champ de recherche qu’était l’informatique dans les années 50 ; le but étant, entre autres,

d’éliminer l’ambiguïté structurelle présente dans les langues naturelles, comme dans la

phrase anglaise suivante qui peut se découper de deux manières différentes :

(9)

little girls’ school

a.

[little girls’] school

b.

little [girls’ school]

20. Car « l’espace est tout autour de nous, » car l’on doit ouvrir la bouche pour créer un large espace

(et le ventre de notre mère est « notre premier espace ». Notre traduction.

CHAPITRE 2. PERSPECTIVES HISTORIQUES

34

(Rosenfelder 2012)

L’idée de James Brown avec le loglan était de tester l’hypothèse Sapir-Whorf (cf.

1.2) : est-ce qu’une langue logique conduirait à une pensée plus rationnelle ? L’expé-

rience qu’il propose dans son article dans Scientific American (J. C. Brown 1960) consiste

à enseigner la langue à un groupe de personnes puis d’évaluer ces personnes avec des

tests logiques. À ces fins, il créa le Loglan Institute, qui devint une organisation à adhé-

sion payante en 1979. Malgré les efforts de Brown, l’expérience ne put jamais se faire, et

la communauté scientifique se désintéressa du projet. De plus, sa réticence à retoucher sa

langue d’après les remarques de ses utilisateurs conduisit la majeure partie des membres

de l’institut à le quitter et à fonder leur propre organisation, le Logical Language Group,

autour d’une nouvelle langue, le lojban.

Celui-ci, basé sur les mêmes principes de logique prédicative que le loglan, fut le

déclencheur de la première procédure légale autour d’une langue construite : Brown

considérant le loglan comme sa propriété, il vit son concurrent comme du plagiat et atta-

qua le LLG en justice. La décision rendue en 1992 lui donna tort (le terme de « loglan »

avait été en usage général trente ans avant qu’il ne décide de le défendre), mais n’en-

tra pas dans les détails de ce qui pouvait réellement être protégé légalement pour une

idéolangue, mis à part les textes.

2.1.3 Les langues auxiliaires (xixe–xxe siècles)

L’Europe du milieu du xixe siècle est celle de la révolution industrielle qui réduit les

temps de déplacement et stimule le commerce international ; mais aussi celle du réveil

des nationalismes, qui crée des tensions à l’intérieur des grands empires européens et

dans les relations internationales. Ces deux forces opposées conduisent les futurs créa-

teurs de langues auxiliaires à imaginer sérieusement pour la première fois des langues

dont le but est le rassemblement de l’humanité. Des tentatives plus localisées avaient

déjà eu lieu pour des langues de même famille, comme les langues slaves avec les essais

CHAPITRE 2. PERSPECTIVES HISTORIQUES

35

d’unification linguistique portées par la ruski jezik du prêtre croate Duličenko au xviiie

siècle et autres créations panslavistes (Steenbergen 2017), stimulées par le fait que ces

langues sont restées plus proches les unes des autres que ne le sont les langues romanes

ou germaniques entre elles ; ou la lingua universalis du prêtre jésuite Phillipe Labbé

(1663), qui se présente sous la forme d’un latin simplifié et rationalisé. Mais l’écho que

rencontrent ces constructions est faible.

La première des langues auxiliaires à remporter l’adhésion de milliers de gens est

le volapük du prêtre J.M. Schleyer en 1879. Le nom se décompose en vol (monde), -a

(génitif), pük (parler), c’est-à-dire « langue du monde ». Ces mots, comme la plupart

des lexèmes, sont tirés de l’anglais (world, speak) mais déformés selon une volonté de

simplification, comme la structure des racines en monosyllabe C(C)VC ou dissyllabes

C(C)VC(C)VC strict. Schleyer avait conscience de la difficulté de certaines peuplades,

comme les Chinois, à prononcer des sons comme /r/, et ne les inclut pas ; il n’eut cepen-

dant pas la même réflexion sur les voyelles et en inclut 8 distinctes dans sa langue. Le

vocabulaire est donc a posteriori, mais les mots-outils et la grammaire sont a priori et

très schématiques.

Le mouvement volapükiste atteint son apogée en 1889, où l’on compte 283 sociétés

ou clubs, plus de 1 600 diplômés en langue, et environ un million de sympathisants ré-

partis en Europe et en Amérique (Couturat et Leau 1903). Mais certains volapükistes,

menés par Auguste Kerckhoffs, se mirent à réclamer des simplifications et des réformes

langagières, ce que Schleyer refusa en qualité de seul auteur. Ces dissensions condui-

sirent à l’éclatement de la communauté, dont certains groupements allèrent par la suite

proposer leurs propres variantes du volapük (idiom neutral, dil, spokil, etc.) et l’attention

des foules se reporta sur de nouvelles langues.

Le projet qui récupéra le plus de déçus du volapük, et le surpassa encore, fut l’es-

péranto, présenté en 1887 par L.L. Zamenhof, un médecin de Białystok (Pologne, à

l’époque russe). Avec un vocabulaire international, empruntant surtout aux langues ro-

CHAPITRE 2. PERSPECTIVES HISTORIQUES

36

manes et germaniques, plus reconnaissable que celui du volapük (dont le nom se tra-

duirait en mondlingvo) et une grammaire schématique mais moins complexe (deux cas,

pour quatre en volapük ; verbes conjugués uniquement en temps en face d’un complexe

temps-mode-voix-personne en volapük), l’espéranto séduit et se répand rapidement dans

le monde entier : 688 personnes en provenance d’une vingtaine de pays assistent au pre-

mier congrès international à Boulogne-sur-Mer en 1905. Et contrairement à ce qui se

passa pour le volapük, lorsque les premières critiques linguistiques s’élevèrent, Zamen-

hof, qui avait abandonné tous ses droits à la communauté des locuteurs, ne s’y opposa

pas et proposa même une réforme incluant les critiques. Cependant, la communauté dé-

clina la proposition, et certains réformateurs mécontents décidèrent de créer leur propre

projet en 1907, l’ido (qui signifie en espéranto « descendant »).

Le début du siècle connut un foisonnement sans précédent de nouvelles langues,

qu’on observait partout avec grand intérêt. La Délégation pour l’adoption d’une langue

auxiliaire internationale est fondée en 1901 à l’initiative du mathématicien français Léo-

pold Leau, et est étroitement liée à l’Association internationale des académies. Sa mis-

sion était de passer en revue les projets existants, d’en choisir un, et de se constituer

en organe de propagande pour répandre l’usage de la langue élue (Couturat et Leau

1903). L’ido fut l’objet du choix final en 1907, toutefois la suite du programme ne put

pas s’appliquer en raison de la situation internationale.

La première guerre mondiale porta un coup d’arrêt aux discussions concernant les

langues auxiliaires. Il y en eut encore après-guerre pour proposer des projets à leur avis

« meilleurs », comme le linguiste Otto Jespersen avec le novial en 1928, mais les orga-

nisations internationales s’étaient désintéressées de la question et la fin de la Seconde

Guerre Mondiale, quand l’anglais émergea comme la langue de vainqueurs plus im-

pliqués que jamais dans les échanges internationaux et premiers fournisseurs de média

dans le monde. La seule langue auxiliaire qui, créée par la suite, connut quelqu’emploi,

fut l’interlingua (à base romane) en 1951, parce que ses ambitions étaient moindres.

CHAPITRE 2. PERSPECTIVES HISTORIQUES

37

Conçue par la International Auxiliary Language Association, elle était destinée à servir

de langue d’échange scientifique. Quelques articles y furent écrits jusque dans les années

60 (Okrent 2009, p. 210).

Cependant, les créateurs de langue ne s’arrêtèrent jamais de créer. De nos jours, il

existe encore plusieurs communautés de tailles diverses autour de telles projets et il tente

de s’en former de nouvelles chaque mois. Mais à part l’espéranto, ces projets n’ont pas

autant d’adhérents que peuvent en avoir des idéolangues dont ce n’était pourtant pas

l’objectif, les langues de fiction.

2.1.4 Les langues des médias de masse (xxe–xxie siècles)

Les idéolangues présentes jusqu’ici dans la fiction était les fruits de leur époque :

quand la mode était aux langues philosophiques, les habitants de utopies réglées par la

Raison utilisaient un langage rationnel, avec correspondance parfaite du signifiant à la

nature du signifié, comme l’utopien de l’Utopie de Thomas More (1516) ou la langue

australe du La Terre Australe connue de Gabriel de Foigny (1676) (Menzies 2012) ;

quand la mode était aux langues auxiliaires, les peuplades des contrées utopiques par-

laient une langue facile à la grammaire très régulière, adoptée par toute leur planète,

comme dans Accross the Zodiac de Percy Greg en 1880 ou la série des John Carter de

Mars d’Edgar Rice Burroughs ; lorsque l’hypothèse Sapir-Whorf (cf. 1.2) était en vogue,

les romanciers décrivaient des langues dont la structure déterminait la pensée de leurs

locuteurs, surtout à des fins sinistres comme avec la novlangue de George Orwell dans

1984 dont le vocabulaire volontairement appauvri et la morphosyntaxe simplifiée à l’ex-

trême devaient empêcher l’expression d’opinions contraires à l’idéologie de la société.

L’imagination des auteurs va se porter vers d’autres directions, qui n’auront plus

grand chose à voir avec les grandes tendance philosophiques, scientifiques ou sociales

de leur époque. J.R.R Tolkien, qui travaille dès 1915 à la création de sa famille de langues

elfiques et à la mythologie qui les entoure, présente au monde en 1954 – avec la paru-

CHAPITRE 2. PERSPECTIVES HISTORIQUES

38

tion du Seigneurs des Anneaux – des langues qui existent pour elles-mêmes et servent

de décor à l’histoire, sans prétentions autres que d’insuffler une certaine esthétique. Le

professeur M.A.R Barker, lui emboîte le pas en publiant le jeu de rôle Empire of the

Petal Throne en 1975 qui emploie la langue tsolyáni inspirée du pachtoune, de l’ourdou,

du maya et du nahuatl (Peterson 2015). Comme chez Tolkien, elle s’inscrit dans une fa-

mille plus vaste développée comme si elle avait été naturelle. On trouve aussi une langue

développée dans le roman de science-fiction La Vallée de l’éternel retour par Ursula Le

Guin, le kesh (1985). Une seule phrase, prouvant le caractère construit de cette langue,

est présentée dans le livre ; mais son vocabulaire original, dont une appendice fournit la

clé, imprègne le texte et nomme les concepts étranges présentés dans l’histoire.

Tolkien et Barker étaient linguistes, et c’était aussi le cas de Victoria Fromkin, créa-

trice du pakuni, la langue des hommes-singes, en 1974. Mais là où eux ont travaillé sur

des univers de leur invention, elle est la première personne a avoir été embauchée pour

travailler sur une franchise après coup, en l’occurence la série télévisée jeune public

Land of the Lost (USA 1974-1976) (Alexander 2014). Avant Game of Thrones (cf. In-

troduction), une telle demande de la part d’un studio de production était rare. On ne peut

cependant pas ne pas mentionner le klingon, utilisé pour la première fois dans Star Trek

III (USA 1984, Leonard Nimoy) où il était parlé par les antagonistes du film. Créé par le

linguiste Mark Okrand à partir des improvisations gutturales des acteurs dans le premier

film de la série, son apparence et sa grammaire (OVS, accords verbaux pluripersonnels,

etc.) devaient être le plus « exotique » possible aux oreilles du public parlant des langues

occidentales. Il s’agit de la première langue inventée artistique dont la grammaire et le

vocabulaire ont été publiés en parallèle d’un film : The Klingon Dictionary (1985) donne

à qui le veut la possibilité de composer ses propres textes dans la langue des guerriers de

l’espace. Avec 300 000 exemplaires vendus, plusieurs conférences annuelles à travers le

monde (la plus fréquentée étant la qepHom’a’ à Saarbrücken en Allemagne), et un ins-

CHAPITRE 2. PERSPECTIVES HISTORIQUES

39

titut (le Klingon Language Institute 21) proposant des certifications officielles de langue

et publiant des traductions allant de Hamlet au Dao De Jing, le klingon est la langue

artistique la plus connue.

Quelques autres idéolangues connurent un succès proche : le na’vi du peuple extra-

terrestre du même nom dans le film Avatar (USA 2009) bénéficie, non pas d’un institut

dédié, mais d’une communauté de fans active et de l’implication de son créateur, le

linguiste Paul Frommer, qui écrit régulièrement au sujet du na’vi et compose des billets

entiers dans cette langue sur son blog personnel 22.

Les langues de Tolkien (des Elfes, Orques et Nains) furent retravaillées pour les be-

soins de la franchise filmique Le Seigneur des Anneaux de Peter Jackson par le linguiste

et expert ès Tolkien David Salo ; l’écrivain n’ayant jamais produit de grammaire ou de

dictionnaire définitif de ses langues, il fallut inventer de nouveaux mots et régulariser

la grammaire pour traduire les dialogues. Pour faire la distinction entre les langues ori-

ginelles de Tolkien et les dérivés par Salo, on appose le préfixe « néo- » à ces derniers,

comme dans « néo-khuzdul ».

La série télévisée Game of Thrones (USA 2011–2017) utilise les langues dothraki

et valyrienne pour les dialogues de certaines scènes. Un manuel d’apprentissage, Living

Language Dothraki (Peterson 2014b), est disponible pour la première de ces langues,

et un cours en ligne sur la plate-forme Duolingo 23 pour cette dernière.

Le fait que ces idéolangues aient attiré à elles des intéressés à travers de franchises

populaires ne doit pas faire perdre de vue que la plupart des idéolangues se sont dévelop-

pées sans le soutien ou la commande d’un studio ou producteur ; mais avant l’invention

d’internet, un idéolinguiste pouvait très bien passer toute sa vie à penser être le seul à

pratiquer ce loisir. Cela changea très vite.

21. https://www.kli.org/ [consulté le 20/07/2017]
22. http://naviteri.org/ [consulté le 20/07/2017]
23. https://en.duolingo.com/course/hv/en/Learn-High-Valyrian-Online

[consulté le 20/07/2017]

CHAPITRE 2. PERSPECTIVES HISTORIQUES

40

2.2 Les communautés d’idéolinguistes de nos jours

Avant la fin du xxe siècle, les seules langues construites portées à la connaissance du

grand public étaient les langues à vocation auxiliaire, et le plus souvent que le seul es-

péranto. Leurs partisans pouvaient compter sur une véritable volonté des communautés

d’alors de se développer, par la tenue de conférences, la publication de livres et la pro-

duction de films (citons pour mémoire Angoroj 24 et Incubus 25). Les langues artistiques,

présentes dans des films, des romans ou des jeux de rôle, avaient une diffusion confi-

dentielle : celles de Tolkien seules eurent la chance d’avoir été intégrées dans un univers

assez célèbre pour déclencher des réflexions d’aficionados à leur sujet ; dès 1971 avec la

publication de Parma Eldalamberon, des lecteurs du Seigneur des Anneaux eurent un es-

pace pour discuter des langues des Elfes telles que présentées dans les livres 26. Mais, de

même qu’après la parution du Klingon Dictionary, les participants à ces communautés

ne parlaient pas de leurs propres langues construites.

À notre connaissance, l’histoire de l’idéolinguistique comme hobby discuté en groupe

commence le 29 juillet 1991 avec la création de la liste de diffusion Conlang Listserv. Ses

membres s’étaient rencontrés sur Usenet, un réseau informatique antérieur à internet, et

décidèrent d’échanger des courriels sur le thème de leur passion commune. La présence

conjointe d’idéolinguistes intéressés par le côté artistique de la création (artlangers) et

de ceux intéressés par l’adoption d’une langue auxiliaire internationale (auxlangers),

aux buts diamétralement opposés, conduisit à la création en 1996 d’une nouvelle liste

de diffusion réunissant ces derniers, la Auxlang Listserv (Peterson 2015, p. 11-12) ; car

la publicité pour une langue auxiliaire internationale est une action éminemment poli-

tique, sujette à des discussions parfois enflammées dans lesquelles on retrouve de moins

24. (France 1964, Jacques-Louis Mahé) Le premier long-métrage en espéranto.
25. (USA 1965, Leslie Stevens) Le plus connu des longs-métrages espéranto, avec William Shatner

dans le rôle principal).

26. Ainsi que l’on peut l’apprendre sur le site internet de la Mythopoieic Society, qui vend les premiers

numéros à l’adresse http://www.mythsoc.org/store/#parma [consulté le 25/05/2016].

CHAPITRE 2. PERSPECTIVES HISTORIQUES

41

en moins d’arguments simplement linguistiques. En témoignent les nombreuses pages

internet consacrées soit à déprécier l’espéranto (la langue construite ayant eu le plus de

succès) comme celle de Justin Rye 27, soit à présenter une nouvelle langue auxiliaire à

grand renfort d’agressivité et d’exagérations, comme sur le site officiel du slovio (projet

de langue commune slave) de Mark Hučko. Il s’agit d’une langue « aussi simple que

l’espéranto mais comprise par 400 millions de personnes à travers le monde » qui « gagne

du terrain chaque jour », malgré la présence de « clones plagiant clairement le slovio et

violant le copyright de son créateur » 28, dont ce dernier se défend en achetant tous les

noms de domaines Internet contenant le nom de ses concurrents : slovianto, interslavic,

etc. (une analyse plus détaillée de ce projet et de l’idéologie qui le sous-tend a été faite

dans Steenbergen 2016).

Loin de ces querelles idéologiques, certains conlangers du début des années 2000 se

regroupèrent autour d’un forum, le Zompist Bulletin Board 29, hébergé par l’un des leurs,

Mark Rosenfelder, créateur de la diégèse Almea et de langues comme le verdurien. Il

fut l’un des premiers à mettre en ligne un guide de construction de langue, le Language

Construction Kit, exposant sa façon de créer, qui devint plus tard un livre (Rosenfelder

2010).

Un autre forum anglophone très fréquenté est le Conlang Bulletin Board 30, qui pro-

pose aussi des espaces de discussion en allemand et en « scandinave » 31.

Certains membres de la Conlang Mailing List (cf. 1.6.2), organisé dans une associa-

tion étudiante à l’université de Berkeley en Californie, organisèrent en 2006 la première

Language Creation Conference aux États-Unis pour réunir les conlangers du pays et

consacrer deux journées à l’étude de leur hobby commun ; par la suite, en 2007, cette

27. http://jbr.me.uk/ranto/ [consulté le 27/05/2016]
28. Ainsi qu’il est annoncé sur la page d’accueil dudit site http://www.slovio.com/ [consulté le

27/05/2016].

29. incatena.org
30. http://www.aveneca.com/cbb/
31. cf. 1.1.

CHAPITRE 2. PERSPECTIVES HISTORIQUES

42

conférence se renouvela cette fois sous l’égide de la nouvellement créée Language Crea-

tion Society, une association non-lucrative ayant pour but de « promouvoir et avancer

l’art, la technique et la science de la création de langues à travers des conférences, des

livres, des journaux, des activités de vulgarisation, ou autres » 32. La LCS publie le jour-

nal en ligne Fiat Lingua 33 et organise des conférences environ tous les deux ans, ainsi

qu’un service d’appel d’offres pour les producteurs, développeurs ou écrivains désireux

d’embaucher un créateur de langue sur un projet, le LCS Job Board 34.

Ces communautés semblent regrouper surtout des Étasuniens, des Brittaniques, des

Scandinaves et des germanophones (y compris des habitants des Pays-Bas). Au moins

deux autres grands regroupements existent autour d’autres langues de travail : le forum

polonais Polskie Forum Językowe 35 (depuis 2012, plus de 600 membres) et le forum

francophone L’Atelier 36 (depuis 2008, près de 300 membres), chacun gérant un ou plu-

sieurs wikis (encyclopédies en ligne collaboratives). Le groupe Yahoo ! hispanophone 37

n’a plus connu d’activité depuis un dernier message le 29 mars 2015, et l’espace de

discussion des idéolinguistes russes n’est qu’une section d’un forum espérantiste 38.

À côté des forums dédiés, il existe aussi des communautés sur des réseaux sociaux

en ligne comme Facebook, Tumblr ou Twitter, surtout avec le mot-clé #conlang.

2.3 Histoire de la recherche

Avant le xxe siècle, les hommes de science n’écrivaient pas au sujet des langues

construites s’ils n’étaient eux-mêmes en train de tenter la création d’une langue uni-

32. http://conlang.org/about-the-lcs/ [consulté le 15/07/2017]
33. https://fiatlingua.org
34. https://jobs.conlang.org
35. https://jezykotw.webd.pl
36. https://aphil.forumn.org
37. https://espanol.groups.yahoo.com/neo/groups/ideolengua
38. http://www.e-novosti.info/forumo/ne-esperanto/

CHAPITRE 2. PERSPECTIVES HISTORIQUES

43

verselle. Couturat et Leau (1903) proposent pour la première fois une Histoire de la

langue universelle présentant les divers projets de langues destinées à la communication

internationales, depuis les langues philosophiques (2.1.2) jusqu’aux langues auxiliaires

proprement dites (2.1.3). Ils les séparent en a priori (formées de racines inexistantes

dans les langues naturelles, par exemple le projet de Wilkins), a posteriori (dérivées de

langues naturelles, par exemple l’espéranto), et mixtes (empruntant aux deux méthodes

de construction, par exemple le volapük). Ils prennent également garde à les distinguer

des pasigraphies, les systèmes de symboles destinés à être compris par toute personne

indépendamment de sa langue maternelle. Chaque langue se voit dédier quelques pages,

comprenant les intentions de son auteur, une brève description, et une critique linguis-

tique, plus ou moins favorable. Couturat et Leau étaient membres de la Délégation pour

l’adoption d’une langue auxiliaire internationale (2.1.3), mais leur ouvrage date d’avant

le choix définitif de cet organisme et le ton adopté, s’il est très critique par endroits, est

assez neutre.

Une autre approche apparaît dans les années 1920 avec la question d’un usage autre

que purement communicationnel ; Helen Eaton (nov. 1927 ; 1934) questionne la valeur

propédeutique d’une langue construite telle que l’espéranto dans l’apprentissage des

langues étrangères et de la grammaire. Cependant, il est permis de regarder ses conclu-

sions encourageantes avec suspicion étant donnée son implication dans la International

Auxiliary Language Association, l’organisation à l’origine de la création de l’interlingua,

LAI à base latine (Esterhill 2000). Les autres recherches au sujet de la propédeutique

des langues construites se basent surtout sur l’espéranto ; citons entre autres Corsetti et

Torre (jan. 1995) sur la réalisation d’une expérience susceptible de comparer les valeurs

propédeutiques de différentes langues.

Bausani ouvre une parenthèse dans un siècle qui n’a d’yeux que pour les langues à

vocation internationale : son ouvrage Geheim- und Universalsprachen (jan. 1970) s’in-

téresse, en plus de celles-ci, aux langues personnelles. La chronologie qu’il propose tient

CHAPITRE 2. PERSPECTIVES HISTORIQUES

44

ainsi compte de la lingua ignota et du bâleybelen. Mieux encore, il présente et analyse

une langue construite de son cru, le markuska, dans le chapitre dédié aux langues enfan-

tines.

L’ouvrage d’Andrew Large, The Artificial Language Movement (1986), est en quelque

sorte une mise à jour de celui de Couturat et Leau, explorant le même cadre historique des

langues auxiliaires. L’attitude de l’auteur vis-à-vis des chances de succès d’une langue

artificielle est toutefois plus tempérée, voire incrédule. Les huit décennies écoulées entre

les deux ouvrages depuis 1903 ont également permis à Large d’étudier les communautés

espérantistes s’étant développées entre temps, et par là la langue en action.

Eco (1994) et Yaguello (2006) concentrent leurs démonstrations sur les langues phi-

losophiques et les diverses tentatives à travers les siècles de retrouver la langue originelle

de l’humanité – on y parle étymologies pseudoscientifiques, pasigraphies, et monogé-

nétisme. La pratique des langues auxiliaires dans leur contemporanéité ne les intéresse

pas ; Yaguello parle quelque peu des langues artistiques comme celles d’Hélène Smith,

les mettant en parallèle à la glossolalie, et cite, sans les explorer, les langues fictionnelles

comme le klingon et le quenya. Le láadan d’Elgin et la lingua ignota ne servent qu’à illus-

trer son chapitre sur la rareté des femmes dans la création de langues. Eco quant à lui

déclare dans son introduction (1994, p. 15) que son ouvrage ne traitera qu’indirectement,

voire pas du tout « les langues romanesques et poétiques » car selon lui

[…] ces cas, pour la plupart, ne présentent que des fragments de langage et
présupposent une langue dont, cependant, ni le lexique ni la syntaxe ne sont
donnés en entier.

Le nouveau terrain d’étude qu’est Internet est pour la première fois pris en compte

par Fettes (jan. 1997) qui mentionne le côté ludique que peut présenter la construction

de langues. Son court article présente une liste des sites sur lesquels se retrouvent les

conlangers anglophones, en plus de fournir un état des lieux de la communauté espéran-

tiste sur le réseau.

CHAPITRE 2. PERSPECTIVES HISTORIQUES

45

Et c’est en Russie qu’est effectuée une revue complète et exclusive des langues

construites artistiques, avec la parution de la monographie de Sidorova et Šuvalova

Internet-lingvistika. Vymyšlennye jazyki (Linguistique sur Internet. Les langues fiction-

nelles) (2006). Leur focus est sur les langues présentes sur Internet hors LAI et langues

romanesques/cinématographiques, c’est-à-dire la création linguistique en tant qu’art se

suffisant à lui-même. À notre connaissance, ce sont aussi les seules linguistes qui ont

exploré, en plus des ressources anglophones sur les langues construites comme lang-

maker.com 39, le côté russophone d’Internet dédié au sujet 40. Après la parution de cet

ouvrage, les deux auteures ont continué leurs recherches en explorant divers aspects des

langues construites, comme la transmission d’idéologies politiques (ici le féminisme)

à travers elles (Sidorova et Šuvalova 2011) ou la place des universaux linguistiques

dans les langues inventées (Šuvalova 2010).

Le plus connu des livres traitant des langues inventées reste cependant sans doute

celui d’Arika Okrent In the Land of Invented Languages (2009), le premier à s’adresser

au grand public. Okrent retrace l’histoire de ces langues depuis Hildegarde de Bingen

mais, contrairement à Yaguello et Eco, elle ne s’arrête pas pour pondérer sur la quête de la

langue originelle, ni ne parle de la glossolalie. Chaque partie du livre présente un aspect

des motivations de la construction langagière : la classification des choses de l’univers,

la communication internationale, les pasigraphies, l’intégration de la logique formelle

au langage, et l’art pur et simple. Pour chaque partie, un idéolinguiste est sélectionné

et son travail sert de fil conducteur ; dans l’ordre Wilkins, Zamenhof, Bliss, Brown et

Okrand.

Enfin, depuis quelques années, le nombre et la nature des ouvrages consacrés aux

langues construites augmentent, certainement grâce à une visibilité accrue depuis leur

utilisation dans des productions audiovisuelles à grand spectacle comme Avatar, Le Sei-

39. Site aujourd’hui disparu.
40. Elles mentionnent par exemple le larimin, une langue assez complète de la diégèse d’Olga Laedel

qu’aucun historiographe n’avait et n’aura relevée.

CHAPITRE 2. PERSPECTIVES HISTORIQUES

46

gneur des Anneaux et Game of Thrones. Citons entre autres les essais collectés dans

From Elvish to Klingon : Exploring Invented Languages (M. Adams 2011), les manuels

de création de langue de Mark Rosenfelder (The Language Construction Kit 2010 ; Ad-

vanced Language Construction 2012) (cf. 2.2) et David Peterson (The Art of Language

Invention 2015) (créateur de langues pour la télévision et le cinéma). Enfin, de plus

en plus d’universités et d’écoles étasuniennes proposent des cours utilisant les conlangs

comme matériau d’introduction à la linguistique générale, comme le font Sanders (2016)

et Anderson (juin 2017).

On n’a pas pris en compte dans l’histoire de la recherche les articles et ouvrages

consacrés à une seule langue construite, comme l’ouvrage de Henry (1988) Le langage

martien consacré aux productions d’Hélène Smith, ou les études qui ont été faites sur

l’espéranto d’un point de vue sociologique, dont un résumé se trouve dans Fiedler (jan.

2015). Toutefois, l’édition des notes de Hildegarde de Bingen par Higley (fév. 2008),

elle-même créatrice de langue, prend le temps de replacer les travaux de l’abbesse dans

le contexte plus large de la création de langue, et présente une sélection d’idéolangues

de Thomas More à la Conlang Mailing List (2.2).

Chapitre 3

Classifications des langues inventées

À partir du moment où l’on constate que les buts et méthodes de chaque idéolin-

guiste peuvent se démarquer de celles de leurs prédécesseurs, si l’on veut garder trace

des filiations et inspirations et pouvoir décrire de nouvelles créations à venir, une clas-

sification rigoureuse s’impose. Cependant, les personnes s’étant intéressé à la question,

dans un cadre académique ou non, l’ont traitée selon des angles différents. Cette section

propose une synthèse des classifications trouvées dans Sidorova & Šuvalova (2006),

Stria (2013), Peterson (2015), et dans l’article Idéopédia « Typologie des idéolangues »

(Anoev et al. 2016). On ne mentionnera pas les classifications typologiques plus clas-

siques comme les degrés de représentation morphologique, de fusion, d’allomorphie et

de synthèse (Velupillai 2012) qui concernent aussi les langues naturelles.

3.1 Les classifications par buts recherchés

Comme nous l’avons montré dans la section 2.1, les créateurs de langues construites

ne les destinent pas toutes au même usage. Les classer par but est la première approche

possible, se basant sur les indications du créateur lui-même, quoique rien ne puisse em-

pêcher par la suite d’employer une idéolangue dans une nouvelle optique.

47

CHAPITRE 3. CLASSIFICATIONS DES LANGUES INVENTÉES

48

3.1.1 Langues auxiliaires

Il s’agit des idéolangues qui viennent en premier à l’esprit des gens lorsqu’ils en-

tendent « langue construite ». La grande publicité qui leur a été faite au début du siècle

dernier en est la cause (cf 2.1.3). Contrairement aux autres idéolangues, leur but pre-

mier est la communication, tout est donc fait pour faciliter l’apprentissage de la langue

par le plus grand nombre de personnes : simplicité et régularité des règles grammati-

cales, phonologie accessible à la majeure partie des locuteurs potentiels et vocabulaire,

sinon reconnaissable (langues a posteriori), alors construit selon des règles simples et

prédictibles.

Toutes les langues auxiliaires ne cherchent pas à servir pour le monde entier. Cer-

taines, comme l’afrihili et l’uropi, se cantonnent à un seul continent envisagé comme une

entité politique (Afrique et Europe respectivement). D’autres comme les interlangues

slaves (par exemple le slovianski) tirent avantage de l’intercompréhension déjà présente

dans une famille de langue.

3.1.2 Langues expérimentales

On appelle langue expérimentale une idéolangue dont le but est de tester une hy-

pothèse linguistique ou cognitive. L’expérience est considérée comme un succès si la

langue peut être utilisée sans perte de pouvoir expressif par rapport à une langue natu-

relle tout en remplissant les critères de départ.

Par exemple, le kēlen de Sylvia Sotomayor part du principe d’une langue sans verbes,

et le produit final a pu être utilisé pour un certains nombre de traductions et de textes

originaux en n’utilisant que quatre « relationnels », opérateurs de transitivité totalement

désémanticisés : LA « existence », NI « changement de X », SE « don de X (à Y par

Z) » et PA « X contenant Y » 41. Leur désémantisation n’empêche pas certains, comme

41. http://www.terjemar.net/kelen.php [consulté le 16/07/2017]

CHAPITRE 3. CLASSIFICATIONS DES LANGUES INVENTÉES

49

Šuvalova 42, de considérer que « relationnel » n’est qu’un autre nom pour « verbes ».

L’ithkuil de John Quijada a été créé dans le but de faire correspondre de la façon

la moins ambigüe et redondante possible les cheminements de la pensée à la parole

exprimée, avec pour résultat une langue qui encode un nombre énorme d’information

par mot, qui va de 32 aspects verbaux à 9 degrés de comparaison des adjectifs (ou autres

parties du discours) 43.

Le láadan a été conçu par la linguiste et auteur de SF Suzette H. Elgin comme une

langue intrinsèquement féministe, permettant l’expression facilitée d’impressions et de

concepts liés à la féminité telle qu’elle l’envisageait (Okrent 2009, chap. 22). Elle avait

posé, comme critère de réussite de son expérience, l’appropriation de la langue par une

communauté féministe au bout de dix ans, ce qui ne fut pas le cas.

Le loglan et le lojban, déjà mentionnés en 2.1.2, cherchaient à être des langues basées

sur la logique des prédicats ; le lojban a tout de même emprunté au láadan le concept

d’attitudinal, ces particules phrastiques exprimant l’attitude et les émotions du locuteur

vis-à-vis de son message, ce qui n’a rien à voir avec la pure logique (ibid., p. 249).

3.1.3 Langues artistiques

Lorsqu’une idéolangue fait partie d’une œuvre de fiction, et qu’elle se retrouve prin-

cipalement dans son univers, on parle de langue artistique. Ne rentre donc pas en compte

les cas d’idéolangues extérieures à l’univers de l’œuvre que l’écrivain ou le scénariste

aura inclus dans son travail, comme l’espéranto, langue auxiliaire, des annonces pu-

bliques dans le film Bienvenue à Gattaca (USA 1997, Andrew Niccol), ou l’ithkuil,

langue expérimentale, du roman de science-fiction Beyond Antimony de John & Paul

Quijada (2012).

Les langues artistiques sont toujours fictionnelles, ce qui signifie qu’elles se pré-

42. Source : communication personnelle.
43. http://www.ithkuil.net/ [consulté le 17/07/2017]

CHAPITRE 3. CLASSIFICATIONS DES LANGUES INVENTÉES

50

sentent comme tout à fait réelles dans le cadre de l’univers où elles prennent place.

L’effort consenti par le ou les auteurs à la création d’une langue n’est cependant pas

toujours à la mesure de ces prétentions : alors que le réalisateur d’Avatar (USA 2009)

prit la peine d’embaucher un linguiste professionnel, Paul Frommer, pour inventer la

langue des extra-terrestres Na’vi et traduire leurs dialogues, et que Elgin, linguiste, créa

le láadan elle-même pour sa série de romans Native Tongue (1984), la plupart des auteurs

décident de s’inspirer d’une seule langue dont il vont recopier le vocabulaire mot pour

mot, changer quelque peu l’orthographe si besoin en ajoutant des apostrophes au milieu

des mots, et calquer la grammaire sur celle de leur langue maternelle, comme l’ancien

langage de la série de fantasy Eragon (USA 2003-2011) de Christopher Paolini, sur la

base du vieux-norrois.

3.1.4 Langues personnelles

Cette catégorie concerne les idéolangues employées pour le plaisir du créateur seul.

Elles ne sont pas forcément associées à une diégèse ou à un peuple imaginaire. La limite

avec les langues artistiques est floue lorsque la langue personnelle est plus tard employée

comme élément d’une œuvre de fiction ; on prendra en compte l’antériorité de la langue

à l’œuvre, comme dans le cas des langues elfiques de Tolkien, ébauchées bien avant

les romans qui les accueilleront (dès 1915) et furent même la cause de l’invention de la

mythologie de la Terre du Milieu (Tolkien, Fimi et Higgins 2016, p. xvii).

Inversement, le dothraki et le haut-valyrien de Games of Thrones sont des ajouts qui

servent à enrichir l’œuvre, mais n’en sont pas la base. L’auteur du Trône de fer (USA

1996), Georges R.R. Martin, n’avait fait qu’inventer quelques mots dans ces langues en

soignant plutôt l’aspect esthétique obtenu : hrakkar, khalakka dothrae mr’anha, rakh haj

sont dothraki, dracarys, valar dohaeris sont valyriens, et il y a encore les noms propres ;

lors de la transposition en série télévisée, il fallut engager un idéolinguiste pour en faire

des langues utilisables (Peterson 2015, p. 261). Ce sont sans conteste des langues pu-

CHAPITRE 3. CLASSIFICATIONS DES LANGUES INVENTÉES

51

rement artistiques.

Les langues personnelles, au contraire des autres types, sont peu évoquées avant

l’arrivée d’internet, puisqu’elles n’ont pas à se confronter à un public pour exister, et

que leur existence, apparemment sans objet, est difficile à défendre pour leur créateur

devant la curiosité générale, par peur de passer pour un illuminé ; Tolkien donna comme

exemple l’unique occasion où il croisa la route d’un autre idéolinguiste, lors de son

service militaire, un homme qui avait murmuré après un temps de réflexion « Oui, je

pense que je devrais exprimer le cas accusatif par un préfixe ». Mais devant l’intérêt de

Tolkien, l’homme, réticent, n’en voulu pas dire plus (Tolkien, Fimi et Higgins 2016,

p. 7). L’ouvrage de Yaguello, une linguiste, paru sous le titre Les Fous du langage, des

langues imaginaires et de leurs inventeurs pour la première fois en 1984, puis pour

la réédition comme Les langues imaginaires : mythes, utopies, fantasmes, chimères et

fictions linguistiques (2006), montre plutôt bien quel genre d’attitude condescendante

et/ou navrée était réservée aux inventeurs de langues (personnelles ou autres) à cette

époque.

3.2 Les classifications par méthode de création du voca-

bulaire

La deuxième méthode de classification des idéolangues se fonde sur le matériel uti-

lisé par les créateurs comme base de travail.

3.2.1 Langues a priori

On distingue, dans les idéolangues dont le vocabulaire ne dérive pas des langues na-

turelles, dans un premier temps les langues philosophiques, qui sont a priori strictes en

ceci que le vocabulaire est construit rationnellement à partir d’un nombre limité d’élé-

CHAPITRE 3. CLASSIFICATIONS DES LANGUES INVENTÉES

52

ments qui s’assemblent toujours selon la même logique.

Dans un second temps, le terme a priori a été aussi employé pour les langues dont

les procédés de création de racines et de dérivation/composition sont plus arbitraires,

imitant ce qui se fait dans les langues naturelles : Le kotava, langue auxiliaire, est l’une

d’entre elles, la majorité des langues artistiques également, comme on peut le voir en

annexe F.

3.2.2 Langues a posteriori

Une langue a posteriori emprunte ses éléments de base à des langues naturelles. Cette

stratégie est très courante pour les langues auxiliaires, dans le but de faciliter la recon-

naissance des mots pour l’apprenant ; les racines peuvent provenir d’une seule aire lin-

guistique, comme la famille des langues slaves pour le slovianski, l’Europe pour l’uropi,

l’Afrique pour l’afrihili, ou bien emprunter à un plus large panel de langues comme le lo-

jban, qui construit ses lexèmes en tirant de façon équilibrée des éléments des six langues

mondiales que sont le chinois, l’anglais, le hindi, l’espagnol, le russe et l’arabe. Pour ce

dernier exemple, on a le mot bangu « langue », qui est une moyenne de yǔyán – language

– bhāṣā – lengua – язык (jazyk) – نﺎﺴِﻟ (lisān) 44.

Cela peut aussi se retrouver dans les langues artistiques ou personnelles, ou même ex-

périmentales, par exemple dans le cas des uchronies, où une Histoire alternative conduit

à une histoire linguistique différente : l’univers collaboratif d’Ill Bethisad 45 montre ainsi

des idéolinguistes imaginer ce que serait devenu une langue romane parlée en Pologne

(Wenedyk) ou au Pays de Galles (Brithenig).

44. https://mw.lojban.org/papri/Lojban_etymology [consulté le 17/07/2017]
45. http://bethisad.com/

CHAPITRE 3. CLASSIFICATIONS DES LANGUES INVENTÉES

53

3.2.3 Langues mixtes

On parle de langues mixtes quand les deux stratégies précédentes se mêlent. Par

exemple, dans le cas de l’aneuvien, langue personnelle, on peut trouver des mots venant

de langues naturelles (hœnd « chien », de l’allemand, moràl « moral », du français) et

des mots totalement a priori (strægen « train »), ainsi que des mots provenant d’autres

langues construites (zàw « atome », de l’elko, langue expérimentale) et des stratégies

originales de dérivation comme l’iconisme visuel (lililil « dossier »), l’anacyclique (vid

« diable », de div « dieu ») 46.

On peut aussi appeler « mixtes » les langues dont les racines sont a posteriori, mais

les morphèmes grammaticaux a priori, comme le volapük.

3.3 Classification par organisation de la grammaire

Enfin, la dernière dimension classificatoire concerne la manière dont sont assemblés

et présentés les éléments de base de la langue.

3.3.1 Langues schématiques

Si une idéolangue a comme but d’avoir le plus de régularité possible, sans excep-

tions, Stria (2013) la dit schématique. Une telle rigueur est, à de rares exceptions près,

recherchée par toutes les langues auxiliaires afin de les rendre plus faciles à apprendre.

Ainsi, la grammaire de l’espéranto, langue a posteriori, est dite pouvoir se résumer en 16

règles (rassemblées dans un document appelé le fundamento), sans exceptions ; cepen-

dant, cette concision exige d’être déjà familier avec la grammaire des langues d’Europe

de l’Ouest. Le kotava, langue a priori, ne peut pas être décrite sur ce modèle des langues

46. http://www.europalingua.eu/ideopedia/index.php5?title=IDEO_ANV_

Vocabulaire [consulté le 17/07/2017]

CHAPITRE 3. CLASSIFICATIONS DES LANGUES INVENTÉES

54

occidentales et sa grammaire demande plus de règles afin de parer à toutes les situations,

mais le résultat cherche tout autant la régularité.

Les langues expérimentales tendent aussi à la systématisation pour ne pas distraire

de leurs objectifs expérimentaux : C’est le cas du lojban/loglan et de l’ithkuîl, mais pas

du kēlen et du láadan qui possèdent un objectif artistique en parallèle.

3.3.2 Langues naturalistes

Si la schématisation peut donc être perçue comme un obstacle à l’esthétisme, la der-

nière catégorie de langues construites la rejette en faveur du naturalisme, c’est à dire

l’imitation du développement des langues naturelles. Ainsi le manuel de Peterson (2015),

destiné aux créateurs de langues artistiques, se concentre quasi-exclusivement sur celles-

ci. On cherche à arriver à une langue qui pourrait être parlée par des humains en lui appli-

quant des processus diachroniques comme les changements phonétiques, les glissements

sémantiques, les emprunts, etc. Le résultat est toujours jugé (par le créateur et ses pairs)

à l’aune des langues naturelles existantes. Si un point de la grammaire semble violer

un universal linguistique (absolu ou relatif), il doit être explicable comme conséquence

logique de la structure de la langue elle-même. C’est également cette méthode qui per-

met de créer des familles entières de langues liées entre elles par des liens génétiques ou

aréaux, comme les langues elfiques de Tolkien.

3.4 Bilan

Les idéolangues (terme employé par leurs adhérents francophones) répondent à des

besoins très divers, non seulement la communication, mais aussi la recherche d’un aspect

esthétique, ou l’analyse de leur fonctionnement pour lui-même : il peut s’agir d’un hobby

comme d’une entreprise sérieuse visant à changer le monde ou les sciences. En surface,

cela conduit à des résultats très différents, que l’on ne peut pas forcément comparer selon

CHAPITRE 3. CLASSIFICATIONS DES LANGUES INVENTÉES

55

les mêmes critères ; et leur construction ne se déroule pas de la même façon. Toutes les

langues construites, cependant, cherchent ou prétendent à pouvoir être utilisables par

des locuteurs. Certaines d’entre elles sont conçues pour donner l’illusion de la langue

naturelle, non-construite, dès leur description, sans nécessiter de passer par une situation

de communication réelle (cette dernière étant ce qui permet, quand elle est menée à bien,

de parler de langue sans distinction d’origine) ; elles sont dites naturalistes et sont les

plus à mêmes de servir de pont entre la linguistique concrète et le côté « loisir » de

l’invention, si l’on s’intéresse à la manière dont les découvertes de la linguistique sont

appliquées à la création de langues.

Deuxième partie

Expérience pratique

56

Chapitre 4

Présentation et objectifs

L’expérience se déroule en deux temps. La première partie se propose de décrire pas

à pas la création d’une langue de type naturaliste (cf. 3.3.2), non-dérivée d’une langue

existante, parlée dans un contexte fictionnel. Le produit fini, présenté en annexes, est une

grammaire descriptive (annexe A) ainsi qu’un dictionnaire devant atteindre 1500 mots,

tous dotés d’une étymologie motivée intra-diégétiquement (annexe C). Afin de rendre

le résultat plus tangible encore, l’annexe B contient un ensemble de textes courts, tra-

ductions et œuvres originales commentées (d’un point de vue linguistique et stylistique).

La seconde partie de l’expérience vise à vérifier si la langue (ci-après désignée par le

glottonyme tüchte, orthographe germanisante pour une prononciation [ˈtyxtə], signifiant

« parole, langue »), ainsi présentée, ne peut être distinguée d’une langue existante.

4.1 Motivation des prémisses

Plusieurs paramètres ont été réglés dès le départ. Par exemple, le choix d’une langue

naturaliste est justifié par l’absence de travaux académiques de cette ampleur à leur su-

jet, au contraire de ce qui a pu se faire pour des langues destinées à tester une hypo-

thèse cognitive, que ce soit une langue logique comme le loglan de James Brown (J. C.

57

CHAPITRE 4. PRÉSENTATION ET OBJECTIFS

58

Brown 1960 ; Okrent 2009, chap. 19) ou une langue simplifiée à vocation auxiliaire

(J. R. Brown 2015). Dans le premier cas, il s’agissait de vérifier l’influence d’une langue

construite selon le principe de la logique des prédicats sur les capacités cognitives des lo-

cuteurs (recherche non-aboutie) ; dans le second, de savoir si la simplicité et la régularité

d’une langue dite a posteriori 47 (cependant non pas basée sur les langues européennes

comme l’espéranto, mais polynésiennes) était corrélée significativement avec la facilité

d’apprentissage, le résultat étant que seuls les facteurs externes (nombre de langues déjà

parlées, degré de complétude des langues créées 48) avaient une influence significative

sur le résultat de l’apprentissage.

Dans ce travail, le tüchte ne sert pas à prouver une hypothèse à partir d’une gram-

maire ad hoc, son intérêt premier réside dans la description de son processus de construc-

tion, dont l’application n’a jamais été présentée dans ses moindres détails par les idéo-

linguistes s’en réclamant 49 ; de façon secondaire, il s’agit d’une langue artistique sans

prétentions politiques ou scientifiques (autres que dans le cadre de ce mémoire). En-

suite, le choix de ne pas débuter les processus pseudo-diachroniques avec une langue

naturelle existante (a posteriori, comme le ferait quelqu’un désireux de créer un français

futuriste par exemple) s’explique par la possibilité de décrire non pas une seule méthode

de construction, qui est la pseudo-diachronique, mais une autre sensiblement différente

et plus répandue, qui est l’invention a priori. Enfin, c’est par anticipation du travail de

documentation nécessaire pour la construction du lexique que la peuplade fictionnelle

parlant le tüchte a été localisée dans les environs de l’Alsace : l’histoire linguistique de

la région est bien documentée, et il est plus facile pour le chercheur basé sur place de ré-

cupérer des informations de première main sur l’environnement physique ainsi que sur

les métiers traditionnels, deux domaines lexicaux pour lesquels une relexification (cf.

1.8.2) du français ou d’une autre langue moderne est moins que jamais souhaitable afin

47. cf. 3.2.
48. La plupart des participants à l’étude étaient des idéolinguistes.
49. Citons Peterson (juil. 2014) et Rosenfelder (2015).

CHAPITRE 4. PRÉSENTATION ET OBJECTIFS

59

de préserver l’illusion de la réalité, indispensable au but naturaliste visé. Mais d’autres

prémisses ne sont pas aussi contraintes : ainsi, l’aspect esthétique de la langue, l’évolu-

tion de sa grammaire à travers des siècles simulés, tout cela est à la discrétion de l’auteur

qui pourra explorer librement les structures linguistiques qui lui paraîtront les plus inté-

ressantes, car la construction de langue peut (et devrait) également être un plaisir.

4.2 Première tentative

Une première itération de la langue avait été ébauchée avant d’être abandonnée pour

la version actuelle. Se basant sur les mêmes postulats intra-diégétiques (situation et mode

de vie des locuteurs) que la présente incarnation, elle en différait par tout ce qui est

interne à la langue (phonologie, grammaire et vocabulaire), par la méthode de stockage

du vocabulaire (cf. 5.2.2), et par le fait que la phonologie d’arrivée (plus quelques règles

grammaticales et des termes du vocabulaire) t=n avaient été définies par avance.

Plus de mille mots furent créés, ainsi qu’assez de règles de grammaire pour composer

des phrases simples, et un schème de règles de changement phonétiques de t=0 à t=n ;

cependant, le stade initiale de la construction ne fut jamais dépassé.

En raison d’un manque de motivation pour continuer à développer la langue telle

qu’elle était devenue, il a été décidé de tout recommencer sur de nouvelles bases. Dans

la communauté des créateurs de langue, il s’agit d’un des trois résultats possibles ob-

servés : certains idéolinguistes n’iront jamais rien changer qu’ils ont un jour ajouté à la

grammaire (deyryck), d’autres bricolent sans fin, revenant sur des points plus ou moins

majeurs de leur langue (aneuvien), enfin, le cas de figure présent est celui de l’abandon

suivi d’un nouveau projet.

Chapitre 5

Protocole expérimental

5.1 Déroulement chronologique

Pour décrire les processus pseudo-diachroniques, il eût été impensable d’utiliser une

échelle de temps renvoyant à un nombre d’années fictif ; une écriture aussi immersive

n’a sa place que dans la grammaire finale, rédigée selon le point de vue d’un gram-

mairien intra-dégétique. Aussi, pour ordonner les différents stades du développement

pseudo-diachronique, c’est une échelle abstraite qui a été sélectionnée. Elle est gra-

duée comme suit : <0> est le stade initial, et le stade final, c’est-à-dire le stade

contemporain. Entre ces deux extrémités, les numéros d’échelons sont à comprendre

comme représentant un espace de trente ans, c’est-à-dire plus ou moins une génération,

le temps de mettre en place un changement phonétique. C’est en effet cet aspect de la

diachronie qui a été choisi comme étalon, afin de placer exactement les emprunts lexi-

caux sur l’axe du temps dans le lexique ; la forme de ces derniers dans les évolutions

postérieures de la langue en dépendent directement, d’où l’importance de la précision.

60

CHAPITRE 5. PROTOCOLE EXPÉRIMENTAL

61

5.2 Outils informatiques

La création de la langue, si elle ne peut être automatisée complètement, bénéficie de

l’aide de l’informatique pour certains processus fastidieux.

5.2.1 Phonétique et phonologie

Le passage de la phonologie du tüchte du stade t=0 au stade t=n doit obéir à la régula-

rité des changements phonétiques telle que présente dans les langues naturelles. À cette

condition apparaîtront comme naturellement des cas d’allomorphie, de réanalyse par

perte de la régularité des dérivations, des paradigmes seront refaits de par la confusion

de désinences. Les règles de transformation phonologique sont exprimées en linguistique
historique par la formule ! / .

Des programmes existent qui permettent d’automatiser le passage des règles sur un

texte, tous créés par des idéolinguistes dérivant de nouvelles langues à partir d’anciennes.

Une liste non exhaustive de ces programmes est en ligne sur FrathWiki 50, un des wikis

de la sphère des créateurs anglophones. Parmi eux, notre choix s’est porté sur le SCA2,

une application java en ligne 51, présentée dans Rosenfelder (Rosenfelder 2012, p. 260-

267). Son fonctionnement repose sur la définition préalable de catégories sous la forme

X=abcd…, où X est un symbole de catégorie – par exemple, les consonnes fricatives

– et abcd une suite de graphèmes symbolisant des phonèmes, suivie par l’écriture de

règles sous la forme :

//

Ce format est obligatoire et peut être augmenté d’une quatrième position signalant les ex-

ceptions à la règle, sous la forme /. Le programme obéit à quelques

50. http://www.frathwiki.com/Main_Page [consulté le 04/03/2018]
51. http://www.zompist.com/sca2.html [consulté le 28/06/2017]

CHAPITRE 5. PROTOCOLE EXPÉRIMENTAL

62

autres symboles comme les points de suspension … signifiant « nombre indéterminé de

symboles », ² signifiant « symbole précédent géminé », \\ commandant la métathèse

des graphèmes de départ. Les règles sont ensuite appliquées à un texte composé de mots

séparés par des espaces ou des retours à la ligne, facultativement suivis de ‣ qui introduit

une glose (à laquelle les changements ne s’appliqueronnt pas) et qui restera intacte dans

le texte résultant. Il est aussi possible, avec d’autres paramètres, de souligner les mots

ayant été affectés différemment lors de deux itérations successives du programme, ou de

décortiquer pas à pas quelles sont les règles s’étant appliquées à chaque mot. L’annexe

E donne le fichier brut de ces changements pour l’histoire du tüchte.

5.2.2 Lexicologie

La présentation du dictionnaire final n’est pas à définir dès l’abord ; pour des raisons

méthodologiques et afin de faciliter la lecture aux personnes découvrant la présente re-

cherche, le système de stockage des mots inventés ou dérivés au fur et à mesure doit

permettre la plus grande exhaustivité possible et être assez souple pour intégrer de nou-

veaux champs.

Un logiciel envisagé, mais non sélectionné, pour ce travail est LexiquePro, développé

par le SIL 52. Se présentant comme un éditeur de base de données avec des balises pré-

programmées pour la lexicologie (formes, pluriels, traductions, exemples, homonymes,

champs lexicaux, etc.) ses points forts sont la facilité avec laquelle une multitude de dic-

tionnaires inverses sont créés, la possibilité d’importer des fichiers image, son et vidéo,

et d’exporter un dictionnaire mis en forme comme fichier Word ou HTML. Son point

faible est la restriction du nombre de balises prises en compte pour le tri, qui empêche

par exemple de classer les mots par période d’entrée dans la langue, ainsi que le fait qu’il

n’ait pas été conçu pour accommoder les variations diachroniques.

Ensuite, le lexique de la première version de l’expérience (cf. 4.2) fut stocké dans

52. https://www.sil.org/

CHAPITRE 5. PROTOCOLE EXPÉRIMENTAL

63

un tableur Excel, avec les avantages qu’il était possible d’ajouter autant de champs que

nécessaires en colonne, et de trier le lexique de n’importe quelle manière. Cependant, il

devint évident qu’à mesure que les variantes diachroniques s’accumuleraient, le nombre

de colonnes rendrait le fichier illisible.

Enfin, le choix s’est porté sur une simple arborescence XML. Ce format est facile-

ment convertible en une multitude d’autres grâce aux feuilles de style XSL. En conver-

tissant vers le HTML, même pendant la rédaction, on a une interface plus lisible (tri

des entrées, mise en forme du texte). Comme avec LexiquePro, il est possible d’intégrer

images et son que l’on retrouvera dans le fichier d’arrivée. Les autres avantages sont les

mêmes que ceux d’un tableur. La figure 5.1 montre un exemple de mot ainsi rangé.


N
tsē
Tee

thé
чай

Figure 5.1 : Un mot dans le dictionnaire XML

CHAPITRE 5. PROTOCOLE EXPÉRIMENTAL

64

5.3 Organisation du lexique

5.3.1 Lexique de travail

Les mots créés sont stockés dans le fichier XML avec une arborescence minimale

indiquée en figure 5.2 :



Figure 5.2 : Arborescence minimale d’une entrée dans le lexique

— L’élément possède les attributs id (identifiant unique de l’entrée) et

date (date de création de l’entrée sous le format aaaa-mm-jj). Il contient un ou

plusieurs éléments .

— L’élément présente un mot à un stade t de son existence (indiqué par

l’attribut t). Il contient toujours les éléments

, et .

— L’élément contient la forme de citation du mot.

— L’élément contient la nature du mot ; sont possibles N (nom), V (verbe),

PREP (préposition), PN (pronom). L’attribut class donne des informations

grammaticales supplémentaires, comme al (aliénable) ou in (inaliénable)

pour les noms, tr (transitif), int (intransitif) ou adj (adjectival) pour les

verbes, etc.

CHAPITRE 5. PROTOCOLE EXPÉRIMENTAL

65

— L’élément contient un ou plusieurs éléments .

— L’élément contient un ou plusieurs éléments .

— L’élément , avec l’attribut lang indiquant la langue de glose
en trois lettres selon la norme ISO 639-3 53, comme par exemple

fra pour le français, rus pour l’anglais ou eng pour l’anglais.

À ces éléments obligatoires s’ajoutent d’autres éléments et attributs facultatifs mais

parfois nécessaires à l’exhaustivité du dictionnaire :

— (Dans l’élément ) un ou plusieurs éléments contiennent des varia-

tions de la forme du mot dans son paradigme. L’attribut form indique la nature de

la variation, comme pl. (pluriel) pour les noms, dur. (duratif) et pst. (passé)

pour les verbes, etc.

— (Dans l’élément ) un élément contient un lexème d’une langue

étrangère (nommée par l’attribut lang) s’il est à l’origine du mot considéré, ou

un ou des affixes si le mot dérive d’un mot déjà dans le dictionnaire (indiqué

par l’identifiant unique dans un attribut ref) ; si deux lexèmes forment un mot

composé, il y aura deux éléments

— (Dans l’élément ) l’élément contient un ou plusieurs élément

.

— L’élément (sous-entrée) contient les mêmes éléments que .

Sans , il est utilisé quand une forme se retrouve dans plusieurs classes

(comme « aliénable » et « inaliénable »). Avec , il est utilisé pour pré-

senter des idiomes, comme des collocations au sens idiomatique.

— (Dans l’élément ) un élément contient des informations cultu-

relles liées à l’usage du mot, dans une langue définie par l’attribut lang

53. http://www-01.sil.org/iso639-3/default.asp

CHAPITRE 5. PROTOCOLE EXPÉRIMENTAL

66

— (Dans l’élément ) l’élément contient un ou plusieurs élé-

ments .

— L’élément contient un élément et un ou plusieurs élé-

ments .

— L’élément contient une phrase exemplifiant le mot en contexte.

— L’élément ,avec l’attribut lang, est une traduction de la phrase

d’exemple.

— L’attribut usfra (ou usrus, ou useng, etc.) pour l’élément donne des

indications sur l’usage du mot, comme le domaine sémantique ou le niveau de

familiarité.

— L’attribut form pour l’élément indique si le sens considéré ne se re-

trouve qu’avec une forme particulière du mot.

5.3.2 Présentation du dictionnaire final

La forme que prend une entrée dans le dictionnaire publié est la suivante :

: 1. 2.

:

Ce qui se traduit par exemple par :

• kuxuts(cid:1) Vtr ppl. kuxotsa pst. kuxutsay(cid:1) : chanter

• ~ bu : 1. séduire 2. attirer

5.4 Contacts linguistiques et emprunts

Étant donné la situation géographique fictive des locuteurs, l’on peut déterminer avec

assez de précision la nature des substrats et adstrats du tüchte. Commençant leur histoire

CHAPITRE 5. PROTOCOLE EXPÉRIMENTAL

67

en -50, leur premiers contacts auront été avec les Celtes, et les Latins venus coloniser

la région. Par la suite, lors des grandes invasions du vie siècle, l’Alsace voit arriver des

peuplades germaniques, d’abord de langue alémanique, puis de langue franque au nord-

ouest (Vassberg 1993, chap. 1). À leur ouest immédiat, dans les Vosges françaises, on

trouve des locuteurs gallo-romans ; certains d’entre eux se retrouvent du côté alsacien, et

parlent la langue welche (Kammerer 2003). Ensuite, alternent dans la plaine alsacienne

deux langues de cultures, le haut-allemand dès la Réforme puis le français à partir de

1648 et la fin de la Guerre de Trente Ans. Sans compter les langues liturgiques, qui sont

dans la région le latin d’Église pour les catholiques, et l’hébreu pour les Juifs (à ce stade

de la construction, le statut religieux des locuteurs fictifs du tüchte n’est pas encore tout

à fait déterminé). Au cours du processus pseudo-diachronique, on n’aura de cesse de se

référer à l’Histoire réelle afin d’imaginer quels seront les emprunts faisant le plus sens

(domaines militaires, religieux, agricoles, etc.).

Un certain nombre d’emprunts à une langue celte indéterminée sont déjà présents

dans la langue du stade t=0, s’expliquant par la localisation de l’Urheimat 54 des locuteurs

en Suisse, terre des Helvètes durant l’Antiquité (Berchem 1982). Comme les langues

celtes continentales sont insuffisamment attestées ou reconstruites, ces emprunts ne sont

pas signalés dans le lexique pour se réserver la possibilité d’en faire des lexèmes a priori

si jamais les futures reconstructions des langues celtiques entraient en conflit avec les

formes qui ont été notées.

5.5 Choix du cadre théorique pour la rédaction d’une

grammaire

Pendant la phase de construction, la description du tüchte n’obéit à aucune théorie

linguistique en particulier. Cela change avec la rédaction de la grammaire ; à ce moment,

54. Habitat originel.

CHAPITRE 5. PROTOCOLE EXPÉRIMENTAL

68

la description devra se baser sur un système assez solide pour ne pas souffrir de critiques

purement formelles qui poseront un obstacle à la réalisation des tests de plausibilité. Si

l’on regarde du côté des langues inventées décrites sur des sites comme Idéopédia, on

constate assez souvent un ton prescriptiviste, au sujet de la langue telle qu’elle devrait

être parlée. Par exemple, dans le cas de l’aneuvien 55, il est dit qu’« une certaine tolé-

rance est admise pour la prononciation des voyelles inaccentuées » dans la section sur

la prononciation. Et il s’agit là d’une langue dite personnelle, inscrite dans une diégèse,

qui n’a pas vocation à servir de moyen de communication auxiliaire. D’autres langues

artistiques semblent avoir en tête leurs futurs apprenants/locuteurs, comme l’elko, créée

par Sébastien Mathieu, présenté sur le site Elkodico, dont la grammaire est organisée de

façon progressive, de la structure la plus simple à la plus complexe.

Comme le tüchte n’a vocation qu’à servir de matériau brut à fin d’analyse, le style

de rédaction de sa grammaire est le plus neutre possible, inspiré par ce qui se fait ailleurs

par des créateurs de langue qui ne sont pas forcément linguistes de formation ; elle dé-

crit les éléments de la langue et leur organisation du plus petit au plus grand : d’abord

la phonologie, puis les formes et enfin leurs usages. Sa tonalité est fictionnelle, écrite

comme si la langue avait réellement été observée parlée par des locuteurs. Il en découle

que ses limites et sa non-exhaustivité sont excusées par « l’insuffisance des données col-

lectées ». De même, l’éventuel mélange des cadres dans la grammaire peut être excusé

par l’éducation linguistique incomplète de son rédacteur fictionnel.

55. http://www.europalingua.eu/ideopedia/index.php5?title=Aneuvien [consulté

le 31/05/2016]

Chapitre 6

Déroulement de l’expérience

Ce chapitre décrit les étapes ayant conduit à la forme finale de la langue tüchte, qui

est décrite plus en détail dans l’annexe A pour des raisons de place et de pertinence.

6.1 Création du stade t=0

Sans contraintes quant à la forme d’arrivée, la création a priori de la langue au stade

primitif met l’accent sur la créativité pure, avec cette limite que la langue décrite en

t=0 soit plausible en regard des langues naturelles existantes, puisqu’elle ne peut pas

justifier d’éventuelles étrangetés typologiques par des processus diachroniques en cet

instant inexistants (cf. 3.3.2).

Les premiers points de grammaire et mots ébauchés servent à former les premières

phrases d’exemple, puis la création de nouveaux énoncés conduit à un approfondisse-

ment de la grammaire et un agrandissement du lexique, jusqu’à ce qu’on obtienne une

structure capable d’évoquer la plupart des situations communes dans le cadre où se parle

l’idéolangue.

Les premiers mots créés furent paññi « humain » et mulet « arbre ». Ayant fait cor-

respondre les différentes terminaisons de ces mots à deux classes de déclinaison, l’étape

69

CHAPITRE 6. DÉROULEMENT DE L’EXPÉRIENCE

70

suivante fut de créer lesdites classes.

Ensuite, la traduction d’une phrase simple avec un verbe transitif exigea la création

de la racine trek- « voir » et de sa flexion au temps et à l’aspect considéré, ainsi que la

détermination de l’ordre syntaxique canonique (ici SVO) :

(10) Paññi
paññ-a
humain-nom

trekus
trek-u-s
voir-sg-3sg

mulē
mul-ē
arbre-acc

« L’homme voit l’arbre »

Le caractère phonologique, indéfini au départ, se fige très vite afin que les nouveaux

mots créés rentrent dans le même patron (cf. 6.3.2).

C’est en s’inspirant de la grammaire d’autres langues, naturelles ou construites, que

la description de la grammaire s’enrichit de nouveaux points. Par exemple, le nombre

de cas nominaux et leurs appellations provient plus ou moins du dothraki 56, tandis que

l’absence de dimension temporelle dans le tiroir verbal au profit des distinctions d’as-

pect s’inspire du chinois mandarin, et la distinction aliénable/inaliénable pour la posses-

sion des noms (exprimée par des préfixes), des langues algonquiennes et de la langue

construite kēlen 57.

Quelques irrégularités déjà apparentes à ce stade, comme l’apparition d’un /ŋ/ devant

la voyelle de la racine après un préfixe pour certains mots, les quatre formes de la voyelle

thématique du nominatif de classe i (a, e, i, u) ou l’alternance morphologique h ~ ss sont

expliquées en interne par un hypothétique stade antérieur à t=0, dont ne sont ébauchées

que les grandes lignes.

56. http://wiki.dothraki.org/Noun_Cases
57. http://www.terjemar.net/kelen/nouns2.php

CHAPITRE 6. DÉROULEMENT DE L’EXPÉRIENCE

71

6.2 Création du lexique

Les fondations du lexique sont les mots créés pour t=0, c’est-à-dire intra-diégéti-

quement en -50 avant notre ère. Pour ceux-ci, il n’est pas besoin d’étymologie autre

que celles des composés et des dérivations à partir des suffixes productifs. Près de 500

lexèmes sont créés au départ ; ensuite, la machine diachronique est mise en route et de

nouveaux mots sont ajoutés à chaque stade, par emprunt, composition ou dérivation.

Cependant, il est toujours possible de créer de nouveaux mots en t=0 pour dériver un

nouveau mot moderne ; aucun des stades n’a vocation à être exhaustif et il est toujours

possible de revenir en arrière.

6.3 Liste et explication des changements phonétiques

Les changements phonétiques doivent répondre à un critère de plausibilité. Il ne

s’agit pas de se cantonner uniquement aux changements phonétiques ayant été docu-

mentés pour les langues naturelles ; tout d’abord, il n’existe pas de liste exhaustive de

tous ces changements 58, ensuite, les possibilités n’y sont pas limitées et dépendent de

l’entièreté du système phonologique, lequel a des chances d’être particulier à la langue

étudiée.

Aussi est plausible tout changement phonétique qui est, non pas isolé, mais dépen-

dant de relations et pressions internes au système phonologique à un instant donné. Il

serait, par exemple, étrange de palataliser les /t/ devant /i/, voyelle palatale, mais pas

devant /j/, consonne palatale qui, si présente, est tout autant, voire plus, susceptible de

déplacer le point d’articulation d’un /t/ vers le sien. De plus, il faudra aussi tenir compte

58. Universitairement du moins. Il existe une ressource anglophone pour idéolinguistes qui regroupe

quelques quatre cent pages de changements phonétiques rassemblés par les membres du forum ZBB :

Index Diachronica, disponible sur https://chridd.nfshost.com/diachronica/ [consulté le

11/06/2017].

CHAPITRE 6. DÉROULEMENT DE L’EXPÉRIENCE

72

Table 6.1 : Romanisation de travail
Phonème Romanisation

ɛ
u
y
ø̞
j
ɟ
t͡ ʃ
d͡ ʒ
ʃ
ʒ
ɲ

ä
u
ü
ö
y
j
č
ǰ
š
ž
ñ

des pressions externes comme les adstrats, langues voisines qui détiennent une influence

sur le système (Campbell 1998, chap. 2).

6.3.1 Orthographe de travail

Lors de leur création, les mots sont romanisés dans une orthographe de travail, qui

doit transcrire toutes les oppositions phonologiques pertinentes et être plus simple à

l’usage que l’API (tableau 6.1). Cette orthographe ne présume en rien des traditions

d’écriture intra-diégétiques, qui pourront violer ces deux principes et seront imaginées

en dernier lieu (voir 6.6).

6.3.2 Système phonologique de base

Le stade originel tel qu’imaginé possède quatre voyelles de base (figure 6.1), pour

lesquelles une opposition longue/brève est pertinente en fin de mot. Il se présente égale-

ment deux diphtongues, /eʊ̯ / et /ɛɐ̯ / dont la distribution est limitée à la première syllabe

des racines.

Les consonnes (table 6.2) sont initialement au nombre de 17. Toutes peuvent être

CHAPITRE 6. DÉROULEMENT DE L’EXPÉRIENCE

73

i

u

a

Figure 6.1 : Voyelles brèves en t=0

Table 6.2 : Consonnes en t=0

Bilabiales Apicales Palatales Vélaires Labio-vélaire Glottale

ŋ
k

ɲ
c
ɟ

j

h

w

m
p
b

Nasales
Occlusives sourdes
Occlusives sonores
Fricatives
Semi-consonnes
Rhotique
Latérale

n
t
d
s

r
l

/ŋ/ et /r/ n’apparaissent jamais en début de mot
/h/ n’apparaît jamais en fin de syllabe

géminées, sauf /w/ et /j/.

L’accent tonique est toujours placé sur la première syllabe du mot.

Pour induire une certaine homogénéité phonétique dans la langue, il ne suffit pas

de définir un système de sons, il faut également décider de leur organisation en syl-

labes : quelles sont les structures minimales, quelles sont les structures maximales. La

formule (C){s,t,r,l}V(C) signifie que la structure minimale d’une syllabe se compose

d’une voyelle, et qu’au maximum elle peut avoir deux consonnes en attaque et une

consonne en coda. De même, certaines combinaisons à la frontière des syllabes sont

interdites, comme +.

CHAPITRE 6. DÉROULEMENT DE L’EXPÉRIENCE

74

6.3.3 Changements phonétiques

Voici, dans une notation standardisée (Hock 1991, chap. 11), les changements pho-

nétiques et phonologiques d’un stade de la langue à l’autre.

6.3.3.1 De t=0 à t=7 (-50 à 160)

-50 marque l’arrivée des locuteurs de l’ancêtre linguistique du tüchte en plaine d’Al-

sace depuis le Jura suisse. Là, il s’intègrent économiquement à la société gallo-romaine

qui se met en place depuis la conquête des Gaules par Jules César. Tout en conservant

leur langue, leur façon de la prononcer est influencée par le latin amené par les légions

romaines.

1. hː ! x

2. c ɟ ! t͡ ʃ d͡ ʒ

3. eʊ̯ ɛɐ̯ ! uː ɛː

4. r n ! ∅ / V V

5. V1V1 ! V1ː

6. V[-longue] ! ∅ / V[+longue]

7. h ! ∅

8. V ! [+tonique] /

8
>< >:

[+longue](Cn)V(C)#

CCV(C)#

(Cn)VCV(C)#

9. V[+longue] ! [-longue] / (Cn)V[+tonique]

10. m l ɲ ŋ ! w r j w / V V

[

+sonante

]

! [-longue]

11.

+longue
12. e ! i / a

CHAPITRE 6. DÉROULEMENT DE L’EXPÉRIENCE

75

6.3.3.2 De t=7 à t=15 (160 à 420)

On date de cette période les débuts du latin vulgaire (Väänänen 2006). Certains des

traits caractéristiques de cette évolution du latin, comme la lénition et l’affaiblissement

des voyelles prétoniques, passent en tüchte archaïque.

1. b ! w / V

2. w ! ∅ /

[

]

+sonante

3. s ! z / V V

4. sː ! s
2

-voix

[

3

7
5 !

3

[

7
5 !

]

+aspiration

-longue

]

-occlusion

/ V

{

[

V

]

+sonante

+longue

+occlusion
+voix

-longue

6
4

2

6
4

[

5.

6.

7.

+occlusion
]
+voix

[

!

+longue
[

]

]

-longue

8. V

-longue

! ə / N#

[

]

+tonique

9. i u {a e ɛ o} ! e o ə / (Cn)V
[
10. i u {a e ɛ o}
8
< -tonique ] [ [ ! e o ə / (C)# ] ] 11. ə ! ∅ / : [ +friction ] +sonante -nasale 12. aə ! aː [ 13. ɣ ! k / C ] -voix 6.3.3.3 De t=15 à t=21 (420 à 600) Durant cette période, les Alamans, un peuple germanique, envahissent la plaine et changent le paysage linguistique de l’Alsace ; certains locuteurs de gallo-roman passent CHAPITRE 6. DÉROULEMENT DE L’EXPÉRIENCE 76 à l’Ouest, dans les Vosges et en Lorraine, et influencent les locuteurs du tüchte qui les suivent. 1. ŋ ! ɡ / { l r 2. Və ! Vː / # 3. ə ! ∅ / V 4. m n ! b ∅ / { 5. ə ! ∅ / C { l r [ C ] V +sonante 8 >< l { # # r >:
]

C
n
[
C ! CC

6. ∅ ! ə / VC

]

+sonante

/ # V

[
7. C
[
8. C

[

9. V

[

+sonante

]

+sonante
]

! ∅ / # CC

-longue

! ə / #
[

]

]

10. V

+longue

! V

-longue

/ #

11. l ! d / r

12. ð ! v / u(ː)

13. w ! v
2

-sonante

6
4

14. C

+fricative

3

[
7
5 ! C

]

[
/ C

-voix

-voix

]

+voix

15. ð ! ∅

16. V1V1 ! V1

[

17. pʰ tʰ t͡ ʃʰ kʰ ! p͡ f t͡ s t͡ ʃ k͡ x
[
+occlusive
! C

18. C

]

-voix

19. θ ! f

]

[

+fricative

/ C

]

+occlusive

-voix

CHAPITRE 6. DÉROULEMENT DE L’EXPÉRIENCE

77

20. t ! ∅ /

8
>< >:

V

w

j

#

6.3.3.4 De t=22 à t=32 (630 à 910)

Depuis l’invasion alamane, les tüchtophones se sont réfugiés dans les vallées vos-

giennes et s’y sont isolés. Leur développement linguistique est très peu influencé par le

nouveau superstrat. La rechristianisation de l’Alémanie au viie siècle injecte des termes

de latin d’église dans le vocabulaire.

1. ɣ ! ∅

2. {o u}ə ! oː

3. {e i}ə ! eː

4. ɛə ! ɛː

5. ə ! ∅ / V

6. aː oː eː ! o uː iː

7. uː iː ! y i
[
8. i ! y / C

9. ə ! a

[
10. j ! ∅ / C

+labiale

]

+labiale

]

[
C

]

+affriquée

11. pj bj mj ! t d n

12. y ! ø / V(C)(C)

(C)#

13. ŋ ! n / #

6.3.3.5 De t=33 à t=40 (940 à 1110)

À partir de l’époque de l’empire de Charlemagne et de ses successeurs, la vallée où

l’on parle tüchte cesse d’être isolée et reforme des liens économiques et matrimoniaux

CHAPITRE 6. DÉROULEMENT DE L’EXPÉRIENCE

78

avec la plaine. L’influence germanique sur la langue prend surtout la forme du vocabu-

laire.

[

+occlusive

1. rC

-voix
2. VV ! VʔV

]

[

lC

]

+occlusive

-voix

! ʔi ʔu / #

3. ʒ ! ʃ
[

4. C

+fricative

-voix

5. l r ! ∅ / C#

]

[

C

+occlusive

-voix

]

[
! C

]

+fricative

-voix

ː / #

6. nt ! nː / #
2

7. t ! s / #C

6
4

+fricative

-voix

3

7
5

-dentale
]

+occlusive

[

8. sC

-voix

9. s ! ʃ / r
[

+occlusive

10. C

-voix

! ʃ / C

]

[
! C

]

+voix

/ #

11. ɛː ! i͡ ɛ

6.3.3.6 De t=41 à t=57 (1140 à 1660)

Durant toute la période du Bas-Moyen-Âge, l’influence de l’alémanique sur le sys-

tème est plus extensive et atteint certaines évolutions phonétiques, comme les diphton-

3

7
5

+fricative

-voix

-dentale

gaisons.

2

6
4

1. C

+fricative

-voix

3

2

7
5s ! sC

6
4

-dentale

2. ʃr ! rʃ

3. e ɛ ! e͡ a / NC

4. i ! i͡ e / NC

CHAPITRE 6. DÉROULEMENT DE L’EXPÉRIENCE

79

5. y ! y͡ ø / NC

6. r ! ∅ / Vr

7. k͡ x ! x

8. ɲ ! nj

9. Cj ! jC / V

10. nj ! n / C

11. ɡ b ! x w / #

12. ∅ ! a / d #
[
13. v ! w / C

14. w ! ∅ / V

]

-sonante

[

]

+arrondie

+haute

15. aj ej ɛj øj aw ow ! ɛ i i e o u /
{

16. j w ! ∅ /

C

#

{

C

#

6.3.3.7 De t=58 à t=67 (1690 à 1960)

La France récupèrent la région suite au traité de Westphalie en 1648. Cependant,

l’influence linguistique est minime sur les tüchtophones jusqu’à ce que le développe-

ment du tourisme au xixe siècle fasse venir les bourgeois de Strasbourg dans la vallée.

Les reconquêtes allemandes (1871-1918 et 1940-1945) menacent de mener le tüchte à

l’extinction, puisque considéré comme un dialecte français ; pour les mêmes raisons, les

reconquêtes françaises pousseront les locuteurs à abandonner ce dialecte « allemand ».

1. n r ! ∅ / #

2. s x z ! ʔ ʔ s / #

3. e͡ a y͡ ø ! a ø

CHAPITRE 6. DÉROULEMENT DE L’EXPÉRIENCE

80

4. i͡ e !

{

e / CC

je

[

5. Vʔ ! V
[

+ton haut
]

]

/ #

6. sC

+fricative

! t͡ s / #

7. a ! ə / V(C)(C) #

8. V ! Vː / #(C)(C) #

9. x ! h / #

10. hw ! f
[

11. C

+fricative

+longue

]

[

!

]

-longue

/ #

6.3.4 Système phonologique final

Le système vocalique (figure 6.2) ne comporte plus d’opposition de longueur ou de

diphtongues, mais s’est enrichi de quatre voyelles supplémentaires, portant le total à 8.

Elles peuvent porter un ton haut en final de mot, et s’allongent automatiquement dans

les monosyllabes accentués.

u(cid:15)

o̞(cid:15)

y(cid:15)i (cid:15)

e (cid:15)

ø̞(cid:15)
ɛ (cid:15)

ə

a (cid:15)

Figure 6.2 : Voyelles en t=67

Les consonnes (tableau 6.3) sont au nombre de 24, soit sept de plus qu’en t=0 ; l’op-

position de gémination s’est partiellement transphonologisée (avec l’apparition des af-

friquées sourdes) mais a autrement disparu.

CHAPITRE 6. DÉROULEMENT DE L’EXPÉRIENCE

81

Table 6.3 : Consonnes en t=67

Bilabiales Apicales Palatales Vélaires Labio-vélaire Glottale

ŋ
k
ɡ

x

t͡ ʃ
d͡ ʒ
ʃ

j

h

w

m
p
b
p͡ f

f
v

Nasales
Occlusives sourdes
Occlusives sonores
Affriquées sourdes
Affriquées sonores
Fricatives sourdes
Fricatives sonores
Semi-consonnes
Rhotique
Latérale

/h/ n’apparaît jamais en fin de syllabe

6.3.5 Accentuation

n
t
d
t͡ s

s
z

r
l

Les mots étaient d’abord accentués sur la première syllabe, avant de passer à un sys-

tème mobile basé sur le poids de la syllabe à l’imitation du latin. En t=67, après d’autres

développements prosodiques et sous influence française, les mots sont accentués sur la

dernière syllabe (mais l’avant-dernière lorsque /ə/ est la voyelle finale).

6.3.6 Changements irréguliers

Quelques mots et paradigmes n’ont pas la forme qu’on attendrait après les change-

ments phonétiques sus-cités.

6.3.6.1 Analogie

L’analogie consiste à rapprocher une forme d’une ou plusieurs autres senties comme

faisant partie de la même série.

Ainsi, le nom suntə « sud » a un /t/ là où on attendrait régulièrement un /d/, puisqu’il

provient du moyen haut-allemand sunden. Il s’est passé que le reste de la série des di-

rections cardinales est nortə, vestə, ostə, qui ont toutes la même terminaison ; la forme

CHAPITRE 6. DÉROULEMENT DE L’EXPÉRIENCE

82

attendue ×sundə a été refaite sur ces dernières.

De même, l’analogie explique pourquoi les adjectifs dérivés de verbes (voir 6.5.2)

ont le même radical au singulier et au pluriel, alors que les autres verbes modifient les

leurs de façon systématique. Cela découle à la fois d’une volonté de simplification et de

l’analogie avec les adjectifs dérivés de noms, dont le radical varie beaucoup moins. Par

exemple, les formes du singulier et du pluriel de niró « sérieux » est nira, au lieu de ×nera

attendu ; le verbe « creuser » montre encore cette alternation régulière kevirə/kevera

pour le singulier/pluriel.

6.3.6.2 Déformation consciente

La déformation consciente consiste à modifier une forme qui aurait souffert d’une

homonymie indésirable avec une autre.

Le nom Olšə « Pâques » vient du vieil haut-allemand ōstra, et aurait dû donner ré-

gulièrement ×Oršə ; mais cette forme ressemblerait trop à l’alsacien Àrsch, signifiant

« cul », ce qui compte tenu de la bilingualité supposée des locuteurs du tüchte n’est pas

souhaitable de leur point de vue.

6.4 Évolution du vocabulaire

6.4.1 Exemplification des changements sémantiques

Ce n’est pas seulement la forme des mots qui a changé au fil du temps, mais aussi

leurs significations. Les glissements de sens décrits ci-après obscurcissent les relations

sémantiques présentes au départ entre des mots de même racine.

6.4.1.1 Restriction

Ce procédé fait d’un terme général le nom d’une occurence spécialisée.

CHAPITRE 6. DÉROULEMENT DE L’EXPÉRIENCE

83

t=0

t=67

mikuŋa

« champignon » > mikuv

« bolet »

mitama

« oisillon » > mitav

« poussin »

6.4.1.2 Généralisation

À l’inverse, ce procédé généralise les emplois d’un terme spécialisé.

t=0

bukka
nisuñ(cid:1)

t=67

« bouc » > bú

« mâle »

« cueillir des baies » > nizuy(cid:1)

« chercher »

6.4.1.3 Métaphore

Un nom concret vient à désigner un concept abstrait perçu comme semblable.

t=0
neokem(cid:1) « toucher » > nükev(cid:1)

t=67

« compter »

waŋet

« écorce » > vaf

« protection »

6.4.1.4 Métonymie

Dans une métonymie, le terme vient à désigner un référent contigu au référent de

base.

t=0
(cid:1)heatsa

t=67

« fesse » > yets

« siège »

juret

« foyer » > ǰū

« feu »

6.4.1.5 Synecdoque

Sous-type de métonymie, la synecdoque fait du nom d’une partie le nom de l’en-

semble.

CHAPITRE 6. DÉROULEMENT DE L’EXPÉRIENCE

84

t=0
(cid:1)nikse

t=67

« lèvre » > niks

« bouche »

tulta

« nom » > tuu

« personne »

6.4.1.6 Hyperbole

L’hyperbole consiste à employer un terme marqué tant, qu’il en perd de sa force.

t=0
pad(cid:1)

t=67
« frapper » > pa(cid:1)

« toucher »

sakaire

« tueur » > skai

« mâtin (type de chien de chasse) »

6.4.1.7 Litote

Contraire de l’hyperbole, la litote débute comme emploi euphémisant avant de de-

venir le terme principal.

t=0
t=67
dekku(cid:1) « malade » > dexó

« agonisant »

6.4.1.8 Dégénération

La dégénération fait d’un terme neutre ou prestigieux un terme dérogatoire.

t=0
tear(cid:1)

t=67

« triste » > tyé

« laid »

trekkapa

« aveugle » > trexo « idiot »

6.4.1.9 Élévation

Un terme dérogatoire ou neutre devient plus prestigieux.

t=0

t=67

piŋŋana

« détestable » > piŋə

« intéressant »

CHAPITRE 6. DÉROULEMENT DE L’EXPÉRIENCE

85

6.5 Évolution de la grammaire

Il n’y a, bien entendu, pas que les sons et les mots qui changent : l’expression des

relations entre les mots varie également au cours du temps. Le tüchte commence en t=0

comme une langue agglutinante, où chaque affixe est porteur d’une seule signification.

Dans le système d’arrivée, il y a moins d’affixes et leur allomorphie est plus étendue, et

on se fie davantage à des structures analytiques.

6.5.1 Évolution du système nominal

Le nom porte les marques de nombre, de cas en t=0 ; et de dépendance à un complé-

ment (appelée ezzafe) en t=67. Là plus que pour d’autres parties du discours, l’aggluti-

nation a laissé place au fusionnel (pour le pluriel) et à l’analycité (pour l’expression des

rôles sémantiques, passés des suffixes de cas aux prépositions). Deux classes de noms,

dénommées i et ii, s’opposaient au départ dans la forme de certaines désinences, mais

après la disparition de ces dernières la distinction n’est plus pertinente, d’autant plus que

ces classes n’entraînaient pas de phénomène d’accord avec les déterminants.

6.5.1.1 Nombre

La langue marquait au départ le pluriel par réduplication partielle de la syllabe initiale

des noms, suivie d’une gémination de la consonne : tunna ! tuttunna « tonnelet »

Dans son stade final, le seul vestige de ce système est la mutation des occlusives

sonores en affriquées due à l’aphérèse de la syllabe initiale et de la transformation des
géminées sourdes en affriquées : tū ! tsū « poids ».

La mutation de y en š procède des mêmes phénomènes de fortition : yextə ! šextə

« nuit », d’après l’ancien paradigme yektu ! yejektu « sommeil ».

La préfixation de h- pour les noms commençants avec une voyelle tire indirecte-

ment son origine de la réduplication, d’abord restreinte aux radicaux commençant en h

CHAPITRE 6. DÉROULEMENT DE L’EXPÉRIENCE

86

au stade t=0 (dont la gémination s’est fortifié en x, plus tard débuccalisé), ensuite éten-
due par analogie à tous les noms débutant par une voyelle : ušpə ! hušpə « famille,
maisonnée » d’après les formes t=0 hucpadet ! huhhucpadet « foyer ».

Les autres noms, dont la consonne initiale ne varie pas, ont a la place soit un suffixe

-ə qui vient du suffixe d’ezzafe indéfini pluriel des noms de classe i (en t=0), soit un

suffixe -etə qui vient des noms de classe ii ; ce dernier suffixe s’est répandu par analogie

à des noms de classe i en raison de sa meilleure distinction acoustique.

À noter que le processus de réduplication changeait également les voyelles de la pre-

mière syllabe du radical a i eo ea en e (i à proximité d’une consonne palatale). L’ancienne

langue changeait aussi régulièrement les suite a-a-a en a-e-a, ce qui conduisait à un ra-

dical différent au singulier et au pluriel rédupliqué. Ces phénomènes ont été largement
régularisés sauf pour certains noms très courants : pati ! pfetə « araignée », bai ! beə
« brebis » d’après les formes t=0 patera ! pappetara et barena ! babberana.

6.5.1.2 Cas

La proto-langue marquait six cas sur le nom : nominatif, accusatif, génitif, allatif, lo-

catif et ablatif. Le paradigme complet en t=67 n’en présente plus que la forme du nomi-

natif, avec des vestiges fossilisés dans le lexique des autres cas. Les pronoms conservent

quatre cas toutefois (nominatif, accusatif, génitif et prépositionnel ex-ablatif).

L’accusatif a été perdu très tôt, moins par l’érosion phonétique des désinences (-ā et

-ē) que par son inutilité, l’ordre syntaxique SVO rigide distinguant clairement le sujet

de l’objet en tous cas. Il est remplacé par le nominatif, forme non-marquée.

Les autres cas, aux usages moins restreints, se sont conservés plus longtemps. Le

génitif était employé pour les compléments de nom et les noms déterminés par des nu-

méraux. Les deux allomorphes en t=0, -m et -in, auraient donné en t=67 -m et -ə ; ils

sont encore présents dans des locutions nominales anciennes sur le deuxième élément

d’un composé.

CHAPITRE 6. DÉROULEMENT DE L’EXPÉRIENCE

87

L’ablatif a vu son emploi s’étendre, de complément d’origine et complément de cer-

taines prépositions, à forme obligatoire devant toutes les prépositions, avant d’être rem-

placé par le nominatif lorsque de nouvelles prépositions basées sur des verbes ont pris

de l’importance. Sa terminaison -ev(ə) se retrouve encore dans quelques adverbes.

L’allatif, cas de la destination et de l’étendue, a été remplacé dans ces usages par

des prépositions ; la forme survit encore dans quelques expressions figées comme üvu

pakuvu « pendant un mois ».

Le locatif, cas du lieu sans mouvement, a également été remplacé par des formes

prépositionnelles, mais, disparu plus tôt, a laissé encore moins de traces : seuls le ton

haut final de quelques adverbes, comme myé « où (relatif) » et eví « où (interrogatif) »

rappellent d’une certaine manière le suffixe t=0 du locatif -(a)k.

6.5.1.3 Ezzafe

Une particularité du tüchte est le marquage du nom s’il est suivi d’un adjectif ou

autre complément. Ceci est partiellement inspiré du phénomène d’ezzafe en persan.

Tout comme dans cette langue naturelle, les suffixes en jeu proviennent de l’aggluti-

nation d’un pronom relatif ; à la différence toutefois du perse, le tüchte a fait intervenir

deux pronoms relatifs distincts, l’un générique comme l’anglais which, l’autre spéci-

fique comme l’anglais that, distinguant antécédents singuliers et pluriels, ce qui donne

au final quatre suffixes.

6.5.2 Évolution du système verbal

Le verbe en t=0 encodait la personne et le nombre du sujet, ainsi que l’aspect et

certains modes, mais pas le temps. En t=67, les modes ont été entièrement réorganisés

et le verbe distingue désormais le présent et deux sortes de passé classées par distance

vis-à-vis du moment présent.

Il existait au départ des verbes dits statifs correspondant aux adjectifs qualificatifs

CHAPITRE 6. DÉROULEMENT DE L’EXPÉRIENCE

88

Table 6.4 : Évolution des désinences personnelles

Proto-

Archaïque Ancien

Moyen

Moderne

1sg
2sg
3sg
1pl.excl
1pl.incl
2pl
3pl

trekun
trekup
trekus
trekalla
trekaññi
trekaji
trekanna

trekən
trekop
trekos
trəkálə
trəkáñe
trəkáže
trəkánə

trekan
trekop
trekos
tarkál
tarkáña
tarkaža
tarkán

trekan nin
trekow pen
trekos san
tarkál lun

trekə ni
trekə pe
trekə sə
tarka lu
tarkayna min tarka mi
tarka ye
tarkaša yen
tarka nə
tarkán nan

dans les langues européennes, utilisés avec un pronom relatif pour fournir l’équivalent

d’adjectifs épithètes. En t=67, seules restent les formes de 3e personne (-ó singulier et -a

pluriel), employées attributivement avec la copule, et en épithète avec la forme ezzafe

des noms.

6.5.2.1 Personnes

Avec l’emploi de plus en plus important des structures copulatives, le marquage en

personne disparaît du verbe, ne distinguant plus que le nombre (tableau 6.4). Les dési-

nences de 1sg et 3pl, plus fréquentes, ont fourni les désinences de singulier et de pluriel

-ə et -arespectivement

Le changement du radical entre les formes du singulier et du pluriel vient de ce que

ces dernières étaient accentuées sur la désinence après la réorganisation de l’accent to-

nique (cf. 6.3.5). La 2pl, qui aurait dû être accentuée sur le radical comme les personnes

du singulier, a suivi par analogie.

6.5.2.2 Aspects

Les aspects marqués synthétiquement sur le verbe (par réduplication partielle et suf-

fixes) ont disparus. De nouvelles distinctions aspectuelles font appel à diverse particules

autour du verbe, dérivées de prépositions, selon un glissement sémantique localisation

CHAPITRE 6. DÉROULEMENT DE L’EXPÉRIENCE

89

spatiale > localisation temporelle. On a ainsi :

— Un aspect progressif montrant l’action en cours avec la préposition el « dans ».

— Un aspect subit montrant l’action instantanée avec la préposition í « hors de ».

— Un aspect tentatif montrant l’action non réussie, non complétée avec la préposi-

tion tiu « vers ».

— Un aspect itératif montrant l’action qui se répète, avec réduplication totale du

verbe.

6.5.2.3 Modes

La langue ancienne comportait plusieurs modes marqués par des préfixes. Ils ont qua-

siment tous disparus en raison de l’usage grandissant de verbes auxiliaires conjugués, à

l’imitation du latin ; cependant, le mode obligatif (obligation du sujet à faire l’action) a

été réanalysé en un futur, puis ce même futur s’est vu utilisé de plus en plus dans les pro-

positions complétives pour sa valeur consécutive, pour devenir enfin un subjonctif. Le

cycle de grammaticalisation est en train de revenir à son point de départ, avec les verbes

auxiliaires ayant perdu leurs suffixes de personne et de temps et fusionnant presque avec
le verbe, par exemple as(cid:1) « courir » pour exprimer « aller (faire) », kez(cid:1) « vouloir » pour

exprimer la volonté, etc.

6.5.2.4 Temps

Le temps n’était pas marqué en t=0. Vers t=20, l’aspect ponctuel (à suffixe t=0 -yu)

prend un sens plus généralement d’action accomplie, puis enfin prend un sens de passé

sans distinction d’aspect. Des suffixes descriptifs -st- et -d-, qui effectuaient des distinc-

tions de distance spatiale sur les verbes, finissent par se réserver aux verbes passés pour

exprimer une distinction entre passé proche et passé lointain respectivement. Le futur

qui avait procédé du mode obligatif conserve un peu sa valeur temporelle, surtout pour

CHAPITRE 6. DÉROULEMENT DE L’EXPÉRIENCE

90

exprimer la consécution, mais ses emplois sont plus souvent purement modaux ; la va-
leur de futur simple est surtout exprimée par des verbes auxiliaires comme as(cid:1) « courir »
! « aller (faire) ».

6.6 Création d’une orthographe intra-diégétique

Langue de bergers et de forestiers pour la quasi-totalité de son histoire, le tüchte

n’a vraisemblablement pu développer que très tard une tradition orthographique propre,

l’usage de l’écriture étant très faible au sein de la communauté de locuteurs. Les pre-

mières mentions écrites de la langue proviendront donc de l’extérieur, et les sons de la

langue retranscrits selon les traditions langagières des scribes : d’abord le latin, lors de

la conquête romaine et dans les monastères, puis les variétés d’allemand en usage en

Alsace dès 420, enfin le français à partir de la fin de la Guerre de Trente Ans en 1648.

6.6.1 Tradition latine cléricale

L’écriture hors de centres urbains était généralement la seule affaire du clergé. Ce

dernier écrivait principalement en latin, qui était la langue de la Bible et de l’Église ; cela

n’empêchait pas les gens d’Église de noter à l’occasion quelques mots ou phrases dans

les langues qu’ils parlaient. Dans la diégèse, quelques mots de tüchte ancien apparaissent

en glose dans un herbier rédigé par une nonne, écrits comme du latin.

Forme tüchte ancienne Forme tüchte moderne Glose

Mot

aiv

diart

kasi

pinca

*ayu

*ǰart

*kasi

*piŋka

vrelpeia *vrelpeya

ayu

ǰai

kasi

pyeŋkə

vrelpeyə

« saule »

« miel »

« chêne »

« plantain »

« chèvrefeuille »

CHAPITRE 6. DÉROULEMENT DE L’EXPÉRIENCE

91

6.6.2 Tradition germanique médiévale

Dans les textes en langue vernaculaire au Moyen-Âge, s’il est fait mention de lieux

ou de personnes ayant des noms tüchtes, les correspondances suivantes s’appliquent

généralement, là où elles diffèrent de la romanisation moderne :

— /a/ a, e

— /ɛ/ ae

— /ø/ oe

— /y/ ue

— /t͡ s/ z, tz

— /ʃ/ sch

— /x/ ch

— /d͡ ʒ/ di, dj

— /j/ i, j

Il y a également des doublements de consonnes, sans valeur phonétique mais empêchant

les lecteurs de lire les voyelles précédentes comme longues, comme elles le font en

allemand devant consonne graphique simple.

6.6.3 Tradition française

Les francophones éprouvent pour la première fois le besoin de transcrire le tüchte

après la Révolution, pour la transcription des noms propres sur les registres d’État Civil.

On imagine donc que les fonctionnaires en charge de ce travail n’ont pas la meilleure

des formations linguistiques et que leur manière de percevoir les sons de la langue va-
rie énormément selon l’origine du scribe. Par exemple, le même nom de famille J̌ aras

(« abeille ») sera retranscrit Djaras, Jarace, Jarasse ; ou encore le nom Ezi (« fermier ») de-

CHAPITRE 6. DÉROULEMENT DE L’EXPÉRIENCE

92

viendra Ézy, Ésy, Ezie ou Esie. La forme orthographique des noms de famille autochtones

est finalement la seule empreinte que laissera l’écriture française.

6.6.4 Orthographes contemporaines

Les orthographes en usage pour les programmes de revitalisation après 1960 59 pro-

céderaient des tradition germaniques ou françaises, conçues pour être facile à imprimer

par les presses régionales, donc sans les diacritiques présentes dans l’orthographe scien-

tifique utilisé dans ce mémoire. Elle ne retranscrivent jamais les oppositions tonales

finales. Toutes ont en commun la retranscription des occlusives sourdes /p t k/, sonores

/b d ɡ/, des sonantes /m n ŋ l r/ et de /f h/ en

. Pour le reste,

elles s’opposent comme le montre le tableau A.2 en annexe A.

59. On pose qu’en raison du faible nombre de locuteurs et du peu d’intérêt suscité par la question

en-dehors de la communauté concernée, aucun programme – et partant de là aucune orthographe – ne

parviendrait à s’imposer sur les autres.

Chapitre 7

La construction vue de l’extérieur

7.1 Rythme de travail

On voit en figure 7.1 le nombre de mots ajoutés par jour dans le lexique depuis le

21 mai 2017 jusqu’au 4 mars 2018. Cette figure est purement indicative : seules les

entrées nouvelles sont comptabilisées, pas les mots qui sont ensuite fait évoluer et qui

se retrouveront enfin au stade t=67. Cependant, il traduit assez bien l’irrégularité du

processus : des périodes d’activité effrénée suivies par de longues pauses. Lors du plus

fort de l’activité, la création de nouveaux mots l’emporte sur toutes les autres facettes

de la construction, ralentissant par exemple le travail sur la grammaire proprement dite.

Une idée imparfaite du flot d’activité concernant ce dernier point peut être obtenue en

consultant l’annexe D qui contient toutes les idées ayant été envisagée dans la création

à un moment ou un autre.

Le temps consacré à ce travail dans chaque journée n’a pas été mesuré. Ne sont

pas reportées non plus les périodes de création linguistique concernant d’autre projets,

subjectivement estimées comme assez extensives, et apparues comme conséquence des

moments de blocage créatif.

93

CHAPITRE 7. LA CONSTRUCTION VUE DE L’EXTÉRIEUR

94

Figure 7.1 : Progression de création du vocabulaire

70

60

50

40

30

20

10

s
t
o
m
e
d
e
r
b
m
o
N

0
5
0
1
2

.

6
0
0
1

.

6
0
0
3

.

7
0
0
2

.

8
0
9
0

.

8
0
9
2

.

9
0
8
1

.

0
1
8
0

.

0
1
8
2

.

.

1
1
7
1

2
1
7
0

.

2
1
7
2

.

1
0
6
1

.

2
0
5
0

.

2
0
5
2

.

7.2 Remplissage des objectifs

7.2.1 Objectifs quantitatifs

L’objectif initial était d’avoir un dictionnaire contenant au moins 1500 mots au stade

final ; en date du 4 mars 2018, il n’y en avait que 983, soit presque les deux tiers. Parmi

les raisons possibles de cet échec :

— Trop de temps a été passé sur le stade t=0, et donc sur la création de mots qui n’au-

ront pas de descendance. Le fichier entier comporte 1248 entrées, toutes époques

confondues.

— Les processus de dérivation n’ont pas été appliqués à assez de racines et/ou n’étaient

pas assez diversifiés.

— La méthode de stockage des lexèmes (définie en 5.2.2) n’est pas assez ergono-

mique, empêchant une vue d’ensemble immédiate et une saisie rapide.

— La composition des textes d’exemples est arrivée trop tard dans le processus (le 5

janvier 2018) pour stimuler la recherche de mots à traduire.

CHAPITRE 7. LA CONSTRUCTION VUE DE L’EXTÉRIEUR

95

Toutefois, ce chiffre peut être nuancé. Par exemple, dans la plupart des cas, les adjectifs

de relation ne sont pas distingués morphologiquement du nom correspondant, la syntaxe

se chargeant seule de l’interprétation sémantique d’une forme. Ensuite, les formes dont

la dérivation est transparente morphologiquement et sémantiquement n’ont pas systé-

matiquement été ajoutées, tel que les adverbes de manière dérivés des adjectifs avec le

préfixe zaŋ-.

L’autre objectif quantitatif concernait les textes. Il n’en a été fait que deux, l’un tra-

duction du mythe de la confusion des langues de Babel (exercice fréquent pour les idéo-

linguistes en raison de son sujet), l’autre un court dialogue entre deux villageois. Avec les

phrases d’exemples dans la grammaire, ils constituent le corpus de la langue en action.

7.2.1.1 Objectifs qualitatifs

La grammaire présentée en annexe A est en quelque sorte la seule clé permettant,

en conjonction avec le dictionnaire, d’interpréter et de produire des énoncés, puisque le

tüchte n’est actuellement la langue maternelle de personne. D’où l’importance du degré

d’exhaustivité dans la description.

Parmi les phénomènes qui ne sont pas décrits :

— La phonotactique (structure de la syllabe).

— Un classement des verbes selon leurs formes de présent pluriel et de passé.

— Les collocations verbe-nom idiomatique du type « faire du foin », « mettre son

grain de sel », « se prendre au jeu », etc.

— Les emplois exacts (concrets et métaphoriques) de chaque préposition.

— La nature et les emplois des idéophones (sons iconiques) comme présentées dans

Dingemanse (2018).

De plus, le dictionnaire de l’annexe C manque de finition. Il souffre, comme la gram-

maire, de l’absence d’exemples ; les étymologies, pourtant déjà notées dans le fichier

CHAPITRE 7. LA CONSTRUCTION VUE DE L’EXTÉRIEUR

96

source XML, ne sont pas encore visibles publiquement ; et la classification en parties du

discours manque de rigueur. Par exemple, les noms sont encore divisés en al aliénable

et in inaliénable, une distinction sémantique qui était importante grammaticalement en

t=0 mais ne signifie plus grand’ chose en t=67.

Il est vrai que les idéolinguistes s’accordent à dire qu’il est impossible de parler

d’« achever » une langue. Dans les mots de Mark Rosenfelder (2010) :

At some point, after writing four pages of your grammar or forty, you may
wonder when a language is done.
One answer you may not want to hear: never. You can always find some-
thing else to write about… there are thousands of books about English, and
there are still things we don’t know about it.
Or maybe this sounds better: As soon as it meets your needs. 60 […]

Du point de vue de son créateur, le tüchte est utilisable : quoiqu’en l’absence d’inter-

locuteurs il est impossible de tenir une conversation dans cette langue pour le moment,

on peut traduire des textes simples. Beaucoup de points de la grammaire ne sont pas

décrits et seront encore à éclaircir avant de s’attaquer à des énoncés plus complexes. La

question du vocabulaire se pose aussi, puisqu’il n’est pas encore possible de parler de

tous les sujets.

60. « À un certain moment, après avoir écrit quatre ou quarante pages de grammaire, vous vous deman-

derez sûrement quand une langue est finie.
Une réponse que vous n’aimeriez peut-être pas entendre : jamais. Vous pourrez toujours trouver quelque
chose d’autre à décrire… Il y a des milliers de livres sur l’anglais, et toujours des choses que nous ignorons
à son sujet.
Ou peut-être plutôt : dès que vos besoins sont remplis. » Notre traduction.

Conclusion

Au travers de ce mémoire nous avons essayé de savoir si les langues artificielles

pouvaient être un objet d’étude au même titre que les langues naturelles et de comprendre

comment elles pouvaient être construites.

Tout d’abord, il apparaît maintenant évident que le sujet est très vaste et ne peut plus

se laisser circonscrire à la seule sphère de la psychiatrie, comme ont pu l’affirmer de

précédents auteurs : l’histoire documentée des langues inventées en pleine conscience

remonte à quelque mille ans et montre que les buts recherchés ont à chaque fois été très

différents : communication spirituelle, communication internationale, communication

clarifiée ; mais ce n’est pas tout. D’autres placent la communication au second plan der-

rière une exigence esthétique, à destination d’un public (langues artistiques) ou du seul

auteur (langues personnelles) ; ou encore la langue est-elle créée pour ce qu’elle peut

servir à prouver comme hypothèses linguistiques ou psychologiques (langues expéri-

mentales).

Chaque type d’idéolangue exige une méthodologie distincte dans sa construction.

Les langues naturalistes, dont le but est de faire illusion à l’œil de la personne qui tra-

vaille elle-même avec les langues, sont générées à partir de schémas qui se rapprochent

(dans un laps de temps beaucoup plus court) de l’évolution des langues naturelles, telle

que les linguistes ont pu les définir : évolution phonétique, emprunts, changements sé-

mantiques et grammaticaux découlant d’une utilisation quotidienne. Pour comprendre

ce phénomène de première main, nous avons nous-même entrepris de construire une

97

CHAPITRE 7. LA CONSTRUCTION VUE DE L’EXTÉRIEUR

98

telle langue ; et, une fois que cette langue, baptisée tüchte, fut jugée assez solide, vérifier

si elle faisait illusion.

Une estimation objective aurait demandé de soumettre la grammaire en annexe A

à des personnes ignorant tout de son origine en tant que langue construite, ou de leur

soumettre des textes et des enregistrements en même temps que des descriptions et des

extraits de langues naturelles peu connues ; par la suite leur demander de classer ces

langues sur une échelle de plausibilité.

Le problème est le suivant : comment définir la plausibilité ? L’individu moyen (en

France tout du moins) n’est pas naturellement en contact avec beaucoup de langues et

n’a, de fait, aucune échelle de référence pour juger des structures « naturelles ». Une

démonstration informelle dans l’entourage de l’auteur s’est révélée peu concluante, les

participants n’ayant rien trouvé de mieux à dire que le tüchte rappelait le russe (ce qui,

phonétiquement et prosodiquement, n’est pas plausible). Ce seraient donc des personnes

travaillant au quotidien avec les langues, comme les linguistes, qui devraient être ap-

prochées. Campbell (2014), parlant des fausses langues qu’il croisa au cours de ses re-

cherches sur le terrain en Amérique Centrale, mentionne la phonologie identique à celle

de la langue dominante de la région, l’inconstance des paradigmes proposés et le vo-

cabulaire visiblement relexifié comme indices d’invention de la part des informateurs.

Le premier et le deuxième paramètres sont assez facilement évitables par l’idéolinguiste

qui connaît plus de deux langues et note consciencieusement ses règles de grammaire ;

il est plus difficile de se dégager du troisième, qui demande de réfléchir à chaque mot

avant de l’inscrire dans le dictionnaire.

Mais on ne peut pas aller plus loin que cela : de grands débats ont cours dans le monde

académique au sujet même de ce qui fait les structures partagées par toutes les langues

humaines, les fameux universaux du langage. D’après Evans et Levinson (2009) qui les

ont passés en revue, ils posséderaient tous au moins un contre-exemple quelque part. Ce

qui signifie que la découverte d’une structure imprévue par les théories est tout à fait

CHAPITRE 7. LA CONSTRUCTION VUE DE L’EXTÉRIEUR

99

possible. Pour donner un exemple, dont la plausibilité aurait pu être mise en doute s’il

ne s’était agit d’une véritable langue parlée au Maroc, voyons le berbère de Ghomara :

en raison d’un bilinguisme parfait avec l’arabe régional, les verbes se conjuguent selon

deux tiroirs verbaux distincts d’après l’étymologie du mot (aoriste/parfait/imparfait et

accompli/ inaccompli), seuls les noms arabes distinguent les formes avec article et sans,

et le passif est supplétif pour tous les verbes d’étymologie berbère (Mourigh 2016).

Ou encore le pirahã, langue amazonienne dont on débat encore si la syntaxe est capable

d’exprimer la récursivité (subordonnées relatives et complétives, syntagmes possessifs

du type « la femme du frère de Jean », etc.), phénomène grammatical que les générati-

vistes de l’école chomskyenne considèrent comme la base du langage humain (Everett

2009b).

Il apparaît donc peu utile d’effectuer des tests qui n’existent même pas pour les

langues naturelles. Seule une analyse du tüchte en tant que langue de communication

effective pourrait se présenter comme objective et significative ; mais pour cela, cette

langue devra être employée en contexte réel, posséder un corpus de textes plus consé-

quents, chercher ses limites ; encore un long chemin à parcourir.

Toutefois, les premiers pas ont été effectués, qui ont lancé le tüchte sur le chemin du

naturalisme. Au cours de ce travail, des connaissances importantes relatives au fonction-

nement de nombreuses langues naturelles ayant servi d’examples ont été acquises, ainsi

que des méthodologies employées en lexicographie et dans la description de la morpho-

syntaxe. À l’avenir, ceci permettra sûrement d’obtenir une plus grande efficacité dans la

création de nouvelles langues, que ce soit en vitesse ou en qualité ; et ce dans n’importe

quel cadre, qu’il soit académique, politique, artistique ou personnel.

Annexe A

Le tüchte

A.1

Introduction

A.1.1 Histoire de la langue

Le tüchte (autonyme tüxtə) est une langue minoritaire parlée dans la région du Hoh-

wald, dans les Vosges alsaciennes. Bien qu’elle contienne un grand nombre d’emprunts

au français et au dialecte alsacien environnant, cette langue ne leur est pas apparentée.

De fait, il s’agit d’un isolat linguistique sans relations connues. Si sa phonologie et sa

prosodie reste dans la moyenne de la région, grammaticalement, le tüchte se distingue

grandement, sur certains points, de la moyenne des langues européennes :

— Dans les structure de complément du nom et d’adjectifs épithètes, c’est le déter-

miné qui est marqué, et non pas le déterminant.

— Le verbe distingue morphologiquement un passé proche d’un passé lointain.

— La négation ne fait pas intervenir un mot indépendant, mais est fusionnée avec les

marques de personne du verbe.

— L’expression du passif consiste en un « contre-accord » en nombre entre le sujet

et le verbe.

100

ANNEXE A. LE TÜCHTE

101

— La réduplication (partielle et totale) est un processus dérivationnel et grammatical

productif.

La première mention du tüchte consiste en une liste de vocabulaire rassemblé par

une nonne anonyme de l’abbaye d’Andlau au xiiie siècle. Sur deux pages de parchemin

sont écrits des mots désignant plantes et animaux dans une forme ancienne de tüchte,

avec leurs traductions en latin. Puis la langue et ses locuteurs ne font plus parler d’eux

jusqu’en 1621, où l’on trouve mention d’un « Johannes Sellunkie von Kirichetsch » dans

une affaire de procès concernant le meurtre d’un forestier à Andlau. Ensuite, il est fait

régulièrement mention de la région et de la langue étrange qui y a cours dans les écrits des

colons Suisses et Autrichiens venus s’y installer après la Guerre de Trente Ans, quoique

le plus souvent il n’y a pas de distinction faite avec les dialectes romans parlés ailleurs

dans les Vosges.

Le premier à avoir pris conscience que le tüchte était une langue originale et non

pas seulement un dialecte roman ou germanique, et à en avoir fait une description som-

maire est le géologue allemand Theobald von Wintzen en 1897. Venu faire des relevés

géologiques dans les Vosges, il s’intéresse aux mœurs des habitants de la zone et écrit

quelques quatre-vingt-dix pages de textes narratifs et de description lexicale. Cependant,

sans que l’on sache vraiment pourquoi, il ne publie pas ses recherches, qui resteront dans

ses documents privés.

Pour cette raison, le père Henri Pernot, détaché en la paroisse de Kiritsch par le dio-

cèse de Strasbourg en 1935, a le sentiment de faire une véritable découverte lorsqu’il

se rend compte que certaines de ses ouailles s’expriment entre elles dans une langue

qui n’est pas l’alsacien. Dans des lettres à ses collègues, il déclare avoir « découvert

un idiome des plus particuliers, dont l’antiquité paraît assurée par ses nombreux ar-

chaïsmes » 61. Il est pénétré de l’idée que le tüchte est un reliquat celtique, et entreprend

de le comparer avec le breton, le gallois et le vieil-irlandais ; mais la guerre interrompt

61. Source : communication personnelle

ANNEXE A. LE TÜCHTE

102

ses travaux, et il meurt peu de temps après la Libération, sans laisser de conclusions.

C’est par hasard que l’auteur de ces lignes est entré en possession du manuscrit du

professeur von Wintzen ; dès qu’il y eut possibilité de vérifier ses dires, l’idée vint de

compléter ce travail.

A.1.2 Locuteurs et littérature

Les locuteurs du tüchte sont presque exclusivement concentrés dans le village de

Kiritsch et les hameaux alentours (Muepuwatsch, Pipatschludwig, Premmatsch). Pour

la plus grande partie de son histoire connue, le tüchte a été parlé par des montagnards

pasteurs. La langue utilisée lors des contacts avec d’autres communautés était le dialecte

alsacien. Le changement des modes de vie au cours du siècle dernier, dont la hausse du

tourisme de montagne, a bouleversé les habitudes linguistiques, d’abord au profit de

l’allemand, puis du français. En 2017, près de 90 personnes ont déclaré comprendre

le tüchte à des degrés divers, et parmi elles environ 20 le parlaient couramment 62. La

majorité a plus de quarante ans, et tous parlent également français et alsacien : il apparaît

que les jeunes générations se font de moins en moins transmettre la langue, privilégiant

le français.

Comme d’autres langues minoritaires en France, le tüchte ne bénéficie d’aucune pro-

tection de la part de l’État. En 1974, confronté à la diminution du nombre de locuteurs,

René Hopfe fonde le Hepruworpatsch Iskotoratsch Tüchte (HIT), le groupe de défense

de la langue, vouée à promouvoir la création d’une littérature écrite et à la transmis-

sion aux jeunes générations. C’est à ce groupe que l’on doit la création des orthographes

employées de nos jours (A.2).

Trois ouvrages (hors brochures du HIT) écrits entièrement en tüchte ont été édités :

deux recueils de poésie (Siepfe bu Pipe et Horturantsch Selé om) par Sylvie Zimmer-

mann en 1987 et 2001, et un livre illustré de contes (Folantch a tsavats mim) par Claude

62. Selon le questionnaire préalable à cette étude.

ANNEXE A. LE TÜCHTE

103

Zimmermann et Christian Premunke en 2007.

A.1.3 Raisons et portée de cette étude

Excepté le lexique du professeur von Wintzen (dont on n’a aucune copie), il n’existe

aucune trace du tüchte dans la littérature scientifique, ce qui est très étonnant compte

tenu de l’originalité de cette langue isolée si près du cœur de l’Europe. Il s’agit, avec

le basque, de la seule trace vivante du passé linguistique du continent avant l’arrivée

des familles indo-européennes et finno-ougriennes. La langue étant moribonde, il y a

urgence à la documenter avant que ces données ne nous soient à jamais inaccessibles.

Si de plus il arrivait que, dans un temps futur, les héritiers des derniers locuteurs cher-

chassent à renouer avec leurs racines linguistiques, cette description serait la fondation

sur laquelle la langue pourra se reconstruire.

ANNEXE A. LE TÜCHTE

A.3 Orthographe

A.3.1 Transcription scientifique

104

Tous les mots tüchtes mentionnés dans cette grammaire suivent la transcription pro-

posée pour la première fois par le professeur von Wintzen. Elle possède l’avantage sur

l’orthographe d’usage d’être plus compact (aucun di-, tri- ou quadrigraphe), de noter

plus finement les distinctions prosodiques (A.4.3) et surtout d’être cohérente. Le tableau

A.1 montre les correspondances phonème/graphème lorsqu’elles diffèrent de l’alphabet

phonétique international.

Table A.1 : Correspondances de l’API et de la transcription
Phonèmes Graphèmes

/p͡ f/
/t͡ s/
/t͡ ʃ/
/d͡ ʒ/
/ʃ/
/j/
/o̞ /
/ɛ/
/ø̞ /
/y/

pf
ts
č
ǰ
š
y
o
ä
ö
ü

A.3.2 Orthographe d’usage

Le tüchte est rarement employé à l’écrit. Quand il l’est, la retranscription est ad hoc et

irrégulière. Seuls les textes publiés par le HIT et la famille Zimmermann sont cohérents

en interne, mais s’opposent sur plusieurs points (tableau A.2).

ANNEXE A. LE TÜCHTE

105

Table A.2 : Variations des orthographes contemporaines

Phonème Brochures du HIT (1974-) Zimmermann (1987) Zimmermann (2007)

/j/
/s/
/v/
/w/
/x/
/z/
/ʃ/
/d͡ ʒ/
/p͡ f/
/t͡ s/
/t͡ ʃ/
/ɛ/
/e/
/ə/
/ø̞ /
/y/
/u/


/





/

<ä>
/
/
<ö>
<ü>










<ä>
<é>

<ö>
<ü>


/



/



<è>
<é>/



A.4 Phonétique et phonologie

A.4.1 Consonnes

Le système consonantique tüchte comporte vingt-cinq membres (tableau A.3). Mal-

gré le faible nombre de locuteurs, il est susceptible de varier : ainsi, certains locuteurs
ont systématiquement [z] pour /d͡ ʒ/. D’autres réalisent les occlusives sourdes avec une

légère aspiration. Enfin, presque tous les locuteurs réalisent le /r/ comme un [ʁ], comme

en alsacien ou en français.

A.4.2 Voyelles

Le système phonologique comporte huit voyelles phonémiques (figure A.1). Dans

les monosyllabes ouvertes, il existe une opposition binaire de longueur, par ex. lū « nous

ANNEXE A. LE TÜCHTE

106

Table A.3 : Consonnes tüchtes

Bilabiales Apicales Palatales Vélaires Labio-vélaire Glottale

m
p
b
p͡ f

f
v

Nasales
Occlusives sourdes
Occlusives sonores
Affriquées sourdes
Affriquées sonores
Fricatives sourdes
Fricatives sonores
Semi-consonnes
Rhotique
Latérale

n
t
d
t͡ s

s
z

r
l

ŋ
k
ɡ

x

t͡ ʃ
d͡ ʒ
ʃ

j

h

w

u(cid:15)

o̞(cid:15)

y(cid:15)i (cid:15)

e (cid:15)

ø̞(cid:15)
ɛ (cid:15)

ə

a (cid:15)

Figure A.1 : Voyelles tüchtes

(exclusif) » lu « nous sommes ». Il n’y a pas de diphtongues : les voyelles se trouvant en

hiatus forment des syllabes séparées. Un coup de glotte [ʔ] est audible devant les voyelles

accentuées précédées d’une autre voyelle (ou derrière si une voyelle non-accentuée suit).

A.4.3 Prosodie

L’accent tonique en tüchte se place sur la dernière syllabe du mot excepté si le noyau

est /ə/, auquel cas l’accent se porte sur l’avant-dernière syllabe. Les syllabes accentuées

ouvertes connaissent une opposition tonale entre l’intonation faiblement montante et

l’intonation fortement montante (notée par un accent aigu).

ANNEXE A. LE TÜCHTE

107

A.4.4 Morphophonologie

A.4.4.1 Alternance /ə/ /a/

La voyelle /ə/ ne peut apparaître qu’en finale absolue de mot. Lorsqu’elle perd cette

position, par suffixation ou composition, elle devient /a/.

ANNEXE A. LE TÜCHTE

A.5 Noms

A.5.1 Variations du radical

108

La plupart des noms possède deux formes de radical, dites libre et construite. Cette

dernière est employé à chaque fois qu’un suffixe s’ajoute à la racine. Il peut s’agir de

modification de la syllabe finale ou simplement de la consonne. Le tableau A.4 montre

les transformations les plus courantes.

Table A.4 : États libre et construit

État libre
-V̄
-V̄
-V̄
-V̄
-Vi
-Vu
-V[+ton montant]
-V[+ton montant]
-V[+ton montant]



-s

État construit
-V(cid:1)
-Vr(cid:1)
-Vn(cid:1)
-Vt(cid:1)
-r(cid:1)
-l(cid:1)
-Vk(cid:1)
-Vs(cid:1)
-Vx(cid:1)
-ay(cid:1)
-o(cid:1)
-i(cid:1)
-z(cid:1)

A.5.2 Pluriel

Il existe trois stratégies pour exprimer le pluriel sur le nom : la mutation initiale, la

suffixation et la modification du radical. Ces stratégies peuvent se mêler.

A.5.2.1 Mutation initiale

La mutation initiale concerne les noms débutant par une voyelle, à laquelle on préfixe
/h/, ou les consonnes /p t k j/ (suivies par une voyelle ou /l r n w j/), qui deviennent /p͡ f

ANNEXE A. LE TÜCHTE

109

t͡ s h ʃ/.

alə

halə

« cure-dent »

pitə

pfitə

« cheveu »

plüv

pflüv

« plume »

tef

tsef

« corne »

trexo

tsrexo « idiot »

kassi hassi

« chêne »

krá

hrá

« corbeau »

yextə

šextə

« nuit »

Deux noms débutant par kw- changent celui-ci en f-.

kwal

fal

« étalon »

kwiri

firi

« curieux »

Deux noms débutant par š- change celui-ci en ǰ-.

šekev ǰekev

« fille »

ǰeri

šeri

« garçon »
Un nom débutant par v- change celui-ci en b-.

vī bī

« vin, alcool »

Ce procédé n’est plus productif pour les emprunts, sauf s’ils débutent en voyelle ou

en /k/.

A.5.2.2 Suffixation

La suffixation au pluriel concerne les noms dont la première consonne ne peut pas

muter, et les emprunts. Il s’agit d’un phénomène productif.

Les désinences en jeu sont -ə et etə. Ils se répartissent comme suit.

Prennent -ə les noms qui :

— ne changent pas de consonnes à l’état construit.

— finissent par une consonne ou une voyelle autre que -a à l’état construit.

Prennent -etə les noms qui :

ANNEXE A. LE TÜCHTE

110

— changent leurs consonnes à l’état construit.

— finissent en -ə.

Ces deux désinences remplacent d’éventuelles voyelles finales.

pfifi

pfifə

« sifflement »

tsavu tsavə

« enfant »

La répartition n’est pas entièrement régulière et il n’est pas forcément possible, à

partir de l’état construit, de connaître la désinence du pluriel. Dans certain cas, le désir

d’éviter l’homonymie de deux formes est en jeu : Le nom ros « rose » fait au pluriel

rosetə, et non pas rosə, qui est le pluriel de ró « cheval ».

Deux noms monosyllabiques se terminant en voyelle présentent la terminaison -tə.

čō

čotə

« graisse jaune »

sū sutə

« noix »

A.5.2.3 Formations irrégulières

Quelques pluriels consistent en une modification de leur première voyelle en même

temps que la mutation.

pati pfetə

« araignée »

D’autres ne connaissent que la métaphonie.

bai

beə

« brebis »

mū mǖ

« mari »

« chaussure »

yälə yelə

« oreille »

Enfin, certains noms ajoutent des consonnes imprévisibles.

ǘ

urú « sanglier »

yǟ yeši

« coq »

ANNEXE A. LE TÜCHTE

A.5.3 Ezzafe

111

Les noms modifiés par un complément ou un adjectif prennent une terminaison ap-

pelée ezzafe 63. Celle-ci varie à la fois selon le nombre et la définitude du nom, ce qui

donne quatre variantes.

A.5.3.1 Ezzafe indéfini

L’ezzafe indéfini singulier consiste à ajouter un -č à l’état construit des noms, -ač

s’il se termine en consonne ou -ə(cid:1) (lequel disparaît).

L’ezzafe indéfini pluriel remplace ce -č par un -nč, toujours sur le radical construit ;

mais les pluriels par mutation initiale la conservent.

A.5.3.2 Ezzafe défini

L’ezzafe défini singulier présente deux formes : un -e sur l’état construit se finissant

en consonne ou -a(cid:1), et rien pour l’état construit se finissant par d’autres voyelles.

L’ezzafe défini pluriel remplace les suffixes de pluriel, mais laisse l’éventuelle muta-
tion initiale. Il est en -ats pour l’état construit en consonne ou -a(cid:1), -ts pour l’état construit

finissant par d’autres voyelles.

A.5.4 Noms composés

Les noms formés de deux lexèmes indépendants possèdent quelque particularités de

flexion. Lorsque leur premier membre est un nom, celui-ci a un ezzafe (défini ou indéfini

selon le sens). L’ezzafe indéfini pluriel a la forme -n au lieu de -nč.

63. Par analogie avec des structures similaires dans les langues iraniennes.

ANNEXE A. LE TÜCHTE

A.5.4.1 Nom-Nom

112

Seul le premier membre d’un composé nom-nom peut varier en nombre. Lorsque le

composé est suivi par un complément, c’est le second membre qui prend l’ezzafe.

Singulier

Pluriel

saroč-yu

saron-yu

« lisière »

vašač-Yesú vasan-Yesú « pensée (fleur) »

A.5.4.2 Nom-Adjectif

Les noms composés avec adjectifs ont les deux membres qui s’accordent en nombre :

ils prendront donc tous les deux une marque de pluriel. Comme pour les autres composés,

c’est le second membre qui prend l’ezzafe en cas de complémentation. Certains adjectifs

ont une inflection particulière (A.5.5)

A.5.4.3 Numéral-Nom

Les noms composés dont le premier membre est un numéral ont un état libre caracté-

risé par une désinence -am, -m ou -ə sur l’état construit. Cette désinence disparaît pour

l’état construit.
État libre

État construit
bets-mur(cid:1)

bets-murə
ka-süram ka-sür(cid:1)
paš-büvam paš-büv(cid:1)

« tronc double »

« mille-pattes »

« trèfle à quatre feuilles »

A.5.5 Adjectifs

Les adjectifs sont une catégorie assez peu définie en tüchte. Les constructions ezzafe

permettent d’utiliser n’importe quel nom comme complément, et leur morphologie ne

différera pas de celle des noms indépendants.

ANNEXE A. LE TÜCHTE

113

(1) Naŋké

3pl.neg

sera
être.prs.pl

ladetə
loup-pl

el
dans

Fraŋkə.
France

Il n’y a pas de loups en France.

(2) Neyə

boire.prs.sg

ni
1sg

zansülió
seulement


def

bire
bière-cs.def.sg

Fraŋkə.
France

Je ne bois que de la bière française.

Toutefois, il y a deux classes de noms majoritairement employés en tant qu’adjectifs qui

possèdent des formes particulières de pluriel.

A.5.5.1 Noms en -ó

Certains noms se terminant au singulier en -ó (état construit -os) changent cette

voyelle en -a au pluriel.

äskävó

äskäva

« gaucher »

čivó

eiró

čiva

eira

« lourd »

« hostile »

mazató mazata

« étroit »

Quelques noms dont la dernière voyelle porte un ton haut rentrent aussi dans cette

catégorie.

miyö́ miyöa « noir »

tiyé

tyé

tiyea

« nouveau »

tyea

« laid »

A.5.5.2 Préposition-Nom

Les noms formés avec un préfixe provenant d’une préposition de la langue forment

toujours leur pluriel en suffixant -a, quelle que soit la qualité de l’initiale de mot (voir

A.5.2.1). Ainsi yupezi « friche », construit à partir de ezi « maître » et de yup- « sans »,

fait au pluriel yupeza et non pas *šupezi ; tout comme elčiv « adapté », de el- « dans »

et čiv « œil », fait elčiva et non pas *helčiv.

ANNEXE A. LE TÜCHTE

A.5.6 Noms possédés

114

Quatre noms de parenté peuvent marquer (au singulier seulement) une catégorie sup-

plémentaire sur le radical : la possession par les 1re et 2e personnes du singulier. Il s’agit

de nin « mère », tū « père », pō « grand-père » et mam « grand-mère ».

1sg

nin

2sg

pin

patu

napo pepo

nin

mam nam pwam
C’est une stratégie en recul, qui est souvent remplacée par l’ezzafe possessif (voir

A.12.2.1).

ANNEXE A. LE TÜCHTE

A.6 Pronoms

A.6.1 Pronoms personnels

115

Le tüchte distingue le singulier et le pluriel dans les pronoms personnels, mais pas le

genre, tout comme pour les noms. La première personne du pluriel distingue l’exclusif

(n’incluant pas l’interlocuteur) de l’inclusif (incluant l’interlocuteur). La seconde per-

sonne du pluriel peut être employée pour un singulier par politesse, comme en français

et en alsacien.

Seuls dans toute la flexion nominale, les pronoms personnels se déclinent selon

quatre cas : nominatif, accusatif, génitif et prépositionnel. Ils peuvent également être

suivis de compléments, et de ce fait ont une forme d’ezzafe ; les pronoms ne se déclinent

pas dans ce cas. Le tableau A.5 montre les cinq formes de chaque pronom.

Table A.5 : Pronoms personnels

Nominatif Accusatif Génitif

Prépositionnel Ezzafe

1sg
2sg
3sg
1pl.excl
1pl.incl
2pl
3pl






ī
nats

o ~ ō
peyə
so ~ sō
luə
miyə
ya ~ yā
natso

om
pem
sam
lüm
mim
yem
natsam

ov(ə)
pev(ə)
sev(ə)
luev(ə)
miyev(ə)
yev(ə)
natsev(ə)

nič
pič
sač
luč
mič

natsač

A.6.2 Pronoms démonstratifs

Il y a deux pronoms démonstratifs : kiksa pour les animés, et kō pour les inanimés.

Leurs pluriels sont respectivement kiknats et hō.

ANNEXE A. LE TÜCHTE

A.6.3 Pronoms indéfinis

116

Le pronom indéfini animé est očə « quelqu’un », l’inanimé ičə « quelque chose ».

Ils n’ont pas de formes de pluriel, même s’ils peuvent être employés avec ce sens, et

peuvent être modifiés par un complément sans prendre d’ezzafe.

(3) Očə

quelqu’un

nyalpa.
gentil-pl

Des gens gentils.

A.6.4 Pronoms négatifs

Les pronoms négatifs sont kirə « personne » et kiro « rien », invariables.

A.6.5 Pronoms interrogatifs

L’interrogatif se référant à l’identité d’une personne est oni « qui ? ». L’interrogatif

se référant à l’identité d’une chose ou d’une personne dans une suite connue est vetsə

« lequel ? ». L’interrogatif se référant à l’identité d’une chose est ini « quoi ? ». Ils ne se

déclinent pas, mais connaissent des formes fusionnées avec les copules (voir A.8.1.2).

ANNEXE A. LE TÜCHTE

A.7 Déterminants

117

Les déterminants sont des éléments préposés à des groupes nominaux qu’ils modi-

fient, et qui ne s’accordent pas avec eux. Ils apportent des informations d’actualisation

du référent (articles, démonstratifs) et de nombre (quantitatifs, numéraux).

A.7.1 Articles

Trois éléments invariables remplissent la fonction d’article, semblable à ce qui se

trouve dans les langues romanes et germaniques. Il s’agit de kə, üf et üflə ; les deux

premiers correspondent en gros respectivement à l’article défini et à l’article indéfini,

le troisième s’emploie dans des phrases négatives et avec le sens de « quelque » (voir

A.12.1).

A.7.2 Démonstratifs

Il n’existe qu’un seul déterminant démonstratif en tüchte, kí « ce », sans distinction

de distance.

A.7.3 Quantitatifs

Certains déterminants quantitatifs semblent être d’ancien premiers éléments de struc-

tures d’ezzafe, eu égard à leur terminaison caractéristique en -(a)č. Il s’agit de lipač « peu

de », luvič « beaucoup de » (noms comptables) et kamurač « beaucoup de » (noms mas-

sifs).

A.7.4 Interrogatifs

Il existe trois déterminants interrogatifs : vets « quel », kasobrač « combien de » et

snobrə « le combientième ».

ANNEXE A. LE TÜCHTE

A.7.5 Numéraux

A.7.5.1 Cardinaux

118

La forme de base des numéraux cardinaux est celle employée en comptant ; lorsqu’ils

déterminent des noms, leur forme change selon que le mot suivant débute par une voyelle

ou une consonne.

À partir de 20, les rangs se suivent joints avec un élément -l(e)-. La consonne initiale

de cet élément peut ne pas être exprimée dans la parole rapide.

Les noms des dizaines après 20 sont empruntés à l’alsacien ; 100 peut être exprimé ou

par un emprunt hondat ou par un terme plus natif üvakam, qui a le sens supplémentaire

de « innombrable ».

Pause

Prévocalique Préconsonantique

0 nul

1 üf

2 bets

3 kā

4 paš

5 müf

6

7

8

viks

ats

9 derv

10 lā

11 üvla

12 betsla

13 karda

14 pašla

kar

sit

üvlá

betslá

kardá

pašlá

üvə

betsə

karə

pašə

müvə

viksə

sitə

atsə

dervə

laə

üvlaə

betslaə

kardaə

pašlaə

ANNEXE A. LE TÜCHTE

119

Pause

Prévocalique Préconsonantique

15 müvla

16 viksla

17 karšebis

18 betsebis

19 üsebis

20 bis

21 bizlüf

22 bizlebets

müvlá

vikslá

müvlaə

vikslaə

karšebizə

betsebizə

üsebizə

bizə

bizlüvə

bizlebetsə

23 bizleka

bizlekar

bizlekarə

24 bizlepaš

25 bizlemüf

26 bizleviks

27 bizlesi

28 bizlats

29 bizlederv

30 dritsik

40 firtsik

50 fentsik

60 saxtsik

70 sevitsik

80 oxtsik

90 nintsik

bizlesit

100 hondar/üvakam —

1000 füsu

füsun

bizlepašə

bizlemüvə

bizleviksə

bizlesitə

bizlatsə

bizledervə

dritsikə

firtsikə

fentsikə

saxtsikə

sevitsikə

oxtsikə

nintsikə

ANNEXE A. LE TÜCHTE

A.7.5.2 Ordinaux

120

Les ordinaux ne sont pas des déterminants : ils sont de véritables noms et doivent

pour être épithètes d’un groupe nominal venir derniers dans une structure d’ezzafe.

(4) Treč
voici


def

haroyots
pl/paysan-cs.def.pl

skuvə.
premier-pl

Voici les premiers paysans.

À part « premier » (skuv) et « second/deuxième » (čal) qui sont supplétifs, les or-

dinaux sont formés depuis la forme pausale des numéraux par préfixation ; la forme du

préfixe dépend de l’initiale du radical, s- devant voyelle et occlusive sourdes, za- devant

le reste.

(5)


3sg.nom


3sg

zamüf
cinquième

myé
depuis

olpə.
taille

Il est cinquième en taille.

A.7.5.3 Distributifs

Le distributif, qui est une forme adverbiale, s’obtient par une sorte de réduplication

totale : la forme préconsonantique du cardinal est préfixée à la forme pausale. Cependant,

ə devient a et l’éventuelle voyelle longue de la forme pausale est abrégée.

(6) Kə
def

beə
brebis.pl


3pl

mivera
venir.prs.pl

karaka.
dist(cid:24)trois

Les brebis vinrent trois par trois.

ANNEXE A. LE TÜCHTE

121

A.8 Verbes

A.8.1 Copule

Des clitiques atones, dont les formes rappellent les pronoms indépendants, expriment

la personne et le nombre.

ni

pe

lu

1sg

2sg

3sg

1pl.excl

mi 1pl.incl

ye

2pl

3pl

A.8.1.1 Formes négatives

La copule présente des formes négatives synthétiques, qui sont elles toujours ac-

centuées – et se placent de fait toujours devant le verbe. Moyennant des modifications
vocaliques (/i/ ! /e/ aux 1res personnes, /e/ ! /a/ aux 2es personnes et (régulièrement)
/ə/ ! /a/ aux 3es personnes), il s’agit d’un suffixe -ŋké joint aux formes simples.

neŋké

paŋké

saŋké

1sg

2sg

3sg

luŋké

1pl.excl

meŋké 1pl.incl

yaŋké

naŋké

2pl

3pl

ANNEXE A. LE TÜCHTE

122

Table A.7 : Formes soudées

Mots

Copule

ini « quoi »

oni « qui » vetsə « lequel »

eví « où »

vei « où (directif) »

ni
pe

lu
mi
ye

inni
impe
insa
illu
immi
inye
inna

onni
ompe
onsa
ollu
ommi
onye
onna

vetsani
vetsape
vetsa
vetsalu
vetsami
vetsaye
vetsana

evinni
evimpe
evisa
evillu
evimmi
eviye
evinna

veini
veipe
veisa
veilu
veimi
veye
veina

A.8.1.2 Formes soudées

Dans certains cas, c’est la copule qui porte l’accent plutôt que le mot précédent.

C’est surtout vrai avec les pronoms et adverbes interrogatifs en initiale de phrase. La

transcription traduit ce fait par une orthographe soudée, d’autant plus nécessaire que ces

fusions sont parfois simplifiées phonologiquement (tableau A.7).

Les formes négatives n’ont pas de formes soudées.

(7) Veipe

où-2sg

savə
courir.prs.sg

?

Où cours-tu ?

A.8.2 Présent

Les verbes au présent distinguent le singulier et le pluriel à la fois par des terminai-

sons distinctes et souvent par une modification du radical. Le radical du présent singulier

est la forme de citation des verbes ; on lui ajoute la terminaison -ə, sauf s’il s’agit d’un

monosyllabe se terminant par une voyelle longue. La forme de pluriel ajoute le plus sou-

vent une terminaison -a au radical modifié ; mais des exceptions existent, ce pourquoi la

forme de pluriel doit être indiquée toute entière dans les listes de vocabulaire.

ANNEXE A. LE TÜCHTE

A.8.3 Passé

123

Le radical du passé est formé par modification du radical présent singulier, auquel

sont ensuite ajoutés les terminaisons de distance temporelle. Cette modification peut

revêtir plusieurs formes.

A.8.3.1 Passé proche

La terminaison du passé proche est -ost- après consonne, -st- après voyelle, à laquelle

sont ensuite ajoutés les suffixes de nombre -ə et -a.

čaš(cid:1)
čašost-
kai(cid:1) kaist-

« subir »

« avoir »

A.8.3.2 Passé lointain

La terminaison du passé proche est -od- après consonne, -d- après voyelle, à laquelle

sont ensuite ajoutés les suffixes de nombre -ə et -a.

oš(cid:1)
ošod-
me(cid:1) med(cid:1)

« ouvrir »

« habiller »

A.8.4 Subjonctif

Les formes du subjonctif s’obtiennent par préfixation sur les verbes au présent et

aux passés, sans autres modifications. Le préfixe est va- devant consonne et v- devant

voyelle.

bark(cid:1) vabark-
ez(cid:1)

vez(cid:1)

« mélanger »

« pouvoir »

A.8.5 Impératif

Seules les 2es personnes connaissent des formes spéciales d’impératif. Elles se basent

sur le présent, en remplaçant le -ə du singulier par un -u et le -a du pluriel par un -ašə.

ANNEXE A. LE TÜCHTE

124

(8)

Seru
manger.prs.sg-2sg


def

mekuvui
soupe

!

Mange ta soupe !

(9)

Šrašə
manger.prs.pl-2pl


def

mekuvui
soupe

!

Mangez votre soupe !

Certains verbes commençant par une voyelle peuvent préfixer un v- à la base, comme

pour le subjonctif (A.8.4).

(10) Veruzu

subj-promettre.prs.sg-2sg

vačivirə
subj-voir.prs.sg

pe
2sg

bure
sœur-def.sg

om.
1sg.gen

Promets-moi que tu iras visiter ma sœur.

A.8.6 Participes

A.8.6.1 Présent

Le radical du participe présent est semblable en forme au présent singulier : la ter-

minaison du singulier est -ó au lieu de -ə. Au pluriel, deux formes sont possibles : celle

faisant intervenir la modification du radical du présent pluriel (avec la même terminai-

son -a), celle ne faisant intervenir que la terminaison en gardant le même radical que

le présent. Cette dernière est la plus répandue ; la première (qui est identique au présent

pluriel) ne se rencontre virtuellement que dans les textes narratifs et les proverbes.

A.8.6.2 Passé

Les participes ne distinguent pas le passé proche du passé lointain. Ils sont formés

sur le radical passé avec les terminaisons -ó au singulier et -u au pluriel.

ANNEXE A. LE TÜCHTE

A.9 Adverbes

A.9.1 Adverbes primitifs

A.9.1.1 Adverbes de lieu

125

Les adverbes de lieu non dérivés (ou dont la dérivation n’est plus apparente) sont :

ikikə « ici », eké « là-bas », betsipə « ailleurs », ayupá « alentours », trepfá « loin ».

A.9.1.2 Adverbes temporels

Les adverbes de temps non dérivés (ou dont la dérivation n’est plus apparente) sont :

burtsape « maintenant », ksalu « aujourd’hui », koxuruvu « longtemps », kuzu « hier ».

A.9.1.3 Adverbes interrogatifs

Les adverbes interrogatifs sont : eví « où ? (statique) », vei « où ? (destination) »,

vetsü « quand ? », vetsüru « combien de temps ? », vatsö « comment ? » et isivə « pour-

quoi ? ».

A.9.2 Adverbes dérivés

A.9.2.1 De noms

L’affixe encore productif pour la création d’adverbes de manière est le préfixe zaŋ-,

dont la finale change de point d’articulation devant consonne.

— ikó « simple, idiot » ! zaŋikó « bêtement »

— peltó « lent » ! zampeltó « lentement »

— savó « amer » ! zansavó « amèrement »

Un autre préfixe, kas(ə)-, s’attache à des noms à l’état construit munis des suffixes -am,

-m ou -ə. Il n’est plus productif.

ANNEXE A. LE TÜCHTE

126

— irtu « mauvais » ! kasirtum « méchamment »

— pätə « roche » ! kaspätram « durement »

A.9.2.2 De prépositions

On peut obtenir des adverbes de prépositions en les faisant précéder de dezə « comme ».

(11) Myeyostə

aller.pst-prox-sg

Il est parti avant.


3sg

dezə
comme

klí
avant

Quatre adverbes sont directement tirés de prépositions.

bu « sur »

burə

« dessus »

el

í

se

« dans »

elə

« dedans »

« hors de »

isə

« dehors »

« sous »

setə

« dessous »

ANNEXE A. LE TÜCHTE

A.10 Prépositions

127

Les prépositions sont des mots invariables qui expriment certaines relations entre les

verbes et leurs objets, ou entre les substantifs eux-mêmes.

a

« à, pour »

betsiv

« entre »

bu

el

í

« sur ; en (émotion) »

« dans »

« hors de »

kasə

« comme, en tant que »

klí

tsó

litá

myé

pivó

se

« avant »

« au sujet de »

« avec »

« de, depuis »

« après »

« durant, pendant »

« sous, lors de ; chaque »

setsešev

« en bas de »

tiu

« vers ; presque »

tornó

« autour de »

tsakliv

« devant ; contre »

tsaspiv

« derrière ; avec »

yupə

« sans »

ANNEXE A. LE TÜCHTE

A.11 Interjections

128

Les interjections sont une partie du discours entretenant très peu de, voire aucunes,

relations avec les autres. Elles servent à exprimer des émotions ou des informations

pragmatiques.

ay

äy

huy

kwé

« aïe ! ouille ! »

« eh bien, allons »

« il suffit, arrête »

« non »

märsi

« merci »

myänə

« allons(-y) »

teru ~ tru « tu vois, tsé »

vamplips

« s’il-vous-plaît »

yo ~ yō

« oui »

ANNEXE A. LE TÜCHTE

129

A.12 Syntaxe du groupe nominal

A.12.1 Articles

L’actualisation des groupes nominaux s’effectue par l’absence ou la présence de trois

articles, invariables, dont l’usage est résumé dans le tableau A.8. L’article défini kə dis-

paraît après préposition : une phrase Kō sə el beksə peut donc signifier « C’est dans

les boîtes » ou « C’est dans des boîtes ». Dans les phrases négatives, üf est remplacé

systématiquement par üflə quand il détermine un complément :

(12) Začostə

perdre.pst-prox-sg

ni
1sg

üf
ndef

kapə.
mouton

J’ai perdu un mouton.

(13) Neŋké

1sg.neg

začostə
perdre.pst-prox-sg

üflə
ndef

kapə.
mouton

Je n’ai perdu aucun mouton.

Table A.8 : Emploi des articles

Défini spécifique Défini générique

Indéfini Totalitisant

Singulier
Pluriel



üf

üflə
üflə

A.12.2 Complément du nom

A.12.2.1 Possession

Les rapports de possession s’expriment par simple concaténation Possédé-Possesseur

avec le premier membre muni d’un ezzafe déterminé ou indéterminé (A.5.3).

Lorsque le possesseur est un pronom personnel, il est au cas génitif ; le nom perd son

article et son ezzafe est à la forme déterminée.

ANNEXE A. LE TÜCHTE

130

Le pronom personnel peut, dans ce cas, être antéposé ; il semble y avoir une valeur

d’insistance.

A.12.3 Adjectifs

A.12.3.1 Épithète

L’adjectif épithète suit le nom qu’il modifie, ce dernier muni d’un ezzafe. Ils s’ac-

cordent en nombre.

(14) Yopatera

sortir.prs.pl

lu
1pl.excl

pivó
durant

narvač
temps.cs.ndefpl

ǰasó.
froid-sg

Nous sortons même par temps froid.

A.12.3.2 Attribut

L’adjectif attribut du sujet, lié au nom par la copule ou par un verbe d’état comme

ašel(cid:1) « devenir », s’accorde également en nombre.

L’adjectif attribut de l’objet ne s’accorde pas (il reste au singulier) et est préposé au

nom.

(15) Tütevə

croire.prs.sg

ni
1sg

tsavó
jeune-sg

kopüt
trop

sō.
3sg.acc

Je le crois trop jeune.

A.12.3.3 Nuanciation

Les adjectifs peuvent être eux-même modifiés par des adverbes postposés.

L’intensification fait intervenir un adverbe du type grant, kasü « très », kopüt « trop »,

ou bien la réduplication partielle de la première ou des deux premières syllabes.

(16) Kí

dem


chien


3sg

vevisó
petit-sg

grant.
fort

ANNEXE A. LE TÜCHTE

131

(17) Kí

dem


chien


3sg

vevivevisó.
int(cid:24)petit-sg

Ce chien est très petit.

Il y a également deux stratégies semblables pour diminuer le sens d’un adjectif :

l’adverbe zwisó ~ zisó « pas très, assez peu » et la réduplication, cette fois-ci totale.

(18) Ušpae

famille-cs.def.sg

pem
2sg.gen


3sg

nyalpó
gentil-sg

zisó.
très_peu

(19) Ušpae

famille-cs.def.sg

pem
2sg.gen


3sg

nyalpó
gentil-sg

nyalpó.
gentil-sg

Ta famille n’est pas très gentille.

ANNEXE A. LE TÜCHTE

132

A.13 Syntaxe du groupe verbal

A.13.1 Copule

La copule est présente chaque fois qu’il y a prédication. Sa place est après le premier

élément accentué de la phrase : il peut s’agir du groupe nominal sujet, du verbe ou des

conjonctions de subordination.

(20) Lū

1pl.excl.nom

lu
1pl.excl

kaza
vouloir.prs.pl

tüvokäletə,
sachet-pl

vamplips.
svp

Nous aimerions des sachets, s’il vous-plaît.

Une prédication peut se passer de verbe.

(21) Pī

2sg.nom

pe
2sg

yuvašui
pâle

grant
très

ksalu.
aujourd’hui

Tu es très pâle aujourd’hui.

Dans ce dernier cas, il n’y a pas de temps exprimé. Par défaut une phrase sans verbe est

sémantiquement au présent, ou au temps du verbe précédent (voir A.14.5.3). Le verbe
sir(cid:1) supplée aux formes manquantes.

(22)

Sišostə
être.pst-prox-sg

pe
2sg

yuvašui
pâle

grant
très

kuzu.
hier

Tu étais très pâle hier.

A.13.2 Verbes modaux

Certains verbes qui se retrouvent fréquemment à avoir un autre verbe en tant que

complément peuvent, quand les sujets sont coréférentiels, être raccourcis à leur forme

de citation sans terminaison ni copule. Ce sont :

ANNEXE A. LE TÜCHTE

133

« aller »

« vouloir »

« pouvoir »

as(cid:1)
ez(cid:1)
kez(cid:1)
sav(cid:1)
suv(cid:1)
« devoir »
tütev(cid:1) « penser »
Ils peuvent s’additionner.

« se dépêcher »

(23)

Suv
devoir

as
aller

vačivišostə
subj-voir.pst-prox-sg

ni
1sg

om
1sg.gen

ǰaši.
tante

Je devais aller visiter ma tante.

La seule inflection éventuelle est le préfixe subjonctif v(a)-.

A.13.3 Particules préverbales

Pour certaines distinctions aspectuelles, des particules atones peuvent se placer de-

vant le groupe verbal. Elles sont décrites plus en détail en A.14.8

ANNEXE A. LE TÜCHTE

134

A.14 Syntaxe de la phrase simple

A.14.1 Ordre des mots

Une proposition déclarative positive a le sujet avant le verbe, et les éventuels com-

pléments à sa suite ; les adverbes viennent en fin de proposition, sauf en cas d’emphase :

(24) Zampanel


3sg

í
hors_de

kez
vouloir

vušpaišostə.
subj-rentrer.pst-prox-sg

adv-fin
Finalement il a décidé de rentrer.

La copule, élément indispensable à l’actualisation du procès, vient toujours après le pre-

mier élément de la phrase (hors conjonctions de coordination). On a ainsi en résumé :

Sujet — Copule — Verbe — (Complément d’objet) — (Compléments de circonstance)

A.14.2 Négation

Les phrases sont normalement niées avec les formes spéciales de la copule (voir

A.8.1.1), toujours antéposées au verbe. La négation d’un élément de la phrase nécessite

kwé avant l’élément.

(25) Kezə

ni
1sg

kwé
neg

kō.
cela

vouloir.prs.sg
Ce n’est pas ça que je voulais.

A.14.3 Interrogation

A.14.3.1 Totale

L’interrogation totale, à réponse « oui » ou « non », consiste à inverser la position du

verbe et du sujet.

(26)

ture
Sešostə
père-cs.def.sg
manger.pst-prox-sg
Est-ce que votre père a mangé le lièvre ?


3sg

yem
2pl.gen


def

čeí
lièvre

?

ANNEXE A. LE TÜCHTE

135

Quand le sujet n’est pas exprimé, ce qui arrive souvent, ou que la phrase est no-

minale, seule l’intonation permet de distinguer une question de la phrase déclarative

correspondante.

(27)

Ī
2pl.nom

ye
2pl


def

klamnə
plombier

?

C’est vous le plombier ?

A.14.3.2 Partielle

L’interrogation partielle emploie des mots interrogatifs en début de phrase. Ce sont

des pronoms (A.6.5), des adverbes (A.9.1.3) et des groupes nominaux avec déterminants

(A.7.4).

A.14.4 Commande et prohibition

L’expression de la commande pour les 2es personnes fait intervenir les formes de

l’impératif (A.8.5), qui ne nécessitent pas d’être conjuguées avec la copule.

(28) Pizayu

apporter.prs.sg-2sg

om
1sg.gen

tose,
tasse-cs.def.sg

vamplips.
stp

Apporte-moi ma tasse, s’il-te-plaît.

En l’absence de formes correspondantes pour les 1res et 3es personnes, c’est le sub-

jonctif présent qui est employé. À noter que la 1re personne du singulier nī est sémanti-

quement incapable de recevoir un ordre, tout comme la 1re personne du pluriel exclusive

lū.

(29) Vavanda

subj-vendre.prs.pl
kespə.
besoin


3pl


def

üre
montre-cs.def.sg

pō,
grand_père

saŋké
3sg.neg

sirə
être.prs.sg

Qu’ils vendent la montre de grand-père, on n’en a pas besoin.

ANNEXE A. LE TÜCHTE

136

(30) Vayopäta

subj-arrêter.prs.pl

mi
1pl.inclmaintenant

burtsape.

Arrêtons maintenant.

La prohibition est exprimée par les mêmes formes suivies de l’adverbe négatif kwé.

A.14.5 Usages du présent

A.14.5.1 Valeur temporelle

Le présent a d’abord une valeur purement temporelle par laquelle il exprime une

action en cours.

(31) Kə
def

tsikə
oiseau-pl


3pl

kuxota
chanter.prs.pl

bu
sur

muretə.
arbre-pl

Les oiseaux chantent dans les arbres.

Les verbes dynamiques peuvent être renforcés dans cet usage par la particule d’action

progressive (voir A.14.8.1).

A.14.5.2 Valeur gnomique

Un autre usage du présent est l’énonciation d’habitudes, de vérités générales.

(32) Čivirə

visiter.prs.sg

ni
1sg

nin
1sg.mère

se
sous

ǰüdə.
jeudi-pl

Je visite ma mère tous les jeudis.

A.14.5.3 Valeur neutre

Dans les énoncés narratifs, le présent n’a pas sa valeur temporelle lorsqu’il suit un

premier verbe au passé : il reprend en quelque sorte la ligne de temps définie au début

de l’énoncé.

ANNEXE A. LE TÜCHTE

137

(33) Napšodə

vivre.pst-rem-sg
epiyó
heureux-sg

ni.
1sg

ni
1sg

el
dans

üf
ndef

hislač
maison-cs.ndef.sg

vevivevisó
int(cid:24)petit-sg

ovə
mais

Je vivais dans une toute petite maison mais j’étais heureux.

A.14.6 Usage du passé proche

Le passé proche s’emploie en parlant de procès ressentis comme proches dans le

temps. La proximité peut s’entendre jusqu’à un mois avant l’acte de parole, mais il est

plus courant de restreindre l’usage à quelques jours.

(34) Mí

ni
1sg

ladivišostə,
faire_achats.pst-prox-sg

í
hors_de

klizošostə
rencontrer.pst-prox-sg

quand
ni
2sg.grand_mère

pwam.

Quand je suis allé faire les courses, j’ai croisé ta grand-mère.

A.14.7 Usages du passé lointain

A.14.7.1 Valeur temporelle

Le passé lointain s’emploie en parlant de procès vus comme loin dans le temps.

A.14.7.2 Valeur irréelle

Dans une circonstancielle introduite par mí « quand, si » (voirA.15.3.1, l’usage du

passé lointain dans la principale (au subjonctif) et dans la subordonnée donne un sens

d’irréel du passé, sans distinction d’éloignement.

(35) Mí
si

pe
2sg

mivišodə,
venir.pst-rem-sg

vapakišodə
subj-cuire.pst-rem-sg

ni
1sg

üf
ndef

ǰarü.
gâteau

Si tu étais venu, j’aurais fait un gâteau.

ANNEXE A. LE TÜCHTE

138

A.14.7.3 Valeur d’incertitude

Employé seul ou avec des adverbes comme neka « supposément, on dit », krā « sup-

posément, il paraît », le passé lointain permet au locuteur de ne pas s’avancer quand à la

valeur de vérité de l’énoncé.

(36) Üvašodə

épouser.pst-rem-sg


3sg

üf
ndef

kayakač-Štrozbori
Strasbourgeoise

Il aurait épousé une Strasbourgeoise.

A.14.8 Usage des aspects

A.14.8.1 Aspect progressif

L’antéposition de la préposition el « dans » donne au procès une valeur progressive,

signalant que le procès est en cours au moment de l’énonciation.

(37) Tsuvaku

embêter.prs.sg-2sg

o
1sg.acc

kwé,
proh

el
dans

pakiyə
cuisiner.prs.sg

ni
1sg

!

Ne m’embête pas, je suis en train de faire la cuisine !

A.14.8.2 Aspect subit

L’antéposition de la préposition í « hors de » donne au procès un sens ponctuel fort,

mettant l’emphase sur un changement soudain et/ou inattendu.

(38) Kə
def

doktrə
docteur


3sg

í
hors_de

ǰukə.
sauter.prs.sg

Le docteur sursauta.

A.14.8.3 Aspect itératif

La réduplication totale du verbe donne un sens de répétition au procès verbal, ou

d’action qui se poursuit.

ANNEXE A. LE TÜCHTE

139

(39)

J̌aši
tante-csdefsg
sam
3sg.gen

om
1sg.gen

nizoyə
chercher.prs.sg

nizoyə
chercher.prs.sg

vits
chaussure\pl-cs.defpl

Ma tante n’arrête pas de chercher ses chaussures.

A.14.8.4 Aspect tentatif

L’antéposition de la préposition tiu « vers » indique que le procès n’a pas débuté ou

n’a pas donné le résultat escompté.

(40) Kə
def

doktrə
docteur


3sg

tiu
vers

kutsayostə
appeler.pst-prox-sg

peyə.
2sg.acc

Le docteur a essayé de t’appeler.

A.14.9 Expression de la voix

A.14.9.1 Passif

Le passif tüchte ne correspond pas tout à fait aux passifs des langues européennes,

pour lesquels, dans les verbes transitifs, l’objet remplace le sujet et ce dernier est rétro-

gradé au rang de complément prépositionnel. Il s’agit là plutôt d’une structure visant à

effacer complètement l’agent, et les phrases passives se traduisent plutôt en français par

des phrases impersonnelles avec « on ».

Une phrase active transitive devient passive en trois étapes :

1. Suppression du sujet originel.

2. Déplacement de l’objet en position préverbale.

3. Accord inverse en nombre de la copule (qui reste accordée avec le sujet) et du

verbe.

(41) Kə
def

kats
chat


3sg

serə
manger.prs.sg


def

butə.
souris

Le chat mange la souris.

ANNEXE A. LE TÜCHTE

140

(42) Kə
def

butə
souris


3sg

šra.
manger.prs.pl

La souris est mangée / On mange la souris.

On peut former des phrases où l’agent originel est rééxprimé en tant que complément

prépositionnel avec myé. Il est à noter toutefois qu’un seul locuteur considère la phrase

(43) comme entièrement grammaticale. Les autres le considèrent comme un calque de

l’alsacien.

(43) Kə
def

butə
souris


3sg

šra
mangerprs.pl

myé
de

kats.
chat

La souris est mangée par le chat.

Les participes passifs (voir A.8.6) procèdent du même phénomène :

(44) Kə
def

kape
mouton-cs.def.sg

začu
perdre.pst.pl

Le mouton perdu.

A.14.9.2 Réfléchi et réciproque

Pour signaler que l’agent et le patient désignent le même référent, le pronom objet

(ou complément prépositionnel) peut être omis.

(45) Tütevə

penser.prs.sg

pe
2sg

vaksupišosta
subj-installer.pst-rem-pl


3.pl

zaŋelčiv
bien

?

Tu penses qu’ils se sont bien installés ?

Il peut également être rédupliqué totalement.

(46) Tütevə

penser.prs.sg

pe
2sg

vaksupišosta
subj-installer.pst-rem-pl


3pl

natso
3pl.acc

natso
3pl.acc

zaŋelčiv
bien

?

Tu penses qu’ils se sont bien installés ?

Cette dernière stratégie sert aussi à l’expression de la réciprocité.

ANNEXE A. LE TÜCHTE

A.14.9.3 Factitif

141

À côté de couples lexicaux verbe simple/factitif comme ǰüev(cid:1)/maats(cid:1) « mourir »/« tuer »,

des couples dérivés ser(cid:1)/seray(cid:1) « manger »/« nourrir » et klizir(cid:1)/klizay(cid:1) « avancer »/« pous-

ser » qui font intervenir un suffixe -ay, le tüchte permet d’augmenter la valence des

verbes avec des auxiliaires divers, chacun apportant une nuance sémantique. Le verbe

complément se met au subjonctif et son premier argument se place après l’auxiliaire ;

mais si celui-ci est un pronom personnel, il est à l’accusatif plutôt qu’au nominatif.

Avec klizay(cid:1) « pousser » :

(47) Kə
def

muzekə
musique


3sg

klizayə
pousser.prs.sg

ō
1sg.acc

ni
1sg

vatantsə.
subj-danser.prs.sg

Cette musique me fait danser.

Avec vič(cid:1) « diriger » :

(48) Nū


3sg

1sg.père
zanǰutó
adv-difficile

vičodə
diriger.pst-rem-sg
kwé
kopüt,
non
trop

?

miyə
1pl.incl.acc

mi
1pl.incl

varera
subj-travailler.prs.pl

Papa nous faisait travailler bien trop dur, n’est-ce pas ?

ANNEXE A. LE TÜCHTE

142

A.15 Syntaxe de la phrase complexe

A.15.1 Relatives

A.15.1.1 Antécédents sujets et objets

Les subordonnées relatives indéterminées sont semblables aux autres structures de

complémentation : l’antécédent du syntagme relatif est muni d’un ezzafe et est suivi par

le verbe conjugué.

(49) Üf

ndef

aroyoč
paysan-cs.def.sg

mivišostə
venir.pst-prox-sg

sə.
3sg

Un paysan qui est venu.

Les relatives à antécédent déterminé ajoutent, en plus de l’ezzafe, les pronoms démons-

tratifs kiksa « celui-ci, celui-là » ou kō « ceci, cela » (suivant que le référent est animé

ou non) entre la tête et la subordonnée.

(50) Kō
ce


3sg


def

katse
chat-cs.def.sg

kiksa
celui_ci

klikašostə
prendre.pst-prox-sg

ni !

C’est le chat que j’ai adopté !

Lorsque l’antécédent joue le rôle d’objet direct de la relative, et qu’il risque d’y avoir

ambigüité avec un sujet de 3e personne, les formes nominatives des pronoms de 3e per-

sonnes sont postposées immédiatement après l’antécédent.

(51) Treč
voici

üflə
quelque

seŋaranč
chanteur-cs.ndefpl

nats
3.pl.nom

siŋara
connaître.prs.pl

nə.
3.pl

Voici quelques chanteurs qu’ils connaissent.

A.15.1.2 Autres antécédents

Les antécédents jouant le rôle de complément locatifs ou temporels ont des adverbes

relatifs dédiés, à savoir myé « où », mü « où (direction) » et mí « quand ».

ANNEXE A. LE TÜCHTE

143

(52) Neŋké

kez
vouloir

vakutsə
subj-mentionner.prs.sg


def

1sg.neg
sišodə.
être.pst-rem-sg
Je n’ai pas envie de parler du camp où il était.

lagə
camp

myé


3sg.nom

A.15.2 Complétives

La subordination d’un verbe à un autre ne requiert pas de conjonction et il n’existe pas

de mode impersonnel comparable à l’infinitif ; les formes du subjonctif (A.8.4) parent à

tous les emplois complétifs.

A.15.3 Circonstancielles

A.15.3.1 Situationelles

L’expression de l’éventualité et de l’irréel passé et présent est faite avec une subor-

donnée débutant par mí « si » suivie par une principale avec un verbe au subjonctif.

A.15.3.2 Finales

Les circonstancielles exprimant le but (« pour que, afin que ») et la crainte (« de peur

que ») sont introduites par a « pour » et emploient le subjonctif présent.

A.15.4 Concessives

Les concessives (« bien que, alors que ») sont introduites par pivó « pendant que »

et emploient le subjonctif présent.

A.15.4.1 Comparatives

La comparaison, que ce soit à partir d’un adjectif, d’un adverbe ou d’un syntagme

verbal, suit un même schéma : pour les comparatifs de supériorité et d’infériorité, un

ANNEXE A. LE TÜCHTE

144

adverbe mē « plus » ou visə « moins » se place après la valeur, et le comparé vient après

la préposition se « sur ».

(53)


3sg.nom


3sg

oró
gros-sg


plus

se
depuis

ovə.
1sg.prep

Il est plus gros que moi.

(54)

Serə
manger.prs.sg

ni
1sg

visə
moins

se
depuis

Pol.
pn

Je mange moins que Paul.

Pour les comparatifs d’égalité, le schéma change : la valeur et le comparé sont précédés

de dezə « comme ».

(55)


3sg.nom


3sg

dezə
comme

pavó
rouge-sg

dezə
comme

üf
ndef

averač-Indi.
tomate

Il est aussi rouge qu’une tomate.

ANNEXE A. LE TÜCHTE

A.16 Coordination

145

Deux ou plusieurs phrases indépendantes peuvent être coordonnées à l’aide de plu-

sieurs conjonctions dotées de sens particuliers. Ces conjonctions de coordination sont la

partie du discours la plus pénétrée d’emprunts à l’alsacien.

« et »

dan

« car »

explication

skavə

« donc » résomption

odə

ovə

« ou »

alternative

« mais »

disjonction

ANNEXE A. LE TÜCHTE

A.17 Dérivation

146

A.17.1 Création de noms et adjectifs

Divers noms (d’action, de résultat, de lieu) peuvent être créés à partir de verbes selon

trois stratégies :

1. La suffixation de -i à la base verbale, procédé productif (tsuvaki « souci » de

tsuvak(cid:1) « ennuyer »).

2. La suffixation de -pə (état construit -po(cid:1)) à la base verbale, procédé improductif

(kipə « rire » de ki(cid:1) « rire »).

3. La base verbale nue, procédé improductif (üvä « mariage » de üvay(cid:1) « épouser »).

Certains noms de lieu ou de qualité ont un autre suffixe -pə dont l’état construit est -pa(cid:1).
Les noms d’agents sont dérivés avec des suffixes -oyə (état construit -oyo(cid:1)), -ö (état

construit -ör(cid:1)) ou -á (état construit -ak(cid:1)), qui a de plus un sens péjoratif.

Des diminutifs sont formés avec le suffixe -lə (emprunté à l’alémanique), des aug-

mentatifs avec -ü (état construit -ün(cid:1)).

A.17.2 Création de verbes

Il n’existe plus qu’un seul suffixe productif pour la création de nouveaux verbes :

-ir, que l’on peut rencontrer aussi sous la forme -vir après voyelles et /l r/. Il n’a pas de

sens particulier.

burk « village »

burkir(cid:1)
« enfer, tourment » helvir(cid:1)

hel

« travailler au village »

miai

« faute »

uru

« menace »

« tourmenter »
miarvir(cid:1) « se tromper »
uruvir(cid:1)

« menacer »

« maisonnée »

ušpə
Parmi les suffixes improductifs, il y a deux verbalisateurs généraux -or et -uy, un

« revenir »

ušpair

factitif -ay, un contraritif/séparatif -ats, un réfléchi -ev.

ANNEXE A. LE TÜCHTE

147

Pour les préfixes, on n’a que s-, peut-être un emprunt au français se et à l’alsacien

sich, qui réduit la valence des verbes ; et re-/er- pour la reprise ou la répétition d’une

action.

Annexe B

Textes

B.1 Kə durme Babel « La tour de Babel »

B.1.1 La version tüchte

11-1 Ksa tultanč bu Daku1 nə kaiyoda 64 üf tüxtoč lə tserinč sespikletə.
11-2 Dezə nə el ašoda myé ostə, mazačoda nə üf ebenač bu vetsünae-Šinar2 lə ksupišoda

nə.

11-3 Neka nə a natsevə natsevə : “Myänə ! Vapota lə vaǰuvira mi3 brikanč í kuyazə!”.

Uka nə kə briketə kasə pfätə lə artots kasə morti.

11-4 Ní kō nə neka a natsevə natsevə : “Myänə ! Vanupovera mi üf štot lə üf durmač

paə sə kə ham ! Kí asə mi ošla tsuu4, a meŋké vadilkayə5 bu Daku.”

11-5 Kə DOMINƏ sə deskandošodə vačivirə kasmetrexim kə štote lə kə durme el nu-

povišoda nə kə tsavuts tuu.

11-6 Nikə sə : “Kō sə í čivera6 : nats nə üf folikač koə sə üf tüxtə zansülió. Lə kōč toxara
nə burtsape, kō sə kruvirə kiro vasirə sə ikoapə a natsev el tsükomf. Vez vanoya
nə ksoč vakez vanoya nə.

11-7 Myänə ! Vas vabarka mi7 tüxto natsam a naŋké vakra natso natso !”

11-8 Kí asə kə Dominə sə dilkašodə natso myé ikikə tiu ksa vetsünats Daku, lə suv

vayopäta nə vanupovera nə kə štot.

11.9 Eskavə treč kí štot sə tufara Babel, kosə “Barki”, dan kə DOMINƏ sə barčodə kə

tüxto tsuu eké lə dilkašoda nə myé eké tiu ksa vetsünats Daku.

64. Dans cet extrait biblique, le passé lointain est utilisé de façon beaucoup plus extensive que dans la

langue parlée.

148

ANNEXE B. TEXTES

149

B.1.2 Traduction et commentaire

Ce passage se traduit plus ou moins littéralement ainsi en français :

11-1 Tous les Hommes sur la Terre avaient une langue et de mêmes mots.

11-2 Comme ils marchaient depuis l’Est, ils découvrirent une plaine sur le pays de

Shinéar et la peuplèrent.

11-3 Ils se disent les uns les autres : « Allons ! Taillons et cuisons des briques à partir
d’argile ! ». Ils emploient les briques comme pierres et du bitume comme mortier.

11-4 Après cela ils se disent les uns les autres : « Allons ! Bâtissons une ville et une tour
qui touche le ciel ! Ainsi nous deviendrons célèbres, pour que nous ne soyons pas
oubliés sur la Terre. »

11-5 Le SEIGNEUR descendit pour voir plus de plus près la ville et la tour que les

enfants de l’Homme construisaient.

11-6 Il dit : « Cela est apparent : ils sont un seul peuple qui possède une langue seule-
ment. Et ce qu’ils commencent maintenant, cela montre que rien ne leur sera im-
possible dans le futur. Ils pourront faire tout ce qu’ils voudront faire.

11-7 Allons ! Allons mêler leur langue pour qu’ils ne s’entendent pas les uns les autres ! »

11-8 Ainsi le Seigneur les éparpilla d’ici vers tous les pays de la Terre, et ils doivent

arrêter de construire la ville.

11.9 Donc voici, ainsi cette ville est appelée Babel, c’est-à-dire « confusion », car le
SEIGNEUR mêla la langue des Hommes là-bas et ils s’éparpillèrent de là-bas
vers tous les pays de la Terre.

1 bu Daku « sur la Terre » agit au niveau du syntagme nominal, et non pas de la phrase,
d’où la présence du suffixe d’ezzafe sur le nom précédent.
2 L’apposition « le pays de Shinéar » utilise la même syntaxe que les compléments de
noms.
3 Comme ils s’adressent les uns aux autres, la première personne inclusive du pluriel est
employée.
4 ašel(cid:1) tuu, littéralement « devenir (un) nom », est un idiome signifiant « devenir connu ».
5 Structure de passif : avec un sujet pluriel, le verbe est au singulier (et vice-versa, cf.
A.14.9.1)
6 Avec l’aspect subit í, la phrase est littéralement « cela est vu soudainement ».
7 Dieu utilise la première personne inclusive du pluriel, comme s’il délibérait avec d’autres.
Soit il s’agit d’un choix avec raisons théologiques, soit il s’agit simplement d’une façon
d’exprimer un ordre à la première personne du singulier, ce qui est normalement impos-
sible.

ANNEXE B. TEXTES

150

B.2 Üf oyayač zalpeyetə « Une conversation entre amis »

B.2.1 La version tüchte

Šerar Bušur Rene ! Vatsö myē sə1?

Rene Meviči, lə pī, Šerar?

Šerar Dezə meviči, epiyó ni vušpairə!

Rene Veipe myeyostə zantiyé?
Šerar Litá Šärmän, sišosta lu el Indi vačivišosta lu šekeve2.
Rene El Indi? Insa sproatsə3 eké, dezə “humanitaire4”?

Šerar Äy kwé, štüdirə sə.

Rene El Indi !

Šerar Tru, kí bet myé lu sišosta saŋké tyé! Treč üf štotač kasü tiu nortə, burtsape kō
ni tarkatsač kə tufälə, ovə kə naraf saŋké pakó kopüt, lə sā sə süfar grant. Lə tsó
premui! Pizašosta lu ǰarünanč suv valavirə pe apsolüt apsolüt5.

Rene Ovə skavə insa ez vaštüdirə? Tütenodə6 ni vakez vanušodə sə tsepfinč “ordinateur”7.
Šerar Tiüram kí asə! Indi sə üf vetsünač trepfá grant sə myé kō8, Sofi sə kruvišostə
a luev koč spruatsa nə: programanč vagenanč yupə šoförə, lə füzanč myē nə tiu
Mars, lə luvič sevetsə!

Rene Omeylik kō9! Neŋké ez tütenodə10 tsó ksō. Kō sə Sofi nat eké skavə?

Šerar Yō, kez üroyatsə sə zame.
Rene Klizošostə sə üflə šerič-Indič11 nat, kwé, klor?
Šerar Saŋké ničostə kiro12, ovə kō saŋké ikoapə!

B.2.2 Traduction et commentaire

Gérard Salut René ! Comment tu vas ?

René Bien, et toi Gérard ?

Gérard Pareil, je suis content de rentrer !

René Où étais-tu déjà ?

Gérard Avec Germaine, on était en Inde, voir notre fille.

René En Inde ? Qu’est-ce qu’elle fait là-bas, de l’humanitaire ?

Gérard Eh non, elle étudie.

René En Inde !

ANNEXE B. TEXTES

151

Gérard Tu sais, c’était pas mal là où on a été ! Une grande ville dans le nord, je ne
me rappelle plus du nom maintenant, mais il n’a pas fait trop chaud et c’était très
propre. Et la nourriture ! On a ramené des pâtisseries qu’il faut absolument que tu
goûtes.

René Mais qu’est-ce qu’elle peut bien étudier ? Je croyais qu’elle voulais faire un truc

avec les ordinateurs.

Gérard C’est toujours le cas ! L’Inde est un pays très développé dans ce domaine, So-
phie nous a montré ce à quoi ils travaillaient : des logiciels pour des voitures sans
chauffeurs, des fusée qui vont sur Mars, et encore plein d’autres choses !

René Ah ben ça alors, je n’aurais jamais pensé à tout ça ! Elle se plaît bien alors ?

Gérard Oui, et elle voudra même rester.

René Elle aurait rencontré un bel Indien, c’est ça, hein ?

Gérard Elle n’a rien dit mais c’est bien possible !

1 « comment ça va », sur le modèle du français et de l’alsacien wie geht’s.
2 Le possesseur qui est un pronom personnel peut être préposé (cf. A.12.2.1).
3 Littéralement « qu’est-ce qu’elle travaille ».
4 Ce mot est tiré directement du français et ne fait pas partie du vocabulaire courant.
5 La réduplication a valeur d’intensité.
6 Avec cet usage du passé lointain, René signale qu’il y a longtemps (de son point de
vue) qu’il n’a pas vu la fille de Gérard.
7 Littéralement « des choses d’ordinateurs ».
8 Littéralement « un pays qui est très loin depuis cela ».
9 Littéralement « ça alors ça ».
10 Ici encore, le passé lointain est subjectif plutôt que traduisant une mesure de temps
concrète et permet de traduire « jamais je n’aurais pensé… ».
11 Les noms d’habitants préfixent « homme », « femme » et d’autres noms d’humains au
nom de lieu : ce n’est pas une dérivation schématique.
12 Le tüchte emploie la double négation : le verbe est nié en même temps qu’un pronom
négatif est présent.

Annexe C

Dictionnaire tüchte-français

Le dictionnaire qui suit comporte 983 entrées et traduit 1233 sens français.
Les abréviations suivantes sont employées :

— ADV=adverbe (grad=gradation, loc=locatif, man=manière, phr=phrastique, temp=temporel)

— DET=déterminant (art=article, dem=démonstratif, indef=indéfini, itg=interrogatif,

num=numéral, qual=qualifiant, quant=quantifiant)

— CONJ=conjonction (coord=coordination, sub=subordination)

— INTJ=interjection

— N=nom (adj=adjectif, al=aliénable, in=inaliénable, pr=propre)

— PREP=préposition

— PRO=pronom (dem=démonstratif, indf=indéfini, itg=interrogatif, ps=personnel,

neg=négatif, quant=quantifiant)

— V=verbe (int=intransitif, tr=transitif)

— acc=accusatif, cst=état construit, ezz=ezzafe, gen=génitif, pl=pluriel, ppl=présent
pluriel, précons=forme préconsonantique, prep=prépositionnel, prévoc=forme pré-
vocalique

• aba Nal cst. abat(cid:1) pl. haba : abbé
• abatsi Nal pl. habatsi : abbaye

• abi Nal pl. habi : fils

• Adwänt Npr : Avent
• af Nal cst. ap(cid:1) pl. haf : pente
• af Nal cst. av(cid:1) pl. haf : 1. payement

river

• Alemanə Npr cst. Alemani(cid:1)

: Alle-

magne

• ali Nal pl. hali : ail

• alvi Nal pl. halvi : baquet, baignoire

• alə Nal pl. xalə : cure-dent, grattoir

2. expiation

• a PREP : 1. à 2. pour

• aft(cid:1) Vint pst. afč(cid:1) : 1. tomber 2. ar-

• apsolüt ADVphr : absolument

152

ANNEXE C. DICTIONNAIRE TÜCHTE-FRANÇAIS

153

• ariri Nal pl. hariri : métier agricole
• arir(cid:1) Vint ppl. arera pst. ariš(cid:1) : tra-

vailler dans les champs

• aroyə Nal cst. aroyo(cid:1) pl. haroyə :

paysan, agriculteur

• artots Nal : bitume
• arə Nal cst. aro(cid:1) pl. harə : champ
• ašel(cid:1) Vint ppl. ošla

pst. ašeš(cid:1)

:

1. grandir, pousser 2. devenir

• ~ tuu : devenir connu

• askandorälə Nal cst. askandorälo(cid:1)
pl. haskandorälə : 1. échelle 2. es-
calier

• askandorpə Nal

cst. askandorpo(cid:1)

pl. haskandorpə : ascension

• askandor(cid:1) Vtr ppl. askandara pst.

askandoš(cid:1) : grimper, monter

• averač-Indi Nal pl. averan-Indi

:

tomate

• averas Nal cst. averaz(cid:1) pl. haveras

: pommier
• averats(cid:1) Vtr

ppl. averatsa

pst.

averač(cid:1) : cueillir

• avuyó Nadj cst. avuyos(cid:1) ppl. avuya

: colère (en)

• avyon Nal pl. havyon : avion
• av(cid:1) Vtr ppl. vā pst. ay(cid:1)

: 1. payer

2. expier pour

• axalveuf Nal cst. axalveuv(cid:1) pl. axal-

veuvetə : (paille) botte

• ayant Nal cst. ayam(cid:1) pl. hayant :

mouche

• ay INTJ : aïe !, hélas

• äy INTJ : eh bien, allons

• äskävó Nadj cst. äskävos(cid:1) pl. äskäva

• ayu Nal pl. hayu : saule

: 1. gaucher 2. maladroit

• äspaxtori Nal pl. häspaxtori

: mo-

ment

• asə Nal pl. hasə : 1. allure 2. rythme

• kí ~ ADVquot : comme ça, ainsi

• ayupá ADVloc : alentours

• ayurpeyə Nal pl. hayurpeyə : sor-

cière,

• aŋgil Nal pl. haŋgil : ange
• aŋuruf Nal cst. aŋuruv(cid:1) pl. haŋuruf

• as(cid:1) Vint ppl. sā pst. aš(cid:1) : marcher

: 1. filet 2. piège

• ats DETnum : huit
• avä Nal cst. avay(cid:1) pl. havä : puni-

• babaki Nal pl. babakə : bégayement

• babaklə Nal pl. babakletə : 1. bé-

tion

• avay(cid:1) Vtr ppl. äva pst. avaš(cid:1) : punir
cst. aver(cid:1)

• ave Nal

pl. have

:

1. pomme 2. fruit

gayeur 2. simplet

• babak(cid:1) Vtr ppl. babaka pst. babač(cid:1)

: bredouiller, bégayer

• bai Nal pl. beə : brebis

• averač-eldaku

Nal

pl. averan-

• balti Nal pl. baltə

: 1. anneau

eldaka : pomme de terre, patate

2. cercle

• averač-Fraŋkə Nal

cst. averač-
Fraŋki(cid:1) pl. averan-Fraŋkə : orange

• barkä Nal cst. barkay(cid:1) pl. barkayetə

: pilon

ANNEXE C. DICTIONNAIRE TÜCHTE-FRANÇAIS

154

• barki Nal pl. barkə : 1. mélange

2. confusion

• boračə Nal pl. boračetə : bourrache
cst. botir(cid:1)
:
• boti Nal

pl. botirə

• barkordi Nal pl. barkurdə : mer-

beurre, motte de beurre

credi

• bark(cid:1) Vtr ppl. barka

pst. barč(cid:1)

:

mélanger

• bečač-sú Nal

cst. bečač-sux(cid:1)

pl.

bečan-sú : crustacé

• bečə Nal pl. bečetə : insecte

• beks Nal pl. beksə : boîte

• beruyi Nal pl. beruyə : 1. pêcheur

2. héron

• bet Nal pl. betə : 1.

lit 2. endroit,

lieu

• bets DETnum : deux

• betsipə ADVloc : ailleurs

• betsiv PREP : entre
• bets-murə Nal cst. bets-mur(cid:1)

pl.

betsə-murə : tronc double

• betso PROindf pl. betsə : 1. autrui

2. quelqu’un

• bii Nal cst. bir(cid:1) pl. biretə : poisson
• bī Nal cst. bir(cid:1) pl. birə : bière
• bí Nal cst. bis(cid:1) pl. besə : chien
• birui Nal cst. birur(cid:1) pl. biruretə :

(chair) poisson

• biruy(cid:1) Vtr ppl. biroya pst. biruš(cid:1) :

attraper

• bis DETnum précons. bizə : vingt

• blepeyə Nal pl. blepeyetə : crapaud
• boklə Nal cst. boklo(cid:1) pl. bokletə :

saucisse

• bokə Nal pl. boketə : joue

• brelə Nal pl. breletə : lunettes
• brikə Nal pl. briketə : 1. brique,

pavé 2. parallépipède

• brū Nal cst. brut(cid:1) pl. brutə : fiancée
• brütí Nal cst. brütig(cid:1) pl. brütigə :

fiancé

• bú Nal cst. bux(cid:1) pl. buxə : 1. livre

2. (det.) Bible

• bú Nal cst. bux(cid:1) pl. buxə : mâle
• bu PREP : sur
• burkiri Nal pl. burkirə : 1. métier

non-agricole 2. emploi

pst.

• burkir(cid:1) Vint

ppl. burkera
burkiš(cid:1) : travailler au village
• burk Nal pl. burkə : village
• burtsape ADVtemp : maintenant
• burə ADVloc : dessus
• bušur INTJ : bonjour
• butə Nal cst. butr(cid:1) pl. butrə : souris
• büv Nal pl. büvetə : feuille
• büvə Nal pl. büvetə : bœuf
• buxač-tseri Nal pl. buxan-tseri

:

dictionnaire

• čaixpə Nal pl. čaixpaetə : (prairie)

friche

• čal Nadj pl. čalə : deuxième, second
• čar(cid:1) Vtr ppl. čara pst. čaš(cid:1) : 1. subir

2. souffrir de

• čeí Nal cst. čeik(cid:1) pl. čeikə : lièvre
• čevumpə Nal cst. čevumpo(cid:1) pl. če-
vumpetə : 1. réaction 2. réponse
• čiko Nal cst. čikor(cid:1) pl. čikorə : ani-

• bonhof Nal pl. bonhofə : gare

mal, bête

ANNEXE C. DICTIONNAIRE TÜCHTE-FRANÇAIS

155

• čī Nal cst. čib(cid:1) pl. čibə : 1. bourgeon

• dif Nal cst. div(cid:1) pl. divetə : 1. fumée

2. nombril

• čisi Nin pl. čisə : giron
• čivir(cid:1) Vtr ppl. čivera

1. voir 2. visiter

pst. čiviš(cid:1)

:

• čiv Nin pl. čivə : 1. œil 2. lucarne

3. trou

• čivó Nadj cst. čivos(cid:1) pl. čiva : lourd
• čivuy(cid:1) Vint ppl. čivoya pst. čivuš(cid:1) :

1. réagir 2. bouger

• čiz(cid:1) Vtr ppl. čeza pst. či(cid:1) : absorber
• čō Nal pl. čotə : graisse jaune
• čyeskə Nal cst. čyesko(cid:1) pl. čyesketə

: pissenlit

• čyezə Nal : urine
• čyez(cid:1) Vint ppl. čäza pst. čye(cid:1) : uriner
• dakó Nadj cst. dakos(cid:1)
inch. daka :

fin

• daku Nal pl. dakə : 1. sol 2. terre

3. Terre

• dan CONJcoord : car
• dastó Nadj cst. dastos(cid:1) pl. dasta :

pourri

• delpə Nal cst. delpa(cid:1) pl. delpaetə :

tabouret

• derv DETnum précons. der : neuf
• deskandor(cid:1) Vint

ppl. deskandara
pst. deskandoš(cid:1) : 1. descendre 2. hi-
verner

• dexó Nadj cst. dexos(cid:1) pl. dexa : mou-

rant, agonisant

• dezə ADVman : comme

• ADVphr : aussi

• CONJsub : alors que, comme

• autant que

2. vapeur

• dikevats(cid:1) Vtr ppl. dikivatsa

pst.

dikevač(cid:1) : purger, vider

• diki Nal pl. dikə : maladie intesti-

nale

• dilkay(cid:1) Vtr ppl. dilkaya pst. dilkaš(cid:1)

: 1. chasser 2. éparpiller
• dilkə Val pl. dilketə : respect
• dilk(cid:1) Vtr ppl. delka pst. dilč(cid:1) : 1. res-

pecter 2. adorer
• dilpə Nal cst. dilpa(cid:1)

monstre

pl. dilpaetə :

• dī Nal pl. dī : 1. dieu 2. Dieu
• div Nal pl. divə : poulet
• divui Nal cst. divur(cid:1) pl. divuretə :

1. ver 2. asticot

• div(cid:1) Vtr ppl. deva pst. din(cid:1) : (forêt)

éclaircir, nettoyer

• doktrə Nal pl. doktretə : médecin,

docteur

• dominə Nal cst. domino(cid:1) pl. domi-

netə : seigneur
• domnedi Nal

manche

pl. domnedə

: di-

• drürik Nadj pl. drürika : triste
• düf Nin cst. düv(cid:1) pl. düvetə : cul,

anus

• durm Nal pl. durmə : tour
• duv(cid:1) Vint ppl. dova

pst. dun(cid:1)

:

1. couché (être) 2. reposer (se)
• dyepə Nal pl. dyepetə : 1. bois

2. bûche

• ebenə Nal pl. hebenə : plaine
• eiró Nadj

cst. eiros(cid:1)
1. hostile 2. méchant

ppl. eira :

• eir(cid:1) Vint ppl. era pst. eriš(cid:1) : entrer

ANNEXE C. DICTIONNAIRE TÜCHTE-FRANÇAIS

156

• ekerälə Nal cst. ekerälo(cid:1) pl. hekerälə

• ezič-ǰarezə Nal pl. ezin-ǰarezə : api-

: corde

culteur

pst.

: ivrogne

• ekir(cid:1) Vtr ppl. ekera

pst. ekiš(cid:1)
1. serrer 2. maintenir 3. laisser

:

• ekol Nal pl. hekol : école
• ekolvir(cid:1) Vint

ppl. ekolvera

ekolviš(cid:1) : aller à l’école

• ekə Nin pl. hekə : bras

• elčiv Nadj pl. elčiva : adapté

• eldaku Nadj pl. eldaka : terrestre
• elmi Nadj cst. elmiy(cid:1)

pl. elmiya :

intermédiaire

• el PREPprep : dans
• Elsó Npr cst. Elsos(cid:1) : Alsace

• elə ADVloc : dedans, à l’intérieur

• em Nal pl. hem : montagne
• epiyó Nadj cst. epiyos(cid:1) pl. epiya :

content, joyeux

• ezič-tsikə Nal pl. ezin-tsikə : oise-

leur

• ezič-vi Nal cst. ezič-vin(cid:1) pl. hezin-vi

• ezič-yu Nal cst. ezič-yur(cid:1) pl. hezin-

yu : aspérule

• ezi Nal pl. hezi

: 1. maître, pa-

triarche 2. fermier

• ez-nuyó Nadj cst. ez-nuyos(cid:1) pl. ez-

nuya : capable

• ez(cid:1) Vtr ppl. zā pst. e(cid:1) : pouvoir
• fai Nal pl. fai : farine
• falkü Nal cst. falkün(cid:1) pl. falkünə :

faux

• falor(cid:1) Vtr ppl. folara

pst. faloš(cid:1)

:

raconter

• fänstə Nal cst. fänstr(cid:1) pl. fänstrə :

• ermezalpeyə Nal pl. hermezalpeyə

fenêtre

: idiot, simplet

• ertütevi Nal pl. hertütevi : regret
• ertütev(cid:1) Vint

pst.
ppl. ertütwa
: 1. changer d’avis 2. re-

ertüten(cid:1)
gretter

• farnoyoräy Nal pl. farnoyoräyə :

boulangerie

• farnoyə Pal cst. farnoyo(cid:1)

pl. far-

noyetə : boulanger

• faroloyə Nal cst. faroloyo(cid:1) pl. faro-

• eruzi Nal pl. heruzi

: 1. promesse

loyetə : conteur

2. fiançailles

• eruzə Nal pl. heruzə : nœud
• eruz(cid:1) Vtr ppl. eroza pst. eru(cid:1) : 1. at-

tacher 2. promettre

• eskavə CONJcoord : donc
• etuy(cid:1) Vint ppl. etoya

pst. etuš(cid:1)

échapper, fuir

• fastö́ Nal cst. fastök(cid:1) pl. fastökə :

tige, brin

• fau Nal cst. falk(cid:1) pl. falkə : serpe

• fav Nal pl. favə : haricot
• feniklə Nal cst. feniklo(cid:1) pl. fenikletə

:

: fenouil

• fišor(cid:1) Vint ppl. fišara

pst. fišoš(cid:1)

:

• eví ADVitg : (statique) où

cracher, siffler

• eze Nal : fer

• flašlə Nal pl. flašletə : ampoule

ANNEXE C. DICTIONNAIRE TÜCHTE-FRANÇAIS

157

• flašə Nal pl. flašetə : 1. bouteille

2. (mesure) bouteille

• folik Nal pl. folikə : peuple

• fol Val pl. folə : conte, récit, histoire

• fom Nal pl. fomə : 1. moule 2. em-

preinte

• fornə Nal cst. forno(cid:1)

pl. fornetə :

four

• Fraŋkə Npr cst. Fraŋki(cid:1) : France

• füsu Denum prévoc. füsun : mille

• futsi Nal pl. futsə : pet
• futs(cid:1) Vint ppl. futsa pst. fuč(cid:1) : péter
• füze Nal pl. füzə : fusée

• gäl Nadj pl. gälə : jaune

• galt Nal pl. galtə : 1. argent 2. ri-

chesse

• helviri Nal pl. helvirə : tourment
• helvir(cid:1) Vtr ppl. helvera pst. helviš(cid:1)

: 1. tourmenter 2. inquiéter

• hē Nal cst. her(cid:1) pl. herə : 1. armée

2. troupe 3. famille étendue

• hepruvorpə Nal pl. hepruvorpetə :

1. groupe 2. collection

• hepruvor(cid:1) Vtr ppl. hepruvara pst.

hepruwoš(cid:1) : rassembler, réunir

• himal Nal : cieux

• hislə Nal pl. hisletə : maison
• hopfə Nal cst. hopfo(cid:1) pl. hopfetə :

houblon

• hosə Nal pl. hosetə : pantalon

• hotäl Nal pl. hotälə : hôtel

• hufi Nal pl. hufə : soupir
• huf(cid:1) Vtr ppl. hufa pst. huš(cid:1) : 1. souf-

• gartlə Nal pl. gartletə : ceinture

fler 2. soupirer

• gebüzə Nal pl. gebüzetə : bossu,

tordu

• glá Nal cst. glas(cid:1) pl. glasə : 1. verre

2. vitre

• gloklə Nal pl. glokletə : 1. clochette

2. campanule

• glokə Nal pl. gloketə : cloche

• grant Nadj pl. grantə : fort

• huy INTJ : il suffit, arrête
• ibə Nal cst. iba(cid:1) pl. hibə : ligne
• ičə PROindf : quelque chose

• ikikə ADVloc : ici
• ikoapə Nadj cst. ikoapa(cid:1) pl. ikoapaa

: impossible

• ikó Nadj cst. ikos(cid:1)
simple, innocent

int. ika : idiot,

• ADVint : très

• Indi Npr : Inde, Indes

• graps Nal pl. grapsə : 1. crabe

• ini PROitg : quoi

2. cancer

• griki Nal pl. grikə : grimace
• grik(cid:1) Vint ppl. grika pst. grič(cid:1) : gri-

macer

• í PREP : hors de

• ī PROps acc. ya ~ yā gen. yem prep.

yev(ə) ezz. ič : vous

• iršift(cid:1) Vtr ppl. iršefta pst. iršifč(cid:1)

:

• hämeuf

Nal

cst. hämeuv(cid:1)

:

écrire

brouillard, brume

• irtu Nal pl. hirtu : mauvais

• hel Nal pl. helə : 1. enfer 2. malheur

• isivə ADVitg : pourquoi

ANNEXE C. DICTIONNAIRE TÜCHTE-FRANÇAIS

. hiskotorə : défense,

• iskotorə Nal
protection
• iskotor(cid:1) Vtr

ppl. iskotara
iskotoš(cid:1) : défendre, protéger

pst.

• išu Nal pl. hišu : 1. renard 2. voleur

• isə PREPloc : dehors

• ivu Nal pl. hivu : 1. fil 2. veine
• ixpə Nal cst. ixpa(cid:1) pl. hixpə : idio-

tisme, innocence

• izitor(cid:1) Vint pst. izitoš(cid:1) : pleurer
• izitə Nal pl. hizitə : pleur
• ǰai Nal cst. ǰar(cid:1) : miel
• ǰalpə Nal cst. ǰalpa(cid:1)

pl. ǰalpaetə :

casier

• ǰares Nal cst. ǰarez(cid:1)

pl. ǰarezə :

abeille

• ǰarü Nal cst. ǰarün(cid:1)

pl. ǰarünə :

1. gâteau 2. pâtisserie

• ǰaši Nal

cst. ǰašin(cid:1)
1. tante 2. religieuse

pl. ǰašinə

:

• ǰasó Nadj cst. ǰasos(cid:1) pl. ǰasa : froid

• ǰim Nal pl. ǰimə : squelette
• ǰivä Nal cst. ǰivay(cid:1) pl. ǰivayetə : car-

casse

• ǰivay(cid:1) Vtr ppl. ǰiva pst. ǰivaš(cid:1) : aban-

donner

• ǰiv(cid:1) Vint ppl. ǰeva pst. ǰin(cid:1) : rester
• ǰüdi Nal pl. ǰüdə : jeudi
• ǰuev(cid:1) Vint ppl. ǰuva pst. ǰuen(cid:1) : (de

maladie) mourir, décéder

• ǰüi Nal pl. ǰüə

: 1. destruction

2. ruine

• ǰuk(cid:1) Vint ppl. ǰoka pst. ǰuč(cid:1) : sauter
• ǰū Nal cst. ǰu(cid:1) pl. ǰuetə : feu

158

pl. ǰuta :
(travail) dif-

• ǰutó Nadj

cst. ǰutos(cid:1)
trempé, mouillé 2.

1.
ficile, dur

• ǰuvir(cid:1) Vtr ppl.

pst.

: 1. passer au

feu 2. (brique) cuire 3. cautériser
• ǰü(cid:1) Vtr ppl. ǰoa pst. ǰur(cid:1) : détruire
• kā DETnum prévoc. kar : trois
• kadi Nal pl. hadi : proie
• kae Nal cst. kaeŋ(cid:1) pl. hae : ennemi
• kaev Nal pl. haev : chanvre
• kai Nal pl. hai : chasseur
• kalor(cid:1) Vint ppl. kalara pst. kaloš(cid:1) :

cailler, coaguler

• kalotə Nal cst. kaloto(cid:1) : lait caillé
• kam Nal pl. ham : nuage
• kamui Nal kamur(cid:1) pl. hamui : pluie
• kamurač DETquant : (massif) beau-

coup de

• kapälə Nal pl. hapälə : chapelle
• kapfə Nal cst. kapfa(cid:1)

pl. hapfə :

étable

• kapə Nal pl. hapə : 1. capuche, ca-

puchon 2. housse 3. prépuce

• kapə Nal pl. hepə : mouton
• kärazə Nal cst. kärazo(cid:1) pl. härazə :

cerise

• karbö Val pl. harbö : charbon
• kar-büvam Nal cst. kar-büv(cid:1)

pl.

har-büvam : trèfle

• käroyə Nal cst. käroyo(cid:1) pl. häroyə

: tanneur

• karšə Nal pl. haršə : hameau
• kar(cid:1) Vtr ppl. krā pst. kaš(cid:1) : 1. en-

tendre 2. comprendre

• kasaui Nal cst. kasaur(cid:1) pl. hasaui :

1. gland 2. fruit sec
• kasi Nal pl. hasi : chêne

ANNEXE C. DICTIONNAIRE TÜCHTE-FRANÇAIS

159

• kasirtum ADVman : méchamment

• kasmetrexim ADVman : 1. plus

près 2. attentivement

• kasobrač DETitg : combien de
• kašó Nadj cst. kašos(cid:1)

pl. kaša :

puant

• kaspätram ADVman : 1. durement

2. obstinément

• kasu-flašə Nal

pl. hasu-flašetə

:

ivrogne

• kasü Nadj pl. hasü : grand

• kasu Nal pl. hasu : tête
• ka-süram Nal cst. ka-sür(cid:1)

süram : mille-pattes

• kasə Nal pl. hasə : serpent

pl. ha-

• kasə PREP : en tant que

• kats Nal pl. hats : chat
• katsü Nal cst. katsün(cid:1)

matou

pl. hatsü :

• kavi Nal pl. havi : canard
• kav(cid:1) Vint ppl. kwā pst. kan(cid:1) : nager
• kaxepruf Nal cst. kaxepruv(cid:1)
pl.
(sg.) richesse
: 1.
kaxepruvetə
2. (pl.) (mouton) troupeau, cheptel

• kayá Nal cst. kayak(cid:1)

pl. hayá :

1. bonne femme 2. femme

• kayə Nal pl. hayə : épouse

• kaŋk Nal pl. haŋk : chamois
• ka(cid:1) Vint ppl. kaa pst. kaš(cid:1) : prome-

ner (se)

• kespə Nal cst. kespo(cid:1)
1. besoin 2. instruction

pl. hespə :

• sir(cid:1) ~ bu X a Y Vtr : avoir be-

soin de

• kevir(cid:1) Vtr ppl. kevera pst. keviš(cid:1) :

1. creuser 2. fouiller

• kez(cid:1) Vtr ppl. kaza pst. ke(cid:1) : vouloir
• kí DETdem : ce
• kiksa PROdem pl. kiknats : celui-ci,

celui-là

• kipə Nal cst. kipo(cid:1) pl. hipə : rire
• kirixə Nal pl. hirixə : église

• Kirixč-pipeyə Npr : Kiritsch

• kiro PROindf : rien
• kirə PROneg : personne, aucun
• kitulpeyə Nal pl. hitulpeyə : (âge)

enfant

• ki(cid:1) Vint ppl. kī pst. kiy(cid:1) : rire
• klamnə Nal pl. hlamnə : plombier
• klekil Nal pl. hlekil : lierre
• klikä Nal cst. klikay(cid:1)

pl. hlikä :

choix

• klikay(cid:1) Vtr ppl. klika pst. klikaš(cid:1) :
1. prendre 2. choisir 3. adopter

• ~ X dezə : prendre pour,

confondre avec

• klí PREP : (temp) avant

• ~ kō ADVtemp : auparavant
• klis Nin cst. kliz(cid:1) pl. hlis : front
• klizay(cid:1) Vtr ppl. kliza pst. klizaš(cid:1)

:

1. pousser 2. (factitif) faire

• kečarpeyə Nal

pl. hečarpeyə

:

• klizir(cid:1) Vint ppl. klizera pst. kliziš(cid:1) :

1. maigre, sec 2. pauvre

avancer

• kekseruf Nal cst. kekseruv(cid:1) pl. hek-

seruf : colline

• klizorə Nal pl. klizoretə : rencontre
• klizor(cid:1) Vtr ppl. klizara pst. klizoš(cid:1) :

• keni Nal pl. heni : roi

rencontrer

ANNEXE C. DICTIONNAIRE TÜCHTE-FRANÇAIS

160

• klor Nadj pl. hlor : 1. clair, évident

• kruv Nal pl. hruv : 1. doigt 2. nœud

2. vrai

court

• klǖ Nal pl. hlǖ : fourmi

• kniršə Nal pl. hniršə : hotte
• kolor(cid:1) Vtr ppl. kolara pst. kološ(cid:1) :

• ksa DETquant prévoc. ksar : tous
• ksalu ADVtemp : aujourd’hui
• ksaray(cid:1) Vtr ppl. ksära pst. ksaraš(cid:1)

emprésurer

• kolə Nal

cst. kolo(cid:1)
1. caillette 2. présure

: salir

pl. holə

:

• ksaró Nadj cst. ksaros(cid:1) pl. ksara :

sale

• kō PROdem pl. hō : ceci, cela

• ksats Nal pl. ksatsə : 1. loi 2. gou-

• kopüt Nadj pl. hopüt : foutu

• ADVint : trop
• kosə ADV : c’est à dire

• koxuruvu ADVtemp : longtemps

• kozi Nal pl. hozi : fromage
• kō(cid:1) Vtr ppl. kai pst. kaiy(cid:1)

: avoir,

posséder

• krā ADV : supposément, il paraît

• kräjon Nal pl. hräjon : crayon

• krá Nal pl. hrá : 1. corbeau 2. cor-

neille

• kreyuy(cid:1) Vint

ppl. kreyoya

pst.

kreyuš(cid:1) : diviser (se)

vernement

• ksatuu PROquant cst. ksatult(cid:1) : tout

le monde
• ksii Nal

cst. ksir(cid:1)

pl. ksiretə

:

1. borne 2. limite, frontière

• ksō Nal pl. ksō : âge
• ksopats(cid:1) Vtr

ppl. ksupatsa

pst.

ksopač(cid:1) : déraciner
• ksō PROquant : tout
• ksupir(cid:1) Vtr ppl. ksupera pst. ksupiš(cid:1)
ficher

: 1. enraciner 2. planter 3.
4. installer

• ksupə Nal pl. ksupetə : racine
• kǖ Nal cst. kün(cid:1) pl. hǖ : (viande)

• krik Nal pl. hrik : guerre

porc

• krī Nal pl. hrī : 1. moitié 2. sexe
• Kris Npr cst. Krist(cid:1) : Christ
• kristalí Nadj cst. kristalix(cid:1) pl. hris-

talí : chrétien

• krit(cid:1) Vtr ppl. kreta

pst. krič(cid:1)

:

écailler

• kupf Nal pl. hupf : louche
• kutsi Nal pl. hutsi : appel
• kuts(cid:1) Vtr ppl. kotsa

pst. kutsay(cid:1)
: 1. appeler 2. citer, paraphraser
3. mentionner
• kuxuts(cid:1) Vtr

ppl. kuxotsa

pst.

• krixtə Nal cst. krixto(cid:1) pl. hrixtə :

kuxutsay(cid:1) : chanter

ortie

• krǖ Nal cst. krüt(cid:1) pl. hrǖ : chou
• krutə Nal pl. hrutə : peau de lait
• kruvir(cid:1) Vtr ppl. kruvera pst. kruviš(cid:1)

: 1. montrer 2. expliquer

• ~ bu : 1. séduire 2. attirer

• kuyazə Nal

pl. huyazə

: argile,

glaise

• kuzu ADVtemp : hier
• kwal Nal pl. fal : étalon

ANNEXE C. DICTIONNAIRE TÜCHTE-FRANÇAIS

161

• kwé ADVphr : 1. non 2. (prohibitif)

ne… pas

• kwirälə Nal pl. kwiräletə : truelle

• kwiri Nal pl. firi : curieux

• kə DETart : le

• lā DETnum : dix

• ladi Nal pl. ladə : achat
• ladivir(cid:1) Vint

ppl. ladivera

ladiviš(cid:1) : faire des courses

pst.

• ladə Nal pl. ladetə : loup
• ladə Nal cst. ladr(cid:1) pl. ladrə : cuir

• lagə Nal pl. lagetə : (militaire) camp

• lakə Nin pl. laketə : 1. dent 2. noyau
• lantärə Nal cst. lantärn(cid:1) pl. lantär-

netə : bougie

• lantikal Nal cst. lantikl(cid:1) pl. lantiklə

: lentille

• lapfui Nal cst. lapfur(cid:1) pl. lapfuretə

: pus, décharge

• litak(cid:1) Vtr ppl. litaka

ps. litač(cid:1)
1. tripoter 2. manipuler, manier

• litá PREP : avec
• litii Nal

cst. litir(cid:1)

pl. litiretə

:

:

1. baffe, claque 2. reproche

• litir(cid:1) Vtr ppl. litera pst. litiš(cid:1) : exci-

ter

• lodə Nal pl. lodetə : volet
• löndi Nal pl. löndə : lundi
• lon Nadj pl. lona : long
• luksə Nin pl. luksetə : ongle
• lumuy(cid:1) Vint ppl. lumoya pst. lumuš(cid:1)

: refuser

• ~ se : refuser qqch

• lunt Nal cst. lum(cid:1) pl. lumetə : 1. re-

fus 2. désagrément

• lupäno PROindf : n’importe qui
• lū PROps acc. luə gen. lum prep.
luev(ə) ezz. luč : (exclusif) nous

• lüsi Nin pl. lüsə : pénis
• luvič DETquant : (comptable) beau-

• laspeyə Nal pl. laspeyetə : rapace
• las(cid:1) Vtr ppl. lasa pst. laš(cid:1) : lire

• laviri Nal pl. lavirə : goût
• lavir(cid:1) Vtr ppl. lavera
1. goûter 2. ressentir

pst. laviš(cid:1)

• lav Nin pl. lavə : (anatomie) langue

• liftə Nal : silence
• lift(cid:1) Vint ppl. lefta pst. lipč(cid:1) : taire

(se)

• lī Nin cst. lit(cid:1) pl. litə : main

• lipač DETquant : peu de
• lipuy(cid:1) Vint ppl. lipoya pst. lipuš(cid:1) :

survenir, passer (se), arriver

• lise Nal pl. lisə : lycée

coup de
• luyu Nal
2. éponge
• luyuvir(cid:1) Vtr

pl. luyə

: 1. mousse

ppl. luyuvera

pst.

:

luyuviš(cid:1) : éponger

• luŋki Nal pl. luŋkə : lynx
• lə CONJcoord : et
• maats(cid:1) Vtr ppl. metsa pst. maač(cid:1) :

tuer, abattre

• madam Ntitre : madame
• mäikə Nal cst. mäiko(cid:1) pl. mäiketə :

simple, plante médicinale

• mam Nin 1sg. nam 2sg. pwam pl.

mamə : grand-mère
• man Nal cst. mant(cid:1)

menthe

pl. mantə :

ANNEXE C. DICTIONNAIRE TÜCHTE-FRANÇAIS

162

• mardi Nal pl. mardə : mardi
• märkatö Nal cst. märkatör(cid:1) pl. mär-
katörə : 1. colporteur 2. mendiant

• märsi INTJ : merci
• martälə Nal cst. martälo(cid:1) pl. martä-

letə : marteau

• mašə Nal pl. mašetə : frère
• matalə Nal cst. matalo(cid:1) pl. mataletə

: 1. métal 2. fer

• mäträsə Nal pl. mäträsetə : institu-

trice

• mätrə Nal pl. mätretə : instituteur
• mayač-prent Nal cst. mayač-prem(cid:1)

: rosée

• mayə Nal pl. mayetə : jus
• mazató Nadj cst. mazatos(cid:1)
zata : 1. étroit 2. serré

• mazatsef Nal cst. mazatsev(cid:1) pl. ma-

zatsevetə : éclosion

• mazatsev(cid:1) Vint ppl. mazatswa pst.

mazatsen(cid:1) : éclore, poindre

• mazats(cid:1) Vtr ppl. mezatsa pst. mazač(cid:1)

: découvrir, trouver

• mazetay(cid:1) Vtr

ppl. mazita

pst.

mazetaš(cid:1) : carder
• mē ADVgrad : plus

• meaxi Nadj pl. meaxə : faible, in-

stable

• mezä Nal cst. mezay(cid:1) pl. mezätə :

cape

• mezev(cid:1) Vint ppl. mezwa pst. mazen(cid:1)

: habiller (s’)

• mezyepə Nal pl. mezyepetə : 1. soir

2. débrayage, fin du travail
• mez(cid:1) Vtr ppl. maza pst. me(cid:1)

: ha-

biller, vêtir

• miai Nal cst. miar(cid:1)

pl. miaretə :

défaut, faute

• miarvir(cid:1) Vint ppl. miarvera
miarviš(cid:1) : fauter, tromper (se)

pst.

• mí CONJsub : quand, si Mí vačarə
pe, vada ni Si tu viens, je serai là

• ADVrel : quand

nante

• miltu Nin pl. miltə : 1. bec 2. pioche
• mimui Nal cst. mimur(cid:1) pl. mimuretə

: fourré

• mī Nin

cst. miy(cid:1)
1. ventre 2. milieu

pl. miyetə

:

• mī PROps acc. miyə gen. mim prep.
miyev(ə) ezz. mī : (inclusif) nous

• mitav Nal pl. mitavə : poussin
• mitef Nal cst. mitev(cid:1) pl. mitevetə :

escargot

int. ma-

• mikuv Nal pl. mikuvə : bolet

• miltuč-gel

.

pl. miltun-gelə : rhi-

• mekuvui Nal cst. mekuvur(cid:1) pl. me-

kuvuretə : soupe

• mitó Nadj cst. mitos(cid:1) pl. mita : tôt
• mitsekuvi Nal pl. mitsekuvə : sau-

• mespə Nal pl. mespetə : (œuf) co-

terelle

quille

• metrexi Nal pl. metrexə : proche,

• miú Nal pl. miukə : porc, cochon
• mivir(cid:1) Vint ppl. mivera pst. miviš(cid:1) :

venir

pl. mevičə

: bon,

• miyö́ Nadj cst. miyös(cid:1)

int. miyöa :

noir

près

• meviči Nal
agréable

ANNEXE C. DICTIONNAIRE TÜCHTE-FRANÇAIS

163

• miyu Nin pl. miyuetə : fantôme, es-

prit

• müsyö Ntitre pl. müsyö : monsieur
• muzekoyə Nal cst. muzekoyo(cid:1)

pl.

• mol Nal pl. molə : 1. meule 2. mou-

muzekoyetə : musicien

lin

• momuruf Nal cst. momuruv(cid:1)
momuruvetə : lieu à l’écart

pl.

• monikə Nal pl. moniketə : moine
• morti Nal cst. mortir(cid:1) pl. mortirə :

1. mortier 2. bouillie

• muzekə Nal pl. muzeketə : musique
• myänə INTJ : allons !
• myé ADVrel : (statique) où
• myé myé : d’où
• myé PREP : de, à partir de
• myē(cid:1) Vint 3sg myē

ppl. myē

pst.

• mü ADVrel : (destination) où

myey(cid:1) : 1. aller 2. partir

• müf DETnum prévoc. müvə : cinq
• mui Nal cst. mur(cid:1) pl. muretə : arbre

• müku Nal pl. mükə : crosse
• mükuvir(cid:1) Vtr ppl. mükuvera

pst.

mükuviš(cid:1) : sauver

• ~ se : aider

• mǘ Nal cst. müx(cid:1) pl. müxə : fesse
• mū Nal cst. mu(cid:1) pl. mǖ cst.pl. mü(cid:1)

: mari

• munstürə Nal pl. munstüretə : mo-

nastère, abbaye

• müpüf Nal cst. müpüv(cid:1) pl. müpü-

vetə : 1. ruisseau 2. gouttière

• murač-firi Nal

:
1. arbre à curieux 2. poste d’obser-
vation

pl. muran-firi

• murviräy Nal pl. murviräyə : scie-

rie

• murviri Nal : sciure
• murvir(cid:1) Vint

ppl. murvera

pst.
murviš(cid:1) : couper du bois, bûcheron-
ner, scier

• mürə Nal cst. müro(cid:1)

pl. müretə :

mur

• naev(cid:1) Vint ppl. nava(cid:1)

pst. nen(cid:1)

:

1. éloigner (s’) 2. méfier (se)

• naf Nal cst. nav(cid:1) pl. navetə : boue
• nak(cid:1) tr ppl. naka pst. nač(cid:1) : espérer
• nampə Nal cst. nampo(cid:1) pl. nampetə

: 1. vie 2. processus

• napfə Nal cst. napfo(cid:1) pl. napfetə :

espoir

• naps(cid:1) Vint ppl. napsa

pst. napš(cid:1)

:

vivre

• naraf Nal cst. narv(cid:1)
temps 2. ambiance

: 1. météo,

• narfik Nadj pl. narfikə : 1. nerveux

2. teigneux

• nat Nadj pl. natə : beau

• kō(cid:1) nat Vtr : apprécier, aimer
• nats PROps acc. natso gen. natsam
prep. natsev(ə) ezz. natsač : ils, elles
• navräy Nal pl. navräyə : soue, mare

de boue

• navui Nal cst. navur(cid:1) pl. navuretə :

salissure, tache

• nayi Nal pl. neyə : chèvre
• neka ADV : supposément, on dit
• nekampə Nal cst. nekampo(cid:1) pl. ne-

• muspə Nal pl. muspetə : cendre

kampetə : chapeau

ANNEXE C. DICTIONNAIRE TÜCHTE-FRANÇAIS

• nekatsä Nal cst. nekatsay(cid:1)
katsayə : vulve, sexe féminin

pl. ne-

• nekem Nadj pl. nekemə : 1. sympa-

thique 2. de confiance

• neši Nal cst. nešip(cid:1) pl. nešipə : buté
• nevüpə Nal pl. nevüpetə : soleil
• ney(cid:1) Vtr ppl. nyā pst. neš(cid:1) : 1. boire

2. absorber

• nikay(cid:1) Vtr ppl. nika
baisser, abaisser

pst. nikaš(cid:1)

:

• nikevi Nal pl. nikevə : apparition
• nikev(cid:1) Vint ppl. nikwa pst. niken(cid:1) :

1. apparaître 2. surgir

• niks Nin pl. niksə : bouche
• nik(cid:1) Vtr ppl. neka pst. nič(cid:1) : dire
• nin Nin 1sg. nin 2sg. pin pl. nini :

mère

• ní PREPtemp : après

• ~ kō ADVtemp : ensuite, puis

• dezə ~ ADVtemp : après

• nī PROps acc. o ~ ō gen. om prep.

ov(ə) ezz. nič : moi

• niró Nadj cst. niros(cid:1) pl. nira : sé-

rieux

• niswas Nal cst. niswaz(cid:1) pl. niswazetə

: ronce

• nisə Nal cst. niso(cid:1) pl. nisetə : myr-

tille

• nizoy(cid:1) Vtr ppl. nizoya pst. nizuš(cid:1) :

chercher

• nobrə Nal cst. nobro(cid:1) pl. nobretə :

1. nombre 2. quantité

164

pst.

• növö Nal pl. növə : neveu
• nukevay(cid:1) Vtr

ppl. nukiva
nukevaš(cid:1) : 1. plier 2. ranger

• nükev(cid:1) Vtr ppl. nükwa pst. nüken(cid:1)
: 1. compter 2. estimer (valeur)

• nul DETnum : zéro

• num Nal pl. numə : cerf
• nupovir(cid:1) Vtr ppl. nupovera
nupoviš(cid:1) : construire, bâtir

pst.

• nupə Nal cst. nupa(cid:1)
(chèvres) enclos

pl. nupaetə :

• nupə Nal cst. nupo(cid:1)

pl. nupetə :

terrier

• nuyräy Nal pl. nuyräyə : 1. bêtise

2. désordre

• nuy(cid:1) Vtr ppl. noya pst. nuš(cid:1) : faire
• nyalpó Nadj cst. nyalpos(cid:1) pl. nyalpa

: gentil

• nyalpu Nal pl. nyalpə : fée, lutin

• nyavič-laspeyə Nal
laspeyə : moustique

pl. nyavin-

• nyavi Nal pl. nyavə : tique
• nyav(cid:1) Vtr ppl. nyava pst. nyavay(cid:1) :

(lait) boire

• nyev(cid:1) Vtr ppl. näva(cid:1)
peindre, dessiner

• oapə Nal

cst. oapa(cid:1)
1. pouvoir 2. autorité

pst. nyey(cid:1)

:

pl. hoapə :

• očə PROindf : quelqu’un

• odə CONJcoord : ou
• olpə Nal cst. olpa(cid:1) pl. holpə : taille
• Olšə Npr : Pâques

• nopə Nal cst. nopo(cid:1) pl. nopetə : na-

• omeylik INTJ : ça alors !

vet

• oni PROitg : qui

• nortə Nal : nord

• oranš Nadj pl. oranša : orange

ANNEXE C. DICTIONNAIRE TÜCHTE-FRANÇAIS

165

• ordor(cid:1) Vint ppl. urdara pst. ordoš(cid:1)

• üvu pakuvu ADVtemp : pen-

: trembler, peur (avoir)

• ~ se : craindre, peur de (avoir)
• ordotə Nal cst. ordoto(cid:1) pl. hordotə

: peur, crainte

• orepeyə Nal pl. orepeyetə : vide

• ori Nal pl. holi : 1. gras 2. graisse

blanche, suif

• orǰə Nal cst. orǰo(cid:1) pl. horǰə : orge
• oró Nadj cst. oros(cid:1) pl. ora : gros
• ortoratsə Nal pl. hortoratsə : récolte
• ortorats(cid:1) Vtr ppl. orturatsa

pst.

ortorač(cid:1) : récolter

• ortui Nal cst. ortur(cid:1) pl. hortui : lé-

gume

• or(cid:1) Vtr 3pl. ara pst. oš(cid:1) : ouvrir
• ospüvir(cid:1) Vtr

pst.
ppl. ospüvera
: pommader, enduire de

ospüviš(cid:1)
pommade

• ospüv Nal pl. hospüv : 1. crème

2. pommade

• ostə Nal : est
• oxučuf Nal cst. oxučuv(cid:1) pl. hoxučuf

: incendie

• oyä Nal cst. oyay(cid:1) pl. hoyä : conver-

sation, dialogue

• oyay(cid:1) Vtr ppl. uyeya
converser, discuter

pst. oyaš(cid:1)

:

• paekə Nal pl. pfaekə : fourche
• pakampə Nal cst. pakampa(cid:1) pl. pfa-

kampə : 1. chaleur 2. midi

• pakiy(cid:1) Vtr ppl. pakeya pst. pakiš(cid:1) :

cuire, cuisiner

• paku Nal pl. pfaku : délire, folie

dant un mois
• palač-salkä Nal

cst. palač-salkay(cid:1)

pl. pfala-salkä : bréchet

• pal Nin pl. pfal : os
• pam Nal pl. pfam : 1. coquelicot

2. tache de sang 3. virginité

• pampə Nal cst. pampo(cid:1) pl. pfampə

: amour

• päná Nal cst. pänak(cid:1)
1. bonhomme 2. type

pl. pfäná :

• panay(cid:1) Vtr ppl. panya pst. panaš(cid:1) :

finir, terminer

• panel Val pl. pfanel : fin
• panel(cid:1) Vint ppl. pamäla pst. paneš(cid:1)

: finir, terminer

• pǟ Nal cst. pay(cid:1) pl. pfǟ : poing
• pänə Nal pl. pfinə : homme
• parfümir(cid:1) Vtr ppl. parfümera pst.

parfümiš(cid:1) : parfumer

• parfüm Nal pl. pfarfüm : parfum
• paš DETnum : quatre
• paš-süram Nal cst. paš-sür(cid:1) pl. pfaš-

süram : animal de bât

• pati Nin pl. pfetə : araignée
• pätə Nal cst. pätr(cid:1) pl. pfätə : pierre,

rocher

• pavó Nadj cst. pavos

pl. pava :

1. rouge 2. mûr, mature

• pav(cid:1) Vtr ppl. pwā pst. pay(cid:1) : 1. ai-

mer 2. apprécier

• pazalə Nal pl. pfazalə : été
• pazyepə Nal pl. pfazyepə : jour
• pa(cid:1) Vtr ppl. pā pst. paš(cid:1) : toucher
• peltó Nadj cst. peltos(cid:1)
pl. pelta :

• pakuv Nal pl. pfakuv : mois

1. lent 2. tardif

ANNEXE C. DICTIONNAIRE TÜCHTE-FRANÇAIS

166

• petu Nal pl. pfetu : bouleau

• pexti Nal pl. pfexti : chardon

• pezaši Nal pl. pfezaši

: luge, taba-

gane, schlitte

• pezu Nal pl. pfezu : son, bruit
• pfäfarälə Nal cst. pfäfarälo(cid:1) pl. pfä-

faräletə : poivrière

• pfäfar Nal pl. pfäfarə : poivre
• pfarə Nal cst. pfarar(cid:1) pl. pfararə :

prêtre, curé

• pfifälə Nal cst. pfifälo(cid:1) pl. pfifäletə

: sifflet

• pfifi Nal pl. pfifə : sifflement
• pfif(cid:1) Vint ppl. pfifa pst. pfiš(cid:1) : siffler

• pī PROps acc. peyə gen. pem prep.

pev(ə) ezz. pič : toi

• pipə Nal cst. pipa(cid:1) pl. pfipə : vallée

• pitə Nin pl. pfitə : cheveu

• pivó PREPnom : 1. pendant, durant

2. bien que, quoique, même si

• piv(cid:1) Vint ppl. peva pst. piy(cid:1) : passer

(se), dérouler (se)
• pizay(cid:1) Vtr ppl. piza

:
1. apporter, rapporter 2. transpor-
ter

pst. pizaš(cid:1)

• pizó Nadj cst. pizos(cid:1) pl. piza : doux
• pizə Nal cst. pfizet(cid:1) pl. pfizə : sen-

tier, piste

• piŋə Nadj pl. pfiŋə : intéressant, cu-

rieux, étrange

• pi(cid:1) Vtr ppl. pea pst. pir(cid:1) : (bouche-

rie) vider

• platef Nal cst. platev(cid:1) pl. pflatef

:

sourire

• platev(cid:1) Vint ppl. platwa pst. palten(cid:1)

: sourire

• pliss IDEO : choc sur une surface

humide

• plontsə Nal pl. pflontsə : plante
• plüv Nin pl. pflüv : plume
• poi Nal cst. port(cid:1) pl. pfoi : 1. porte

2. passage

• pō Nin 1sg. napo 2sg. pepo pl. pfō

: grand-père

• pō Nal pl. pfō : pain
• popir Nal pl. pfopir : 1. papier

2. feuille

• porodí Nal cst. porodis(cid:1) pl. pforodí

: 1. paradis 2. félicité

• portats(cid:1) Vtr

portač(cid:1) : fermer

ppl. portatsa

pst.

• pravaki Nal pl. pravakə : 1. attaque

2. hostilité
• pravak(cid:1) Vtr

ppl. pravaka

pst.

pravač(cid:1) : attaquer
• prav(cid:1) Vtr ppl. parva

blesser

pst. pray(cid:1)

:

• prekor(cid:1) Vtr ppl. prekara pl. prekoš(cid:1)

: 1. prier 2. demander

• premui Nal cst. premur(cid:1) pl. pfremui

: 1. fourrage 2. nourriture
• premulpə Nal cst. premulpaə

pl.

premulpaetə : fenil

• premuŋkə Nal cst. premuŋko(cid:1) pl.
pfremuŋkə : berger, pasteur, pâtre
• pré Nal cst. prek(cid:1) pl. pfré : 1. prière

2. demande

• prent Nal cst. prem(cid:1) pl. pfrent : pré,

prairie

• primuy(cid:1) Vint ppl. primoya

pst.
primuš(cid:1) : 1. paître 2. mâcher, mas-
tiquer

ANNEXE C. DICTIONNAIRE TÜCHTE-FRANÇAIS

167

• proatsə Nal pl. pfroatsə : fatigue
• proats(cid:1) Vtr ppl. pruatsa pst. proač(cid:1)

: fatiguer

• program Nal pl. programə : 1. lo-
giciel, programme 2. informatique

• psei Nal cst. pser(cid:1) : sueur

• ptum IDEO : choc sur une surface

solide

• püf Nal pl. pfef : rivière
• pun Nal cst. punt(cid:1) pl. pfun : chemin,

route

• püpeyə Nal pl. pfüpeyə : castor, ra-

gondin

• purakə Nal pl. pfurakə : abcès
• putoyə Nal cst. putoyo(cid:1) pl. pfutoyə

: sourcier

• putə Nal pl. pfutə : puit
• put(cid:1) Vtr

ppl. pota

:
1. (pierre) tailler, sculpter 2. fabri-
quer (d’un seul tenant)

pst. puč(cid:1)

• renik(cid:1) Vtr ppl. reneka pst. renič(cid:1) :

répondre

• rení Nal cst. renix(cid:1) pl. renixə : ré-

ponse

• renuy(cid:1) Vtr ppl. renoya pst. renuš(cid:1) :

1. refaire 2. maquiller

• retruf Nal cst. retruv(cid:1) pl. retruvetə

: brouette

• rigil Nal pl. rigilə : verrou
• riglir(cid:1) Vtr ppl. riglera pst. rigliš(cid:1) :

verrouiller

• rinlə Nal pl. rinletə : testicule
• rī Nal cst. rin(cid:1) pl. rinə : 1. anneau,

bague 2. (bijou) alliance

• rī Nin cst. rin(cid:1)

pl. rinə : 1. rein

2. rognon

• rit(cid:1) Vtr ppl. rita pst. rič(cid:1) : 1. (équi-

tation) monter 2. enfourcher

• rivlə Nal pl. rivletə : raisin
• ró Nal cst. ros(cid:1) pl. rosə : cheval

• pyeŋkə Nal cst. pyeŋko(cid:1) pl. pfyeŋkə

• ros Nal pl. rosetə : rose

: plantain

• rafanoč-grant Nal

pl. rafanon-

grantə : raifort

• rafanə Nal cst. rafano(cid:1) pl. rafanetə

: radis

• ragantə Nal pl. ragantetə : 1. ar-

gent 2. gourmette

• raki Nal pl. rakə : gravure
• rak(cid:1) Vtr ppl. raka pst. rač(cid:1) : graver
• ratälə Nal cst. ratälo(cid:1) pl. ratäletə :

ratière, piège à rat

• rotrə Nal pl. rotretə : charrue

• sabadi Nal pl. sabadə : samedi
• saf Nal cst. sav(cid:1) pl. savetə : année
• sakó Nadj cst. sakos(cid:1) pl. saka : mort
• salkä Nin cst. salkay(cid:1) pl. salkätə :

1. poitrine 2. côte
• salui Nal cst. salur(cid:1)
1. lumière 2. lampe

pl. saluretə :

• salvir(cid:1) Vint ppl. salvera pst. salviš(cid:1)

: réveiller (se)

• sā PROps acc. so ~ sō gen. sam prep.

• ratə Nal pl. ratetə : rat

sev(ə) ezz. sač : il, elle

• ravə Nal pl. ravetə : vigne

• sapə Nal pl. sapetə : sapin

ANNEXE C. DICTIONNAIRE TÜCHTE-FRANÇAIS

168

• saroč-yu Nal

cst. saroč-yur(cid:1)

pl.

• sero-lüsi Nal pl. šra-lüsi : (péj.) sa-

saron-yu : (forêt) lisière

lope

• sarui Nal cst. sarur(cid:1)

: 1. morve

2. rhume

• sarə Nin cst. saro(cid:1) pl. saretə : 1. nez

2. museau 3. début

• sau Nin cst. salk(cid:1) pl. salkə : 1. cœur

2. passion, désir

• savač-tiyé Nal cst. savač-tiyes(cid:1) pl.

savan-tiyea : printemps
cst. savos(cid:1)

• savó Nadj

pl. sava :

1. vert 2. immature 3. amer

• sav(cid:1) Vint ppl. swā pst. say(cid:1) : courir
• sei Nal cst. ser(cid:1) pl. seretə : gruau

• ser(cid:1) Vtr ppl. šra pst. seš(cid:1) : manger
• sespiklə Nadj cst. sespiklo(cid:1) pl. ses-

pikletə : pareil, semblable

• setsešev PREP : en bas de, au pied

de

• setə ADVloc : dessous
• sevets Nadj pl. sevetsə : 1. différent

2. autre

• seyextə Nadj cst. seyexto(cid:1) pl. seyexta

: nocturne

• seŋori Nal pl. seŋorə : caractéris-

tique, trait

• seŋor(cid:1) Vtr ppl. siŋara pst. seŋoš(cid:1) :

• šekev Nin pl. ǰekev : fille

connaître

• selpə Nal pl. selpetə : déjeuner

• seluŋki Nadj pl. seluŋka : 1. féroce

2. sauvage 3. bourru

• selə Nal pl. seletə : 1. âme 2. amou-

reux, amoureuse

• sē Nal cst. se(cid:1) pl. serə : scie

• sepal Nal
2. grippé

pl. sepalə

: 1.

dur

• sepam pl. sepamə : jeune mariée

• se PREPabl : 1. sous 2. (jour) lors

de 3. (pl.) chaque

• sepruf Nal cst. sepruv(cid:1) pl. sepruvetə

: dot

• serak(cid:1) Vtr ppl. seraka pst. serač(cid:1) :

grignoter

• serats(cid:1) Vint ppl. sartsa pst. serač(cid:1) :

1. dévier 2. perdre (se)

• seray(cid:1) Vtr ppl. sira
1. nourrir 2. élever

pst. seraš(cid:1)

:

• sī DETnum prévoc. sit : sept
• sidə Nal pl. sidetə : tache de vin,

tache de naissance

• šilkrot Nal pl. šilkrotə : tortue
• sil Nadj pl. silə : 1. droit 2. stable
• simi Nadj cst. simiy(cid:1)
pl. simiya :

médian, moyen

• sirdor(cid:1) Vtr ppl. sirdara pst. sirdoš(cid:1)

: diminuer, vider

• siró Nadj cst. siros(cid:1) pl. sira : présent
• sir(cid:1) Vint ppl. sera
: 1. y
avoir 2. (pst.) être

pon. siš(cid:1)

• siuf Nal pl. siuvetə : veuf
• siŋə Nal cst. siŋo pl. siŋetə : dessin
• skai Nal pl. skaə : mâtin
• skäpas Nal cst. skäpaz(cid:1) pl. skäpazə

: criminel

• skuv Nadj pl. skuvə : premier
• snobrə DETitg : combientième
• šoför Nal pl. šoförə

: chauffeur,

• šeri Nin pl. ǰeri : garçon

conducteur

ANNEXE C. DICTIONNAIRE TÜCHTE-FRANÇAIS

169

• solälə Nal cst. solälo(cid:1) pl. soläletə :

• süfrə Nadj pl. süfretə : 1. propre

salière

• sol Nal : sel
• solü Nal cst. solün(cid:1) pl. solünə : bloc

de sel

• somit Nal pl. somitə : velours

• sos Nal pl. sosə : sauce

• söyräy Nal pl. söyräyə : 1. salissure

2. obscénité, cochonceté

• spiklə Nadj cst. spiklo(cid:1) pl. spikletə

: même

• kə spiklə PROdem : le même
• spī Nin cst. spin(cid:1) pl. spinə : dos
• špiyil Nal pl. špiyilə : miroir

• sproats Nal pl. sproatsə : 1. travail

2. effort

• sproats(cid:1) Nint ppl. spruatsa

pst.
sproač(cid:1) : 1. travailler 2. efforcer (s’)
• šrinaräy Nal pl. šrinaräyə : menui-

serie

• šrinə Nal pl. šrinetə : menuisier

• štok Nal pl. štokə : bâton
• štokor(cid:1) Vtr ppl. štokara pst. štokoš

: battre

• storá Nal cst. storax(cid:1) pl. storaxə :

cigogne

• štot Nal pl. štotə : ville

• strixdi Nal pl. strixdə : jour de net-

toyage

• strix(cid:1) Vtr ppl. strixa

pst. strič(cid:1)
1. nettoyer 2. décaper 3. racler

:

• Štrozbori Npr : Strasbourg
• štüdir(cid:1) Vtr ppl. štüdera pst. študiš(cid:1)

: étudier

2. convenable

• suk(cid:1) Vint ppl. soka pst. suč(cid:1) : 1. cou-
ler 2. fondre 3. diarrhée (avoir la)

• sulas Nal cst. sulaz(cid:1)

pl. sulazə :

poule

• sulaspə Nal pl. sulaspaetə : pou-

lailler

• sülió Nadj cst. sülios(cid:1) pl. sülia : plein
• sulpə Nal cst. sulpa(cid:1) pl. sulpaetə :

nid

• sǖ Nin cst. sür(cid:1) pl. sürə : 1. jambe,

patte 2. pied

• sū Nal pl. sutə : noix
• sú Nal cst. sux(cid:1) pl. suxə : eau
• suntə Nal : sud

• supfə Nin pl. supfetə : voix
• supfə Nal cst. supfo(cid:1)
diarrhée, colique

pl. supfetə :

• sürač-kats Nal pl. süran-kats : gna-

phale, pied-de-chat

• sürkrü Nal cst. sürkrüt(cid:1) pl. surkrütə

: choucroute

• suu Nal cst. sul(cid:1) pl. suletə : 1. œuf

2. globule

• suvä Nal cst. suvay(cid:1)

pl. suvätə :
1. obligation 2. (euph.) envie pres-
sante

• suvay(cid:1) Vtr ppl. sovaya pst. suvaš(cid:1) :

obliger

• suv(cid:1) Vtr ppl. sova pst. suy(cid:1) : devoir
• švoyrə Nal pl. švoyretə : beau-frère
• sworä Nal cst. sworay(cid:1) pl. sworätə

: semoir

• swor(cid:1) Vtr ppl. sevara

pst. swoš(cid:1)

:

• štül Nal pl. štülə : chaise

semer

ANNEXE C. DICTIONNAIRE TÜCHTE-FRANÇAIS

170

• sxelvir(cid:1) Vint

ppl. sxelvera

pst.

• tavə Nal cst. tavo(cid:1) pl. tsavə : 1. nain

sxelviš(cid:1) : inquiéter (s’)

2. esprit

• syepf Nal pl. syepfə : étoile
• tabə Nal cst. taba(cid:1) pl. tsabə : lieu

• taziä Nin cst. taziay(cid:1) pl. tsaziä : foie
• tazias Nal cst. taziaz(cid:1) pl. tsazias :

magique

orme

• tal Nal pl. tsal : planche
• talvir(cid:1) Vint ppl. talvera pst. talviš(cid:1) :

découper des planches

• tantsə Nal pl. tantsetə : danse
• tants(cid:1) Nint ppl. tantsa pst. tanč(cid:1)

:

danser

• tapatsi Nal pl. tsapatsi : manquant,

objet de nostalgie

• tapatsə Nal pl. tsapatsə : absence
• tapats(cid:1) Vtr ppl. tapatsa pst. tapač(cid:1)

: manquer à

• tap(cid:1) Vtr ppl. tapa pst. tat(cid:1) : enfoncer
• tarkatsə Nal pl. tsarkatsə : mau-

vaise mémoire

• kō(cid:1) ~ Vtr : ne pas se rappeler

de
• tarkats(cid:1) Vtr

ppl. tarkatsa(cid:1)

pst.

tarkač(cid:1) : oublier

• tarnor(cid:1) Vtr ppl. tornara pst. tarnoš(cid:1)

: 1. retourner 2. renverser

• tastor(cid:1) Vtr ppl. testara pst. tastoš(cid:1) :

(laine) filer

• tav Nal
2. fillette

pl. tsav

: 1. moineau

veau

• tavui Nal cst. tavur(cid:1)

pl. tsavui

:

malédiction

• tavurviri Nal

:
1. sortilège 2. mauvais sort 3. mal-
chance

pst. tsavurviri

• tavurvir(cid:1) Vtr ppl. tavurvera
tavurviš(cid:1) : ensorceller, maudire

pst.

• tef Nin tev(cid:1) pl. tsef : 1. corne 2. re-

bord

• telefon Nal pl. tselefon : téléphone
• tē Nal pl. tsē : thé
• tepfi Nal pl. tsepfi : chose, truc
• tepo-ǰasepə Nal pl. tepa-ǰasepə :

aquilon, vent du nord

• tep(cid:1) Vtr ppl. tapa pst. tet(cid:1) : donner,

offrir

• teri Nal pl. tseri : 1. mot 2. phrase
• teru INTJ var. tru : écoute, tsé
• ter(cid:1) Vtr ppl. trā pst. teš(cid:1) : écouter

• ~ se
• obéir

• testə Nal cst. testo(cid:1) pl. tsestə : chif-

fon

• textə Nal pl. tsextə : 1. toit 2. cou-

vercle

• tišə Nal pl. tsišə : agneau
• tiu PREP : 1. vers 2. presque
• tiüram ADVtemp : encore, toujours
• tiyé Nadj cst. tiyes(cid:1) pl. tiyea : nou-

• toné Nal cst. tonek(cid:1) pl. tsoné : 1. (fé-

minin) vêtement 2. robe
• tornó PREP : autour de
• tornə Nal cst. torno(cid:1)

pl. tsornə :

1. assiette 2. plat 3. disque

• tos Nal pl. tosə : tasse
• totsox ADVphr : peut-être, sans

doute

ANNEXE C. DICTIONNAIRE TÜCHTE-FRANÇAIS

171

• toxor(cid:1) Vtr ppl. toxara pst. toxoš(cid:1) :

commencer, entamer

• tra(cid:1) Vtr ppl. tara pst. traš(cid:1) : suivre
• trebeyə Nal pl. tsrebeyə : bélier

• treč INTJ : voici
• trek(cid:1) ppl. tarka pst. treč(cid:1) Vtr : gar-

der, surveiller

• trepfá ADVloc : loin
• trepfə Nal cst. trepfo(cid:1) pl. tsrepfə :

rêve

• trexo Nal pl. tsrexo : idiot

• tsakliv PREP : 1. devant, en face de

2. (adversatif) contre

• tsaspiv PREP : 1. derrière 2. (sou-

tien) avec

• tsavó Nadj cst. tsavos(cid:1) ppl. tsava :

jeune

• tsavu Nal pl. tsavə : (filiation) en-

fant

• tsayev(cid:1) Vint ppl. tsäva pst. tsayen(cid:1)

: 1. debout (être) 2. lever (se)

• tsayi Nal pl. tsayə : charge
• tsay(cid:1) Vtr ppl. tsaya
1. porter 2. produire

pst. tsaš(cid:1)

:

• tsäzats(cid:1) Vtr ppl. tsezatsa pst. tsäzač(cid:1)

: peler, éplucher

• tsaz(cid:1) Vtr ppl. tsaza pst. tsa(cid:1) : (agri-
culture) fumer, engrais (mettre)

• tsemarmon Nal pl. tsemarmonə :

charpentier

• tsepolač-yó Nal cst. tsepolač-yos(cid:1) pl.

tsepolan-ya : poireau

• tses Nin cst. tsez(cid:1) pl. tsezə : peau
• tsezui Nal cst. tsezur(cid:1) pl. tsezuretə

: tablier

• tsiki Nal pl. tsikə : oiseau
• tsik(cid:1) Vint ppl. tseku pst. tsikuy(cid:1)

:

voler

• tsilə Nal pl. tsiletə : tuile
• tsió Nadj cst. tsios(cid:1) pl. tsia : amer
• tsitronas Nal cst. tsitronaz(cid:1) pl. tsi-

tronazə : citronnier

• tsitron Nal pl. tsitronə : citron
• tsitun Nal pl. tsituŋə : journal
• tsokave Nal cst. tsokaver(cid:1) pl. tsoka-

verə : datura

• tsok Nal pl. tsokə : train
• tsokrə Nal : sucre
• tsó PREP : au sujet de
• tsotüt(cid:1) Vint ppl. tsututa pst. tsotüč(cid:1)

: murmurer

• tsovaxi Nadj pl. tsovaxə : faux
• tsükomf Nal pl. tsükomfə : futur
• tsuvaki Nal pl. tsuvakə : souci, en-

nui

• tsuvak(cid:1) Vtr ppl. tsufka pst. tsuvač(cid:1)

: embêter, ennuyer

• tüfal Nal pl. tüfalə : Diable, démon
• tufälə Nin cst. tufälo(cid:1) pl. tufäletə :

nom

• tuf Nal pl. tufə : baptême
• tū Nin 1sg. nū 2sg. patu cst. tur(cid:1)

pl. tsū : père

• tū Nal pl. tsū : poids
• tups Nal pl. tsups : 1. résine 2. colle
• turturu IDEO : gronder
• türə Nadj pl. türetə : cher
• tüsak(cid:1) Vtr ppl. tüsaka pst. tüsač(cid:1) :

picoter

• tüsič-kasu Nal pl. tsüsin-kasu : mi-

graine, mal de tête

ANNEXE C. DICTIONNAIRE TÜCHTE-FRANÇAIS

172

• tüsič-lakə Nal pl. tsüsin-lakə : mal

de dent, rage de dent

• tüsič-spi Nal pl. tsüsin-spi

: lum-

bago

• tüsi-lüsi Nal : chaude-pisse

• tüsi Nal pl. tsüsi : douleur

• tüs Nal pl. tsüs : 1. épine 2. aiguille

3. dard 4. seringue

• tüs(cid:1) Vtr ppl. tusa pst. tü(cid:1) : faire mal
• tutampor(cid:1) Vtr ppl. tutampara pst.
tutampoš(cid:1) : 1. inventer 2. mentir
• tutampə Nal cst. tutampo(cid:1) pl. tsu-
tampə : 1. idée 2. invention 3. men-
songe

• tütayi Nal pl. tsütayi : question
• tütay(cid:1) Vtr ppl. tüta pst. tütaš(cid:1) : ques-

tionner, interroger

• tütevi Nal pl. tsütevi : pensée
• tütev(cid:1) Vint ppl. tütwa pst. tüten(cid:1) :

1. penser 2. croire

• tuu Nin cst. tult(cid:1) pl. tsuu : personne
• tüvokälə Nal cst. tüvokälo(cid:1) pl. tü-

vokäletə : bourse, sachet

• tüvok Nal pl. tüvokə : tabac
• tuvó Nadj cst. tuvos(cid:1) pl. tuva : ab-

sent

• tüxtui Nal cst. tüxtur(cid:1) pl. tsüxtui :

vérité

• tüxtə Nal cst. tüxto(cid:1)
1. langue 2. Tüchte

pl. tsüxtə :

• tyé Nadj cst. tyes(cid:1) pl. tyea : laid

• tyertač-sü Nal cst. tyertač-sür(cid:1) pl.

tsyertan-sü : genou
• tyertə Nin pl. tsyertə
• tyevó Nadj cst. tyevos(cid:1) pl. tyeva :
1. aigre, acide 2. (figuré) amer

• učə Nal pl. hučə : départ
• üflə DETindf pl. üvalə : 1. un quel-
conque, un seul 2. (pl.) quelques
• üf précons. üvə DETindf : un üvə

büvə Un bœuf

• uilkə Nal cst. uilko(cid:1) pl. huilkə : seau
• ui Nal pl. hui : 1. lait 2. suc
• ük(cid:1) Vtr ppl. uka pst. üč(cid:1) : utiliser,

employer

• ǘ Nal cst. ük(cid:1) pl. urú cst.pl. uruk(cid:1)

: sanglier

• ǖ Nal cst. ür(cid:1) pl. hǖ : (pl.) ancêtres,

aïeux

• ür Nal pl. hür : horloge
• üroyats(cid:1) Vint ppl. üruyatsa

pst.

üroyač(cid:1) : rester

• uru Nal pl. huru : menace
• üru Nal cst. üruy(cid:1) pl. huru : 1. (mé-

chanique) jeu 2. insécurité

• uruvir(cid:1) Vtr ppl. uruvera pst. uruviš(cid:1)

: menacer

• üruy(cid:1) Vint ppl. üroya
tenir mal, lâche, jouer

pst. üruš(cid:1)

:

• ušpaač-pfarə

cst. ušpaač-
Nal
pfarar(cid:1) pl. hušpaan-pfarə : 1. pres-
bytère 2. garçonnière

• ušpair(cid:1) Vint ppl. ušpaera pst. ušpaiš(cid:1)

: rentrer, revenir

• tyertač-ekə Nal pl. tsyertan-ekə :

• ušpə Nal cst. ušpa(cid:1) pl. hušpə : fa-

coude

mille, maisonnée

• tyertač-li Nal cst. tyertač-lit(cid:1)

pl.

• üvakam DETnum : 1. cent 2.

in-

tsyertan-li : poignet

nombrable

ANNEXE C. DICTIONNAIRE TÜCHTE-FRANÇAIS

173

• üvä Nal cst. üvay(cid:1) pl. hüvä : ma-

riage

• üvay(cid:1) Vtr ppl. üva pst. üvaš(cid:1) : 1. ma-

rier 2. épouser

• üvó Nadj cst. üvos(cid:1) pl. üva : souple

• üxi Nal pl. hüxi : entrailles, viscères
cst. vav(cid:1)

• vaf Nal

pl. vavetə

1. écorce 2. protection 3.
couverture

:
(livre)

• vagə Nal cst. vagen(cid:1)

pl. vagenə :

1. wagon, chariot 2. voiture

• vaksän Nal pl. vaksänə : vaccin

• vamplips INTJ : s’il-vous-plaît, s’il-

te-plaît

• vand(cid:1) Vtr ppl. vanda

pst. vanǰ(cid:1)

:

vendre

• vá Nal cst. vas(cid:1) pl. vesə : hache

• varan Nal : neige

• väredi Nal pl. väredə : vendredi
• varneuf Nal cst. varneuv(cid:1) pl. var-

neuvetə : hiver

• vašač-Yesú Nal cst. vašač-Yesus(cid:1) pl.

vašan-Yesú : (fleur) pensée

• vaspə Nal cst. vaspo(cid:1) pl. vaspetə :

toux

• vašui Nal cst. vašur(cid:1) pl. vašuretə :

couleur

• vašə Nal pl. vašetə : fleur

• vatsö ADVitg : comment
• vazälə Nal cst. vazälo(cid:1) pl. vazäletə

: 1. sécateur 2. ciseaux

• vazə Nal pl. vazetə : banc
• vaz(cid:1) Vtr ppl. vaza pst. va(cid:1) : 1. éla-
(ongles)
(barbe) tailler 3.

guer 2.
couper

• vedi Nin pl. vedə : 1. tempe 2. tuyau
• vei ADVitg : (destination) où
• vei Nal cst. ver(cid:1) pl. veretə : puanteur
• veli Nal pl. velə : air
• vē Nal pl. vī : chaussure
• vepats(cid:1) Vtr ppl. vüpatsa pst. vepač(cid:1)

: tondre, raser

• ver(cid:1) Vtr ppl. vra pst. veš(cid:1) : sentir
• vestə Nal : ouest
• vets DETitg : quel
• vetsü ADVitg : quand
• vetsüru ADVitg : combien de temps
• vetsə Nal pl. vetsetə : 1. surface

2. patrimoine 3. domaine
• vetsə PROitg pl. vetsə : lequel
• vevisó Nadj cst. vevisos(cid:1) pl. vevisa :

petit

• viči Nal pl. vičə : commande, ordre
• vič(cid:1) Vtr 3pl. wibic(cid:1) pst. vič(cid:1) : diriger,

commander

• viks DETnum : six
• Vinax Npr cst. Vinaxt(cid:1) : Noël
• vī Nal pl. bī : 1. vin 2. alcool
• visə ADVgrad : moins
• vniyu Nal pl. vniyə : quartz
• vrelpeyə Nal pl. vrelpeyetə : chèvre-

feuille

• vütlə Nal pl. vütletə : caprice
• vüt Nal pl. vütə : colère, fureur
• vyekor(cid:1) Vtr

ppl. vyekara

pst.

vyekoš(cid:1) : embrasser

• vyekə Nin pl. vyekrə : baiser
• yačel(cid:1) Vint ppl. yačala pst. yačeš(cid:1) :

endormir (s’)

• yälə Nal pl. yelə : oreille

ANNEXE C. DICTIONNAIRE TÜCHTE-FRANÇAIS

174

• yǟ Nal cst. yä(cid:1) pl. yeši : coq
• yašo Nin pl. yaši : pied
• yef Nal cst. yev(cid:1) pl. yevetə : cica-

trice

• yepá Nal cst. yepak(cid:1)

pl. yepakə :

vieillard

• yepó Nadj cst. yepos pl. yepa : vieux

• yupsú Nadj cst. yupsux(cid:1) pl. yupsuxa

: (agriculture) non irrigué

• yupə PREP : sans
• yüp(cid:1) Vtr ppl. yupa pst. yüt(cid:1) : lancer
• yuraatsó Nadj cst. yuraatsos(cid:1)

pl.

yuraatsa : étonné, surpris

• yurats(cid:1) Vint ppl. yuratsa pst. yurač(cid:1)

• yepə Nal pl. yepetə : 1. poussière

: retenir sa respiration

2. poudre

• Yesú Npr cst. Yesus(cid:1) : Jésus
• yeti Nal pl. šeti : sommeil

• yets Nal pl. hyets : siège
• yet(cid:1) Vint ppl. yata pst. yeč(cid:1) : dormir
• yextolə Nal pl. šextolə : sieste
• yextə Nal cst. yexto(cid:1) pl. šextə : nuit
• yo INTJ var. yō : oui
• yopatä Nal cst. yopatay(cid:1) pl. šopatä

: arrêt

• yopatay(cid:1) Vtr

ppl. yopäta

pst.
yopataš(cid:1) : 1. retirer 2. annuler 3. ar-
rêter

• yopatir(cid:1) Vint ppl. yopatera

pst.

yopatiš(cid:1) : sortir

• yū Nal pl. šū : forêt

• yǖ Nal pl. šǖ : 1. joug 2. attelage

• yupezi Nadj pl. yupeza : friche, pâ-

quis

• yuplaviri Nadj pl. yuplavira : fade

• yuprinlə Nadj pl. yuprinla : 1. cas-

tré 2. (péj.) mauviette

• yure Nal pl. šure : vent
• yure(cid:1) Vint ppl. yura

pst. yurey(cid:1)

:

moucher (se)

• yuriälə Nal cst. yuriälo(cid:1) pl. šuriälə

: mouchoir

• yuvašui Nadj cst. yuvašur(cid:1) pl. yu-

vašura : 1. incolore 2. pâle

• yuviri Nal pl. šuviri : chasse
• yuvir(cid:1) Vtr ppl. yuvera pst. yuviš(cid:1) :

chasser

• zalpeyə Nal pl. zalpeyetə : ami

• zame ADVphr : en plus, même

• zampeltó ADVman : lentement

• zansülió ADVman : 1. pleinement

2. seulement, ne… que

• zantiyé ADVman : encore, à nou-

veau

• zats(cid:1) Vtr ppl. ezatsa pst. zač(cid:1) : perdre
• zaŋelčiv ADVman : 1. adéquate-

ment 2. bien

• zaŋikó ADVman : bêtement

• yupsalui Nadj cst. yupsalur(cid:1) pl. yup-

• zwisó ADVman var. zisó : pas très,

salura : sombre

peu

Annexe D

Carnet de bord des idées

***2017-05-20

Idée de la refonte complète de la langue
***2017-05-21
Deux déclinaisons, l’une vocalique et l’autre consonantique <-et>
Opposition de longueur pour les sonantes
***2017-05-22
Système phonologique
Voyelle de V-decl dépend de l’histoire de la consonne précédente et de la hauteur de la
voyelle précédente aussi
Diphtongues d’inspiration Ænglisc
***2017-05-23
Différents pronoms pour les deux déclinaisons ?
***2017-05-24
Déclinaison vocalique des bases en palatales se distingue des autres bases de déclinai-
son : et
deviennent
Pluriel en réduplication + gémination de la deuxième consonne (et dissimulation voca-
lique) ex : —>, =>
Occlusives sonores sont d’anciennes prénasalisées, restreignant leur distribution
En gros, la suite en fin de mot sont évitées, et partout la suite
Conjugaison à 6 personnes+distinction exclusif/inclusif. Négation en <-p-> avec dissi-
mulation de la voyelle qui suit l’infixe aux personnes du pluriel
Les combinaisons et deviennent et respectivement
Possession pronominale préfixée, certains noms (inaliénables) sont toujours possédés
comme « sa peau ». Pour signifier une non-possession, le préfixe est
utilisé
***2017-05-25
Collectif en suffixant « un » au pluriel ?
La possession n’indique pas le nombre du possesseur

175

ANNEXE D. CARNET DE BORD DES IDÉES

176

Accusatif et génitif marqués uniquement sur des référents définis
Réduplication sur les verbes pour le continu/habituel
Vieux schème de participe actif en gémination de la finale ? cf et
Schème de nominalisation verbale en *
Schème de « lieu » en <-padet>
La dissimulation vocalique ne concerne plus que
et les diphtongues, et pour le
pluriel des noms. et impossibles
Préfixes verbaux de modalité
Collectif en pl.+<-rumet>. Assimilation consonantique
Schème de « producteur » en <-asa>
Pas de en initiale
Réduplication pour les VC- consiste seulement en gémination de la consonne (si seule)
Schème de « produit » en <-ulet>
Les adjectifs (des noms) sont reliés au nom par un pronom relatif. S’accordent en nombre
(et le pronom aussi)
***2017-05-26
Les monosyllabes (racine) en VCC font leur pluriel en VCCVC
Aspect ponctuel (instantané) en <-yu> (avec modification de la consonne précédente si
besoin)
Aspect itératif = ponctuel+duratif
Différents pronoms relatifs selon la définitude du nom : / pour le générique,
/ pour le spécifique : « un homme qui boit (dans le cas où) »
vs « l’homme qui boit (maintenant) »
Aspect incomplétif en <-yell> (modification de la consonne précédente). Exemples :
« j’ai commencé à boire » « je ne finis pas de boire »
Le verbe sans marque d’aspect est un perfectif ou un statif
Résumé :
« je bois (habituellement) » « je bois pendant un moment »
« j’ai bu un coup » « je bois encore et encore »
« j’ai commencé à boire » « je suis en train de boire »
« j’ai presque bu » « je recommence à boire »
Conflation <-yu>+<-yell>=<-yull>
Schème d’« instrument » en <-añet>
Que faire des adjectifs ? Ezafet ?
Voyelle de V-decl <-e> après Cr et Cl
Duel construit avec pluriel + nombre 2. Rare
+=
Futur : géminées fricatives et occlusives deviendront plus « fortes », les autres s’affai-
bliront
Les adjectifs sont des verbes statifs, les aspects ont une utilisation différente

ANNEXE D. CARNET DE BORD DES IDÉES

177

« je suis rouge (habituellement) » « je suis rouge (maintenant) » « je rougis » « je suis presque rouge »
La forme rédupliquée des adjectifs est un intensif
***2017-05-27
Gérondif en <-na>
Prépositions
Schème de « muni de, pourvu de » en
Schème de « sans » en
Le pluriel des noms préfixés est sur la racine
Schème de « caractérisé par » sur verbes adjectifs en <-una> ou en <-CCa>
Les verbes statifs (savoir, haïr, etc) n’ont pas de forme rédupliquée.
Diminutifs : (choses, animaux), (humains proches)
Augmentatifs : Futur : ou influence des géminées sur l’accentuation
Schème de « semblable à » en
Le collectif peut être utilisé comme duel
***2017-05-28
Dérivation du verbe « enlever, contrarifier, dé- » en <-ats>
Dérivation nom>verbe en <-uñ>
« Je ne sais pas si »=« je doute savoir que »
***2017-05-29
Pas de verbe « être », les aspects sont rendus par d’autres verbes
+=
Pronoms factitifs ? inflection spéciale. Ablatif+prep.
« Acteur » en <-ire>
« Agent factitif » en <-kana>
« Faussement » (nom et verbe) en
« De même » en
Les vrais disparaissent devant autre consonne
***2017-05-31
Classificateurs pour les nombres (préposés)
Zéro-dérivation de verbe à nom (résultats d’actions)
Dérivation de verbes de mouvement, factitifs, en <-ay>
***2017-06-01
Zéro-dérivation des V-adj (très vieux)
<-padet> pour les noms de qualité
***2017-06-02
Changements phonétiques

ANNEXE D. CARNET DE BORD DES IDÉES

178

***2017-06-03
Suffixe <-em> de « médio-passif/inaccusatif »
***2017-06-25
Premiers mots de t=1
Changements phonétiques : apparitions d’aspirées lors des invasions germaniques
Pendant la période gallo-romaine, changement du paradigme accentuel
L’ezafet deviendra un marquage permanent ou se substitue au pluriel hérité (trop irrégu-
lier)
L’ezafet déterminé en conjonction avec un démonstratif deviendra article défini
***2017-06-26
Suffixe <-āria> emprunté au latin en t=2 pour les noms d’humain
***2017-06-27
Affrication des aspirées vers 700
***2017-06-28
L’affixe de « devoir » est utilisé comme futur durant la période gallo-romaine
Les nombres en t=0 sont des noms. Le déterminé est au génitif quand défini : « un homme », « l’homme seul »
Conjonction <ī> dans les éventuelles. Le ponctuel donne le sens de « si » à .
Les noms propres utilisent la composition.
Pas de classificateurs pour les nombres.
Suffixe féminin <-essi> pour les noms propres
***2017-06-30
s’amuït avant consonne Travail sur la grammaire en 5 périodes : Proto-teoktu (t=0),
Archaïque (t=15), Ancien ( 900), Moyen ( 1500) et moderne.
***2017-07-01
Changement de SVO à VSO ?
***2017-07-02
Particules comme en grec ancien
***2017-07-04
=
***2017-07-05
Nom d’habitant en
Verbe de mouvement sur PREP en <-il>
Ancien lien entre , et ? Ce dernier, suffixe comme dans
***2017-07-15
Donner à X-accusatif Y-ablatif
***2017-07-17
Pronoms interrogatifs de lieu et autres dérivés des adverbes relatifs
***2017-07-20
Copule dans les phrases de réponse ->

ANNEXE D. CARNET DE BORD DES IDÉES

179

***2017-07-21
Rédaction des grammaires
***2017-07-22
Ordinaux en t=0 structure locative en +set+
Le possessif en signale maintenant la possession de 4ème personne : « il mange la patte (de quelqu’un d’autre) »
L’interrogation indirecte partielle est introduite par +pronom interrogatif
***2017-07-24
Schème de « contenant » aussi en <-añet>
Nom de patient en <2-ena>
+=<ŋŋ>
Schème de « utiliser un outil pour » aussi en <-il>
***2017-07-25
Comparaison avec loc. prép. « au-delà, devant » ou « mener » ?
Comparaison avec les prépositions (moins que) et (plus que)
***2017-07-26
« jamais » est la négation usuelle en t=15
Fossilisation des variations vocaliques
***2017-07-27
Disparition de l’accusatif des noms par influence des constructions numérales.
Défini avec DEM+désinence.
***2017-07-28
=>, <-una>=><ūyə>
Après t=15, la réd. disparaît sur les noms, ne reste que la fortition.
***2017-07-29
Paradigme d’ezzafe.
***2017-08-29
Écrire une pièce de théâtre en Tücht.
***2017-09-17
Questions (interrogation totale) avec pronom personnel postposé au verbe.
Idéophones
***2017-09-19
Réanalyse des nombres ordinaux en structure possessive pour Ancien
Modifications vocaliques du pluriel des a-a-a et i-i encore actives
***2017-09-22
Usage de la nouvelle copule (t=15) dans des structures de focus.
***2017-09-23
<-āriu> devient vite <-āyu> en t=4
verbe transitifs : <-ār> en t=4.
Marque du pluriel des noms à V-initiale en par analogie

ANNEXE D. CARNET DE BORD DES IDÉES

180

ANNEXE D. CARNET DE BORD DES IDÉES

181

subjonctif. En conséquent, la conj n’est pas utilisée après les verbes de modalité
***2017-10-24
-> « j’arrive à voir, j’ai vu (perf) »
-> « j’ai arrivé à voir, j’ai eu vu »
***2017-10-25
Mutation s’étend par analogie au pluriel des <#C[rl]>
Adjectifs nisba : ou préposition
***2017-10-26
Nisba aussi à partir de prépositions.
« j’ai vu »
« j’avais vu »
« j’avais vu (réc.) »
« j’avais vu (longt.) »
***2017-10-28
Travailler la syntaxe depuis t=n ?
***2017-12-09
Créer les mots dans un fichier plus simple avant d’employer le XML
***2018-01-03
pluriel des mots en <-ʔi> en <-ʔə> en t=67
Nouvelle classe d’adjectifs en t=67, singulier en <-oʔ> et pluriel en <-á> (+ mutation)
Plus de réduplication pour les verbes ?
Génitif en <-m>, plus distinctif, s’étend à tous les noms (sauf dans locutions figées)
Not pro-drop sous influence superstrats
Génitif pluriel en <-nam> pour les pluriels en <-ə> ?
***2018-01-04
Pluriel des noms en voyelle en <-ə>
Les noms massifs, si leur forme ne s’y prête pas à la base, n’ont pas de pluriel.
Passé des verbes en consonnes palatalisé par analogie
Pluriel en <-etə> par analogie pour les noms en <-ə> non mutable.
Inchoatif devient dérivation
Les noms inaliénables gardent le préfixe s’ils sont trop courts, autrement ils sont quand
même lénifiés.
Augmentatif roman en <-ōne>
***2018-01-05
Écriture d’un conte
Archaïsmes dans les contes
<-la> diminutif germain (t=45)
Presque plus de suffixes de définitude sauf au nominatif
Donner le pluriel des verbes au dico
Pas de passif en t=0 (antéposition de l’objet)

ANNEXE D. CARNET DE BORD DES IDÉES

182

***2018-01-05
Passif en R.+verbe
participes dérivés de 3sg et 3pl ; les pronoms sont alors obligatoires en usage verbal
Un seul passé (simple) pour les participes.
***2018-01-06
Utilisation du Althochdeutsches Wörterbuch Online
***2018-01-07
Préfixe suppressif en au Moyen-âge
Suffixe d’outils <-élo> t=12
Suffixe péjoratif germain <-rey> (d’après collectifs)
État construit pour les constructions génitives (plus de génitif ou prépositionel sauf ex-
pressions figées)
Réanalyse de <-ir(cid:1)> (all. <-vir(cid:1)>) en verblz gen.
***2018-01-08
Noms d’actions en conversion au M-Â (üvay(cid:1) > üvɛ)
Remplacement de suffixes pour transitivité
pluriel des adjectifs nisba en <-a> par analogie
Émotions avec
Auxiliaires ont une flexion personnelle réduite (presque préfixes)
Formes négatives de la copule (<-ŋkeʔ>)
Formes contractes avec ”quoi”
Passé lointain moins sûr
***2018-01-09
Composés Nombre-Nom avec génitif figé, disparaît au cst.
Relatives spécifiques avec rel. déictique ”le même”
3pl. avec voyelle t=0 (sauf adjectifs)
Formes réduites de la copule
Préfixe latin de ”refaire” (deux formes)
***2018-01-10
Intransitivateur en (du français)
SUBIES deviennent des mots
L’ezzafe pluriel reste simple <-n> dans les composés.
Métathèse sporadique (foloroyə>foroloyə)
Adverbialisation des prépositions différente selon l’origine : récents avec prep.,
vieux avec suffixe <-na>
Nouvelle réduplication totale avec sens itératif
***2018-01-11
Adverbes : adj.V avec + (en préfixe ?)
ʔ> ton ? haut ou bas en coda
Emprunt de pleins d’adjectifs et noms mais peu de verbes.

ANNEXE D. CARNET DE BORD DES IDÉES

183

Composés dvandva
Autres adverbes en +génitif ”à l’allure de”
Vocatif en ***2018-01-12
<-rɛy> suffixe de lieu
> irrégulier.
itératif latin en <-tor(cid:1)> ?
***2018-01-13
Ton haut pour les syllabes en glottale
Impératif : subj.
***2018-01-14
Copule enclitique (BCMS)
Progressif en
Vieux p.passif latin en <-oto>, mort
Nominalisation avec article (noms de couleur, autres ?)
***2018-01-15
V + ”vers” = ”essayer”
<í>V = subitement
P passif : désaccord en nombre OU réfléchi
Péjoratif en <-ak>
***2018-01-16
Nouveau sens verbes avec rection à prépositions
***2018-01-17
Contraction du préfixe adverbe en
La négation est fusionnée avec le clitique.
Impératif implique les désinences de personne 2nd
Base du présent singulier : 1r personne
***2018-01-21
Déterminé par det.poss. déterminé. (+ mais pas devant préposition)
***2018-01-27
17-18-19 soustractifs
Pluriel en mutation plus productif (sauf pour voyelles).
***2018-01-31
/ǰ/ > /z/ ? Dialecte
<-di> suffixe de jour spécial
Orthographe : ɛ > ä
Pas ap. prep souvent mais ezzafe accordé.
Possession propers : possible antéposition.
Marquer ezzafe adjectifs !
***2018-02-01

ANNEXE D. CARNET DE BORD DES IDÉES

184

Réduplication pour réfléchi.
***2018-02-02
Subjonctif a un sens de consécution.
”-ible” : qqchose avec préfixe
finales en

Annexe E

Les changements phonétiques dans le
SCA2

C=ʔptckbdjgfsšxhvzžčǰmnñŋywlrvðɣpʰtʰčʰkʰpftskx
V=aeioueaeoieüöäāēīōūɛ̄àèìòùɛ̀əöüȫǖ
B=aeiouäöü
À=àèìòùɛ̀
L=āēīōūɛ̄ȫǖ
E=eäiēɛ̄ī
6=eäiou
7=aeäo
K=ptcčk
G=bdjǰg
Ð=vðžžɣ
Þ=fþššx
H=pʰtʰcʰčʰkʰ
Ṗ=pfţččkx
S=ptckčfsþšx
Z=bdjgǰfzðžɣ
W=wylrmnñŋ
N=mnñŋ
P=pbwmvf
Š=šžčǰ
Ʃ=sfþšx
Ŵ=ptckčfsþšxbdjgǰfzðžɣ

ea|Ă
eo|Ţ
ie|Õ

185

ANNEXE E. LES CHANGEMENTS PHONÉTIQUES DANS LE SCA2

186

üö|ẁ
pʰ|ƻ
tʰ|Å
čʰ|Ĵ
kʰ|Ɵ
ɛ̄|Ɛ
ɛ̀|Ȅ
pf|ṗ
kx|ķ
hh/x/_
j/ǰ/_
c/č/_
ea/ɛ̄/_
eo/ū/_
r//V_V
n//V_V
B/L/_²
B//L_
h//_
*t=5
B/À/_(C)(C)L(C)CV(C)#
B/À/_(C)(C)LCV(C)#
B/À/_(C)(C)V(CC)B(C)V(C)#
B/À/_(C)(C)BCC(C)V(C)#
B/À/_CLCVC#
L/B/_(C)(C)L(C)CV#
L/B/_(C)(C)LCV(C)#
L/B/_(C)(C)V(CC)B(C)V(C)#
L/B/_(C)(C)BCC(C)V(C)#
L/B/_CLCVC#
m/w/V_V
ñ/y/V_V
l/r/V_V
ŋ/w/V_V
W//_²
e/i/_a
*t=7 à t=15
b/w/V_/_b
w//_W
s/z/V_V

ANNEXE E. LES CHANGEMENTS PHONÉTIQUES DANS LE SCA2

187

ss/s/_
K/H/_²
K//H_
G/Ð/V_[WV]
G//_²
B/ə/_N#
ì/e/_
ù/o/_
À/ə/_
7/ə/V(C)(C)_(C)#
i/e/V(C)(C)_(C)#
u/o/V(C)(C)_(C)#
ə//#(s)_CV
aə/ā/_
ə//L_
ɣ/k/S_
*t=15 à t=21
ŋ/g/_[lr]
B/L/_²
B//L_
B/L/_ə#
ə//V_
ə//W_C/_N
m/b/_[lr]
n//_[lr]
ə//C_WV
ə//_#
ə//#_
WŴ/\\/#_V
W//#_CC
/ə/VC_[lrn][#C]
/ə/C_CC/Ʃ_
B/ə/_#
L/B/_#
l/d/r_
ð/v/_[uū]
w/v/_
Ð/Þ/_S
ð//_
V//_²

ANNEXE E. LES CHANGEMENTS PHONÉTIQUES DANS LE SCA2

188

H/Ṗ/_
K/Þ/_K
þ/f/_
t//[Vwy]_#
*t=21 à t=27
ɣ//_
[ou]ə/ō/_
[ei]ə/ē/_
ə//V_
ō/ū/_
ū/ü/_
ā/o/_
ē/ī/_
ī/i/_
i/ü/P_P
ə/a/_
*t=28 à t=32
y//Ṗ_
py/t/_
by/d/_
my/n/_
ü/ö/V(C)(C)_(C)#
ŋ/n/_#
*t=33 à t=40
rK/ʔi/_#
lK/ʔu/_#
/ʔ/V_V
ž/š/_
ƩK/Ʃ²/_#
l//_C#
r//_C#
nt/nn/_#
Þt/Þs/#_
sK/š/_C
s/š/_r
K/G/V_#
ɛ̄/ie/_
*t=41 à t=45
Þs/\\/_
šr/\\/_/#_

ANNEXE E. LES CHANGEMENTS PHONÉTIQUES DANS LE SCA2

189

[eä]/ea/_NC
i/ie/_NC
ü/üö/_NC
r//_Vr
kx/x/_
ñ/ny/_
ny/\\/V_
Cy/\\/V_
ny/n/_/#_
*t=46 à t=52
g/x/_#
b/w/_#
/a/d_#
v/w/[SZ]_
w//_[üöüu]
*t=53 à t=57
ay/ä/_[C#]
öy/ey/_[C#]
ey/i/_[C#]
äy/e/_[C#]
y//_[C#]
aw/o/_[C#]
ow/u/_[C#]
w//_[C#]
*t=58 à t=63
n//V_#
r//V_#
s/ʔ/V_#
x/ʔ/V_#
z/s/V_#
üö/ö/_
ea/a/_
ie/ye/_/CC_
ie/e/_
*t=64 à t=67
sÞ/ts/#_
a/ə/_#/#C_
B/L/#(C)(C)_#
x/h/#_
hw/f/_

ANNEXE E. LES CHANGEMENTS PHONÉTIQUES DANS LE SCA2

190

Ʃ//_²#
*orthographe
ţ/ts/_

Annexe F

Exemplification des langues construites

Une glose morphosyntaxique est tentée lorsque la grammaire d’une idéolangue est

disponible.

— Afrihili (Attobrah)

nu
nu
1pl

Kɛfara
kɛ-fara
3-être_bon
« Nous ferions mieux d’y aller maintenant » 65

koni
koni
maintenant

jode
jo-de
aller-inf

— Ancien Langage (Paolini)


être.prs

Eka
un
et
1sg
« Je suis un ami et un Dragonnier » 66

Shur’tugal
Dragonnier

fricai
ami

— Aneuvien (Anoev)

od
od
ou

o
o
2sg

o
o
2sg

do
do
mais

uspùze,
uspùz-e
sortir-prs

inkòm
inkòm-∅
rentrer-prs

Od
od
ou
tœrev
tœr-v
porte-circ
« Tu rentres ou tu sors, mais ne reste pas devant la porte » 67

staṅt
staṅt
rester

nep
nep
proh

aṅtek
aṅtek
devant

àt
àt
art

— Australien (de Foigny)

65. (Annis 2014)
66. Paolini (2004), Eragon, Paris : Bayard Jeunesse.
67. http://www.europalingua.eu/ideopedia/index.php5?title=IDEO_ANV_Phrase

[consulté le 01/10/2016]

191

ANNEXE F. EXEMPLIFICATION DES LANGUES CONSTRUITES

192

Ppda
pp-d-a
2pl-pst-aimer
« Vous avez aimé » 68

— Bâleybelen (Gülşeni)

Fajas
faj-as
monter-pst
« c’est monté de la bouche de ceux qui louent » 69

ymafnā
y-maf-n-ā
art-prier-tr-ptcp

fa-mim-a
fa-mim-a
de-bouche-cs

— Brithenig (Smith)

Pode’gw
pode-th
pouvoir-2pl
« Pouvez-vous m’entendre ? » 70

h-uddir-mi ?
gw
2pl

udd-ir=mi
entendre-inf=1sg.P

— Deyryck (Pluot)

ta
ta

sa
sa

ku
ku

dèn
dèn

vav
vav

tinèj
ti-nè-j

saki
saki

sa’néanéis
sa-’néanéi-s
èndmara
èndmara

sprah
sprah
ôpa
ô-pa
t’ê
t’-ê
muzi
[muzi

::èkto :sûn
::èkto :sûn
afa
afa
sokoc
soko-c

dû°
dû°
krané’
krané’
lamka :har’ênt
lamka :har’-ênt
safs
saf-s

man’skopfis
man’skopfis
djahyélsêdnêj
zûd
dja-hyé-l-s-êdn-êj
z-ûd
dji
ni
ku
dji
ku
ni
ccuzi
yaq
[ccuzi
yaq]

idj
so
id-j
so
sôzâ
zrodjidéj
sôz-â
zro-djidé-j
mi

mot’
mot’
mi
s-ô
mihar’renésit’lyui
mi-har’-renésit’-ly-ui
« Pour prendre notre décision, il nous faut votre réponse. Diriez-vous que,
sur une échelle de 1 à 10, qu’il y aurait la probabilité maximum que, si,
plutôt qu’il soit un moment où vous racontez les batailles des guerriers
avec les mots d’un prêcheur encore et encore, vous le fassiez être reconnu
pour sa force et/mais méconnu pour uniquement pour ce qu’il a fait, c’est
parce que vous serez oublié du temps ? Si c’est le cas, après que cela se soit
produit en vous attristant, pendant ces guerres que vous comptées, si vos
frères et soeurs veulent chacun apporter une Renaissance aux lumières
de votre coeur jusqu’à ce que vous soyez heureux, alors ils le feront au
quintuple. Il faut le savoir. » 71

ea
ea]

68. http://visualiseur.bnf.fr/CadresFenetre?O=NUMM-84473&I=232&M=tdm

[consulté le 03/02/2018]
69. (Häberl 2015)
70. http://steen.free.fr/brithenig/eloitext.html [consulté le 18/07/2017]
71. Source : communication personnelle.

ANNEXE F. EXEMPLIFICATION DES LANGUES CONSTRUITES

193

— Dil (Fieweger)

o
o
ou

fra
fra
entre

gutun
gut-un
bon-supl

med
med
moyen
doka
dok-a
docteur-gen

Dil
dil
dil
gloz
gloz
système
« Dil, ou le meilleur moyen de communication entre les Nations d’après
le système du docteur Gül de Bagdad » 72

kaipeni
kaipen-i
communication-acc
Bagdad
Bagdad
pn

nepez
nep-e-z
nation-nom-pl

ze
ze
selon

en
en
dans

Gül
Gül
pn

— Dothraki (Peterson)

ilde
ild-∅
frapper-pst.sg

Anha
anha
1sg.nom
« Je l’ai effleuré d’un coup d’épée » 73

chiftikh
chiftikh-∅
coup_faible-acc

maan
maan
3.all.sg

arakhoon
arakh-oon
épée-abl.sg

anni
anni
1sg.gen

— Elko (Mathieu)

wido
wid-o
enfant-nm

ilta
wiltaw-a
nombreux-adj

Emerdoa,
e-merdow-o-a
m-marchand-nm-gen
dago,
dag-o
jour-nm
ėldaroa
wėldar-o-a
famille.noble-nm-gen

Peloe
pel-o-e
maison-nm-loc
dabi
wedu
dab-i
wed-u
réunir-vb
passé-aux
lutdaroa,
lutdar-o-a
famille.riche-nm-gen
« Dans la maison d’un marchand, de nombreux enfants se réunirent un
jour, des enfants de familles riches, des enfants de familles nobles » 74

kelau
kel-au
imprécis-n
wido
wid-o
enfant-nm

wido
wid-o
enfant-nm

— Énochien (Dee & Kelly)

elo
elo
premier

Nanta,
Nanta
pn
« Esprit de la terre, le premier adorateur rend visite amicalement » 75

zorge
zorge
amicalement

Hoath
Hoath
adorateur

ef
ef
visiter

72. (Couturat et Leau 1903, p. 181)
73. http://www.sciencesetavenir.fr/decouvrir/tele-cinema/20121115.

OBS9606/game-of-thrones-l-invention-de-la-langue-dothraki.html [consulté
01/10/2016]

le

74. http://bergheim.no-ip.biz/elkodico/index.php/Papotages_d%27enfants

[consulté le 02/10/2016]

75. (Laycock et al. 2001, p. x)

ANNEXE F. EXEMPLIFICATION DES LANGUES CONSTRUITES

194

— Espéranto (Zamenhof)

dek
dek
dix

membroj
membr-o-j
membre-nm-pl

kun
kun
avec
elekti
elekt-i
élire-inf

grupo
grup-o
groupe-nm
mem
mem
même

Ĉiu
ĉiu
tout
rajtas
rajt-as
droit-prs
« Tout groupe de dix membres individuels de l’UEA peut élire lui-même
son délégué » 76

individuaj
individu-a-j
individu-adj-pl
sian
si-a-n
soi-adj-acc

delegiton
delegit-o-n
délégué-nm-acc

UEA
UEA
pn

de
de
de

— Idiom neutral (Rosenberger)

no
no
non

es
es-∅
être-prs

sole
sol-e
seul-adv

usabl
usabl
utilisable

neutral
neutral
neutre
parlasion
parlasion
parole

Idiom
idiom
langue
pro
pro
pour
« L’idiom neutral est utilisable non seulement à l’écrit, mais encore à l’oral » 77

skribasion,
skribasion
écriture

ma
ma
mais

pro
pro
pour

et
et
et

— Ido (de Beaufront)

la
la
art

nam
nam
en_effet

questiono
question-o
question-nm.sg

astonar
astona-r
étonner-prs-inf

povas
pov-a-s
pouvoir-prs-ind
li
li
probable-adv

Mea
me-a
1sg-poss
lekteri,
lekter-i
lecteur-nmpl
ideo
ide-o
idée-nm.sg
« Ma question peut étonner les lecteurs, en effet ils n’avaient probablement
aucune idée sur le sujet auparavant » 78

havis
hav-i-s
avoir-pst-ind

to,
t-o
dem-nm.nan

ante
ant-e
avant-adv

probable
probabl-e
3pl

pri
pri
au_sujet

ne
ne
neg

— Interlingua (Gode)

76. http://www.uea.org/reto [consulté le 02/10/2016]
77. (Couturat et Leau 1903, p. 496)
78. http://royalist-ido.blogspot.fr/2017/02/ka-la-konquesto-di-anglia-dal.

html [consulté le 20/07/2017]

ANNEXE F. EXEMPLIFICATION DES LANGUES CONSTRUITES

195

libere
libere
libre

human
human
humain

esseres
essere-s
être-pl

nasce
nasce-∅
naître-prs

le
le
art
derectos
derecto-s
droit-pl

Tote
tote
tout
in
in
dans
« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits » 79

dignitate
dignitate
dignité

equal
equal
égal

in
in
dans

e
e
et

e
e
et

— Ithkuil (Quijada)

Ai’tilafxup
DYN-CTX/ASR/PPS-RCP-parler-NRM/PRX/N/ASO/CST-SIM1/9-IFL
embuliëqtuqh
STA-pays-IND-NRM/DEL/M/CSL/UNI-MET1/6-INL1/9-IFL
« Toute la Terre se servait de la même langue et des mêmes mots » 80

— Kēlen (Sotomayor)

ien
ien
que

teteñ
t-eteñ
3pauc.refl

Iēlte
iēlte
il_y_a_longtemps
antāken
an-tāken-∅
nan-force-sg
« Un jour il y a longtemps ils eurent une dispute au sujet de qui était le
plus fort » 81

anþēŋŋeni
an-þēŋŋen-i
nan-force-pl
makēñ
ma-keñ
an-q

anānexa
an-ānex-a
nan-meilleur-sg

pa
pa
contenir

la
la
exister

ma
ma
rel

— Kesh (Le Guin)

wewey
we-wey
adj-tout

tusheíye
tú-sheíye
concret-travail

Húíshev
húí-sh-ev
humain-ag-gen
gochey
gochey
partagé
« Tous ces travaux humains sont de l’art bien fait, et partagés par tous » 82

duwey
du-wey
nmlz-tout

gestanai
ge-stanai
acc-art

rru
rru
dem

m
m
et

— Klingon (Okrand)

79. http://www.interlingua.com/e-libros-derectos [consulté le 02/10/2016]
80. http://www.ithkuil.net/texts.html#babel [consulté le 01/07/2017]. Les gloses sont

d’origine.

81. http://www.terjemar.net/analysis.php?id=2 [consulté le 16/07/2017]
82. (Higley 2008, p. 94)

ANNEXE F. EXEMPLIFICATION DES LANGUES CONSTRUITES

196

QI’lop
QI’-lop
militaire-célébration
« Le fou ne signera pas le traité, car il célèbre le Jour du Guerrier » 83

lopmo’
∅-lop-mo’
3sg>3sg-célébrer-car

qI’Qo’
∅-qI’-Qo’
3sg-signer-refuser

qoH
qoH
fou

— Kotava (Fetcey)

Garif
garif-∅
véritable-agr
« Un ami quand vous êtes dans le besoin est un véritable ami » 84

olegar
olega-r
avoir_besoin-3sg

sotir
so-ti-r
gno-être-3sg

viele
viele
quand

zo
zo
pass

nik
nik
ami

— Láadan (Elgin)

aril
aril
fut

shóo
shóo
arriver

Bíi
bíi
decl
« La célébration prendra place dimanche, à ce qu’on m’a dit » 85

Hathamesháaleya
Hathamesháal-ya
dimanche-temp

elahela
elahela
célébration

wáa
wáa
rep

— Larimin (Laedel)

ah
ah
prep

tora
locle
tor-a
locl-e
montagne-adj
eau-nm
« L’eau d’un lac de montagne doit être assez froide » 86

eceli
e-cel-i
pfx-devoir-v

olocte
oloct-e
lac-nm

jeaclomnaunpie
jeaclomn-a-unp-ie
froid-adj-assez-inf

— Lingua universalis (Labbé)

pat
pat
père

asa,
a-s a
1-pl gen

li
Oh
li
oh
ô
acc
« Notre père, qui es aux Cieux » 87

eno
en-o
être-prs

u
u
rel

cels
cel-s
ciel-pl

— Loglan (Brown)

da
x

Radaku
8

kangu
être_chien
« Tous les chiens sont bleus » 88

u
=)

da
x

blanu
être_bleu

83. (Okrent 2009, p. 281)
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88. (Okrent 2009, p. 212)

ANNEXE F. EXEMPLIFICATION DES LANGUES CONSTRUITES

197

— Lojban (Logical Language Group)

ke
(

melbi
être_beau

cmalu
Ta
être_petit
dem
« C’est une école pour filles joliment petites » 89

nixli
être_fille

ke’e
)

ckule
être_école

— Markuska (Bausani)

oizuri
o-iz-ur-i
pst-venir-nmlz-acc

Karlo
Karl-o
pn-gen
« Je dis que Karl est venu » 90

ridoj
rid-oj
dire-1sg

— Martien (Smith)



je

éni
éni
ici



que

éréduté
éréduté
solitaire

ilassuné
i-lassuné
1sg.P-approche

Ané
a-né
dem-être.prs.3sg
chée
ché-e
ton.sg-f
« C’est ici que solitaire je m’approche du ciel et regarde ta terre » 91

durée
durée
terre

ima
ima
ciel



du

ni
ni
et

bétiné
bétiné
regarder

— Mercantile (Vance)

Rhomel-en-shrai
Déclaration.importante-avec.empressement-deux
bogal-Mercantil-nli-en
oreille-Mercantile-de-avec.empressement
mous-es-nli-ro
bouche-la.personne.ici-de-avec.volonté
« Il y a deux choses dont j’aimerais discuter avec vous » 92

— Na’vi (Frommer)

ta
ta
de

teya
Oeri
teya
oe-ri
1sg-top
plein
« Mon nez est rempli de sa sale odeur d’étranger » 93

akewong
a-kewong
attr-étranger

peyä
po-yä
3sg-gen

fahew
fahew
odeur

ontu
ontu
nez

längu
l<äng>u
être

89. (Rosenfelder 2012, p. 55)
90. (Bausani 1970, p. 147)
91. (Henry 1988, p. IX)
92. (Kearsley 2015)
93. http://wiki.learnnavi.org/index.php/Corpus#Language_Log_Blog_Post

[consulté le 02/10/2016]

ANNEXE F. EXEMPLIFICATION DES LANGUES CONSTRUITES

198

— Néo-khuzdul (Salo)

Ikhf’
ikhfi
imp/recevoir
« Goûte au feu des Nains ! » 94

id-ursu
id-urs-u
def.acc-feu-cs

Khazâd
Khazâd
pl/Nain

— Novial (Jespersen)

divines
divine-s
dieu-pl

spirites
spirite-s
esprit-pl

altri
altr-i
autre-adj

apartenad
apartena-d
appartenir-pst

Pluri
plur-i
plusieurs-adj
finni
finn-i
finnois-adj
« Plusieurs dieux et autres esprits faisaient partie de l’ancienne foi fin-
noise » 95

e
e
et
kredo
kred-o
foi-nm

ansieni
ansien-i
ancien-adj

ye
ye
prep

— Novlangue (Orwell)

unbellyfeel
un-bellyfeel
neg-ventresentir

Oldthinkers
oldthinker-s
antépenseur-pl
« Ceux dont les idées ont été formées avant la Révolution ne peuvent
pas avoir une compréhension émotionnelle entière des principes du So-
cialisme Anglais » 96

Ingsoc
Ingsoc
pn

— Pakuni (Fromkin)

efi
e-fi
cm-chose

Sa
sa
quoi
« Que devons-nous faire ? » 97

dang
dang
devoir

meni
me-ni
1-pl

shi
shi
faire

— Philosophical Language (Wilkins)

α
α
je
ȣɩ
ȣɩ
pst

ɩa
ɩ-a
être-prs

tȣalti
t<ȣ>ati
croire


de

cȣαlbαiȣ
c<ȣ>αbα-iȣ
créer-suff

eȣ=tȣα,
eȣ=t<ȣ>α
tout-pouvoir

αl
αl
def

dαb
dαb
Dieu_le_père
dad
na
dad
na
ciel
et



de

dady͉
dady
terre

94. http://midgardsmal.com/dwarvish-4/ [consulté le 22/07/2017]
95. https://nov.wikipedia.org/wiki/Finni_ansieni_kredo [consulté le 21/01/2018]
96. Orwell (1950), 1984, Paris : Gallimard.
97. (Alexander 2014)

ANNEXE F. EXEMPLIFICATION DES LANGUES CONSTRUITES

199

« Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du Ciel et de la Terre » 98

— Ruski jezik (Križanić)

iest
iest
être.prs.3sg

Iazika
iazik-a
langue-gen.sg
mudrosti
potrebno
mudrost-i
potrebn-o
sagesse-dat.sg
utile-nom.sg
« La perfection de la langue est l’instrument le plus utile à la sagesse » 99

sowerszenost
sowerszenost-∅
perfection-nom.sg
k
k
vers

samo
sam-o
plus-nom.sg.n

orudie
orudie
instrument

— Sindarin (Tolkien)

thiw
Celebrimbor
tîw
Celebrimbor
signe\pl
pn
« Celebrimbor de Houssaye écrivit ces signes » 100

teithant
teitha-nt
écrire-pst

Eregion
Eregion
pn

i
i
art.pl

o
o
de

hin
sin
dem\pl

— Slovianski (Steenbergen & al.)

gromada
gromad-a
foule-nom.sg

hoće
hoć-e
vouloir-prs.3sg

Fanatična
fanatičn-a
fanatique-f.nom.sg
grěšęćų
grešęć-ų
pécheur-f.acc.sg
« Une foule fanatique veut lapider une femme pécheresse » 101

ženų
žen-ų
femme-acc.sg

okameniti
okameni-ti
lapider-inf

— Slovio (Hučko)

direktornik
direktor-nik
directeur-m

zgledil
zgledi-l-∅
regarder-pst

otidil
otidi-l
partir-pst-sg
bili
bi-l-i
être-pst-pl

Gda
Gda
quand
muzxifs
muzx-ifs
homme-gen.pl
« Quand le directeur partit, Bill jeta un coup d’œil aux noms des hommes
qui étaient limogés » 102

Bill
Bill
pn
uvolnitju
uvolnit-ju
limoger-adj

imenis
imen-is
nom-pl

ktor
ktor
qui

98. (Wilkins 1668, p. 427)
99. http://steen.free.fr/interslavic/constructed_slavic_languages.html

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ANNEXE F. EXEMPLIFICATION DES LANGUES CONSTRUITES

200

— Solrésol (Sudre)

domido
famisi
porter
univers
« Porter l’univers » 103

— Spokil (Nicolas)

gai
g-ai
falloir-prs

No
no
neg
« Il ne faut pas juger les gens sur l’apparence » 104

stiede
stied-e
juger-inf

les
le-s
def-pl

l’ealda
le
def

ati
ati
selon

fiol
fiol
gens

ealda
apparence

— Tsolyáni (Barker)

lúmmra
lúm-mra
1sg-poss

mál úl guál
Lúm
mál úl guál
lúm
fut
1sg
« Je viendrai seul, sans ma famille » 105

yehéssi
ye-héssi
sans-famille

prushén
prushén
seul

pál
pál
venir

— Ultra-martien (Smith)

lalato lito namito bo té zozoti zolota matito yoto

pa
?
(pas de traduction) 106

— Universal Character (Beck)

2314
honorer

leb
tu.fut
« Tu honoreras ton père et ta mère » 107

pf2477
mère

p2477
père

&
et

— Uranien (Smith)

TOP
nom.de.un.homme

ANOK
sacré

BATAM
sous

ISSEM
panier

TANAK
bleu

ÉTIP
nom.de.une.enfant

SIK
dans
VANEM
nom.de.un.animal

SÉRIM
caché

SANAK
vert
SANIM
entré

BAK
rameau
VANE
mal
MAZAK
malade

TATAK
triste

SAKAM
pleure

103. (Couturat et Leau 1903, p. 39)
104. (Nicolas 1904, p. 29)
105. (Barker 1981, p. 51)
106. (Yaguello 2006, p.197)
107. (Okrent 2009, p. 34)

ANNEXE F. EXEMPLIFICATION DES LANGUES CONSTRUITES

201

(pas de traduction) 108

— Uropi (Landais)

se
s-e
être-prs
ve
ve
fut

faran
Ce
far-an
ce
aller_en_véhicule-ptcp.actv
3sg.f
u
stajo
ce
za,
u
staj-o
ce
za
rester-inf
3sg.f

ndef
« Elle va à Strasbourg, et là-bas elle restera chez une amie » 109

trenim
tren-im
train-adv

frama
frama
amie

be
be
chez

a
a
à

Strasbùrg,
Strasbùrg
pn

id
id
et

— Utopien (More)

ha
ha
1sg.acc

chamaan
Vtopos
chama-an
Vtopos
île-acc
pn
« D’une non-île, mon souverain me fit, moi Utopos, île » 110

Boccas
boccas
souverain

polta
polta
faire.pst

chama
chama
île

la
la
neg

peu
peu
de

— Valyrien (Peterson)

sesīr
sesīr
même

nēdyssy
nēd-yssy
brave-nom.pl

zūgusy
zūg-u-sy
craindre-subj.aor-3pl

Morghot
morgho-t
mort-loc.sg
azantys
azant-ys
chevalier-nom.sg
« Le chevalier dit que même les braves craignent la mort » 111

vestras
vestra-∅-s
dire-prs-3sg

— Verdurien (Rosenfelder)

cum
cum
avec

mu
mu
2pl.nom

pén
pé-n
paix-dat

veaďen
veaď-en
aimer-inf

Ďitelán
ďitelán
en.avant
Sannam
Sann-am
Seigneur-acc.sg
« Partez en paix pour aimer et servir le Seigneur » 112

mësan
mës-an
servir-inf

er
er
et

so
so
art.nom.sg.m

108. (Yaguello 2006, p.197)
109. Source : communication personelle.
110. (Higley 2008, p. 64)
111. https://wiki.dothraki.org/Season_3_High_Valyrian_Dialogue
01/10/2016]
112. (Rosenfelder 2010, p. 7)

[consulté

le

ANNEXE F. EXEMPLIFICATION DES LANGUES CONSTRUITES

202

— Volapük (Schleyer)

kel
kel
qui

resodaspadi,
resodaspad-i
page.web-acc

dalabobs
dalab-ob-s
posséder-1-pl
Volapüke
volapük-e
volapük-dat

Fino
fin-o
fin-adv
lölöfiko
lölöfik-o
complet-adv
« Finalement nous avons un site web entièrement dédié au volapük » 113

pededieton
pe-dediet-on
pass-prf-dédier-3c

— Wenedyk (van Steenbergen)

en
en
dans

tały
tał-y
tel-m.sg

kęta
kęt-a
chanter-prs.3sg

Ła
ła
3sg.f.nom
siębła
siębł-a
sembler-prs.3sg
« Elle chante d’une telle manière qu’elle en paraît ridicule » 114

rzydziekłuza
rzydziekłuz-a
ridicule-f.sg.nom

mód,
mód-∅
manière-nom.sg

kód
kód
que

— Wenja (Byrd & Byrd)

bal,
bal
fort

may
may
proh

U
may-kwa
u
may=kwa
proh=et
imp
« Soyez forts, n’ayez pas peur et ne mourez pas ! » 115

dwaya,
dwaya
craindre

mari !
mari
mourir

113. http://xn--volapk-7ya.com/ [consulté le 02/10/2016]
114. http://steen.free.fr/wenedyk/texts7.html#sentences [consulté le 19/07/2017]
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Table des matières

Introduction

Abréviations dans les gloses morphosyntaxiques

I Cadre

1 Définitions et nomenclature

1.1 La notion de langage et la différenciation en langues
. . . . . . . . . .
1.2 Les langues naturelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1.3 Les pidgins et les langues mixtes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1.4 Les langues Ausbau, les langues-toits et les langues revitalisées . . . . .
. . . . . . . . . . . . .
1.5 Les reconstructions scientifiques comparatistes
. . . . . . . . . . . . . .
1.6 Quel terme opposer à « langues naturelles » ?
1.6.1 Le point de vue externe : les chercheurs . . . . . . . . . . . . .
1.6.2 Le point de vue interne : les créateurs . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

1.8.1 Glossolalies . .
1.8.2 Langues secrètes et codes
.

1.7 Cadre des langues inventées
1.8 Ce qui ne rentre pas dans le cadre

1.9 En résumé .

. .

.

.

.

2 Perspectives historiques

2.1 Les langues construites dans l’Histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2.1.1 Les langues mystiques et secrètes (xiie–xviie siècles) . . . . . .
2.1.2 Les langues philosophiques (xviie–xixe siècles) . . . . . . . . .
2.1.3 Les langues auxiliaires (xixe–xxe siècles) . . . . . . . . . . . .
2.1.4 Les langues des médias de masse (xxe–xxie siècles) . . . . . . .
2.2 Les communautés d’idéolinguistes de nos jours . . . . . . . . . . . . .
2.3 Histoire de la recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

210

1

6

8

9
9
12
14
16
18
20
20
21
23
25
25
27
28

29
29
29
31
34
37
40
42

TABLE DES MATIÈRES

3 Classifications des langues inventées

3.1 Les classifications par buts recherchés . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3.1.1 Langues auxiliaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3.1.2 Langues expérimentales
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3.1.3 Langues artistiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3.1.4 Langues personnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3.2 Les classifications par méthode de création du vocabulaire . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3.2.1 Langues a priori
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3.2.2 Langues a posteriori
3.2.3 Langues mixtes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3.3 Classification par organisation de la grammaire . . . . . . . . . . . . .
3.3.1 Langues schématiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3.3.2 Langues naturalistes
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. .

3.4 Bilan .

.

.

.

.

.

.

II Expérience pratique

4 Présentation et objectifs

4.1 Motivation des prémisses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4.2 Première tentative .

.

.

5 Protocole expérimental

5.2.1
5.2.2 Lexicologie . .

5.1 Déroulement chronologique
5.2 Outils informatiques

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Phonétique et phonologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5.3 Organisation du lexique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . .
5.4 Contacts linguistiques et emprunts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5.5 Choix du cadre théorique pour la rédaction d’une grammaire . . . . . .

5.3.1 Lexique de travail
5.3.2

Présentation du dictionnaire final

6 Déroulement de l’expérience

6.1 Création du stade t=0 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
6.2 Création du lexique . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
6.3 Liste et explication des changements phonétiques . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
6.3.1 Orthographe de travail
6.3.2
Système phonologique de base . . . . . . . . . . . . . . . . . .
6.3.3 Changements phonétiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
6.3.4

Système phonologique final

211

47
47
48
48
49
50
51
51
52
53
53
53
54
54

56

57
57
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60
60
61
61
62
64
64
66
66
67

69
69
71
71
72
72
74
80

TABLE DES MATIÈRES

6.4.1 Exemplification des changements sémantiques

6.3.5 Accentuation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
6.3.6 Changements irréguliers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
6.4 Évolution du vocabulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . .
6.5 Évolution de la grammaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
6.5.1 Évolution du système nominal . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
6.5.2 Évolution du système verbal
6.6 Création d’une orthographe intra-diégétique . . . . . . . . . . . . . . .
6.6.1 Tradition latine cléricale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
6.6.2 Tradition germanique médiévale . . . . . . . . . . . . . . . . .
6.6.3 Tradition française . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
6.6.4 Orthographes contemporaines . . . . . . . . . . . . . . . . . .

7 La construction vue de l’extérieur

7.1 Rythme de travail
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
7.2 Remplissage des objectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
7.2.1 Objectifs quantitatifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

.

.

.

212

81
81
82
82
85
85
87
90
90
91
91
92

93
93
94
94

A Le tüchte

.

.

.

.

A.3 Orthographe .

A.1 Introduction .

100
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
A.1.1 Histoire de la langue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
A.1.2 Locuteurs et littérature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
A.1.3 Raisons et portée de cette étude . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
.
.
A.3.1 Transcription scientifique
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
A.3.2 Orthographe d’usage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
A.4 Phonétique et phonologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
A.4.1 Consonnes
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
A.4.2 Voyelles . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
.
.
A.4.3 Prosodie
A.4.4 Morphophonologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
A.5.1 Variations du radical
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
.
A.5.2 Pluriel . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
A.5.3 Ezzafe . .
.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
A.5.4 Noms composés
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
.
A.5.5 Adjectifs
A.5.6 Noms possédés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
.
A.6.1 Pronoms personnels
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
A.6.2 Pronoms démonstratifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115

A.6 Pronoms . .

A.5 Noms

. .
.
.

. .

.
.

.
.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

TABLE DES MATIÈRES

213

.

.

.

.

.

.

.
.

. .

. .

.
.
.
.
.
.
.
.
.

A.9 Adverbes

A.8 Verbes . .

A.7 Déterminants

A.6.3 Pronoms indéfinis
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
A.6.4 Pronoms négatifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
A.6.5 Pronoms interrogatifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
.
A.7.1 Articles . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
A.7.2 Démonstratifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
A.7.3 Quantitatifs . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
A.7.4 Interrogatifs . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
.
A.7.5 Numéraux .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
A.8.1 Copule . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
A.8.2 Présent
. .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
.
.
A.8.3 Passé . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
.
A.8.4 Subjonctif .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
.
A.8.5 Impératif
.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
.
A.8.6 Participes .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
.
.
A.9.1 Adverbes primitifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
A.9.2 Adverbes dérivés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
A.10 Prépositions .
A.11 Interjections .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
A.12 Syntaxe du groupe nominal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
A.12.1 Articles . .
A.12.2 Complément du nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
A.12.3 Adjectifs
A.13 Syntaxe du groupe verbal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
A.13.1 Copule . .
A.13.2 Verbes modaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
A.13.3 Particules préverbales
A.14 Syntaxe de la phrase simple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
A.14.1 Ordre des mots . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
A.14.2 Négation .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
A.14.3 Interrogation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
A.14.4 Commande et prohibition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
A.14.5 Usages du présent
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
A.14.6 Usage du passé proche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
A.14.7 Usages du passé lointain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
A.14.8 Usage des aspects . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
A.14.9 Expression de la voix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
A.15 Syntaxe de la phrase complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142

.
.

.
.

.
.

.

.

.

.

.

.

.

TABLE DES MATIÈRES

214

.

.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142
A.15.1 Relatives
.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
A.15.2 Complétives
A.15.3 Circonstancielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
A.15.4 Concessives . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
.
A.17.1 Création de noms et adjectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
A.17.2 Création de verbes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146

.
.

.
.

A.16 Coordination . .
.
A.17 Dérivation .

. .

B Textes

148
B.1 Kə durme Babel « La tour de Babel » . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
B.1.1 La version tüchte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
B.1.2 Traduction et commentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
B.2 Üf oyayač zalpeyetə « Une conversation entre amis » . . . . . . . . . . 150
B.2.1 La version tüchte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
B.2.2 Traduction et commentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150

C Dictionnaire tüchte-français

D Carnet de bord des idées

E Les changements phonétiques dans le SCA2

F Exemplification des langues construites

Bibliographie

Table des matières

152

175

185

191

203

210Les langues construites Délimitation, historique et image
Les langues construites Délimitation, historique et image

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***2017-09-26
Composés nominaux verbe-nom après t=21
***2017-10-11
t=32 est Teoktu Ancien et t=52 est Teoktu Moyen
***2017-10-16
Pronoms indéfinis.
Modifications du pluriel active que pour les a-a-a.
Lénition de /d/ en /r/, finalement.
***2017-10-17
Les préfixes de modes disparaissent quasiment tous en Archaïque, sauf dans des expres-
sions fixées.
Certains préfixes de modes servaient aussi dans la dérivation : volitif, capacitif, néces-
sitatif, obligatif.
Les thèmes en <-nV> remettent les /n/ par analogie avec les formes déterminées, mais
les
qui s’étaient allongés le reste.
Changer les références dans les étymologies.
***2017-10-18
À t=15 les voyelles de pluriel en radical polysyllabique sont toutes réduites (analogie).
Dimension temporelle en t=15 :
« je bois »
« je bus » « je bois habituellement »
« je buvais » « je bois, là ! (miratif) »
Les conjugaisons en <-yull> n’ont jamais existé
***2017-10-19
Conservation de l’aspect en t=15, ajout de nouvelles désinences :
« je bois » « je suis parti pour boire »
« je bus, j’ai bu » « je bois habituellement »
« j’ai commencé à boire » « je suis en train de boire »
Date de fin : t=67 (1960) (la langue n’est presque plus transmise)
***2017-10-20
L’ezzafe a, au nominatif, une voyelle de liaison devant mot à in. consonne
***2017-10-21
Pas de réfection de par analogie dans les noms : /n/> est arrivé avant l’ezzafé
Changements phonétiques plus ou moins terminés.
Quand rajouter l’orthographe moderne ?
« joindre » > « marier »
***2017-10-23
Nouveaux aspects à partir d‘autres racines verbales (cf turc)
« aller » devenu très irrégulier
Le futur, en raison de la ressemblance du préfixe avec la conj sub, est utilisé comme